Le rôle du collectif des avocats du FLN a été aussi « déterminant » durant la guerre de libération nationale

Le rôle du collectif des avocats du FLN a été aussi « déterminant » durant la guerre de libération nationale
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Le rôle du collectif des avocats du Front de libération nationale (FLN) a été aussi « déterminant » pour la guerre de libération nationale, a affirmé samedi à Alger l’universitaire et l’historienne, Malika El-Korso. L’universitaire, qui intervenait à l’ouverture d’un colloque international, organisé par l’association « Les Amis de Abdelhamid Benzine », intitulé « Des robes noires au Front : entre engagement et art judiciaire », a tenté de restituer

le rôle du collectif des avocats de FLN durant la guerre de libération nationale, affirmant que « l’action de ces hommes du verbe a été tout aussi déterminant pour l’Algérie libre, que les embuscades que tendaient les djounoud de l’ALN ».

Pour Malika El-Korso, « ce rôle est aussi déterminant que les manifestations populaires de décembre 1960 à Alger et d’octobre 1961 à Paris ».

C’est ainsi qu’elle a indiqué que « les robes noires, converties en véritables agents de liaison du FLN et du Gouvernement provisoire de la Révolution algérienne, deviennent alors des cibles faciles pour les services secrets français, la Main rouge et l’OAS ».

Dans son exposé sur l’action des avocats du FLN, elle a mis en relief la stratégie adoptée par le collectif des robes noires en Algérie et en France, qui a ouvert, a-t-elle dit, un « nouveau front » en transformant les tribunaux en « espaces pour juger la colonisation ».

« Les prétoires deviennent alors un tribunal dans le tribunal et les avocats se transforment, le temps d’un procès, en juges de l’ordre colonial », a-t-elle expliqué.

Me Albert Smadja, membre du collectif des avocats du FLN, a souligné, dans son témoignage, que « la défense des détenus algériens a commencé bien avant le déclenchement de la guerre de libération nationale, surtout avec la défense des militants de l’Organisation secrète »(OS).

Le fait nouveau introduit par le déclenchement de la Révolution du 1er novembre 1954, réside, selon lui, « dans le nombre important des détenus » qui exigeait, a-t-il dit, la formation de ce collectif pour des « besoins pratiques de répartition des charges entre les avocats ».

Cet avocat, arrêté quelques jours après l’exécution de Fernand Iveton, le 11 février 1957, et interné à Lodi, a évoqué les conditions ayant amené à l’exécution d’Iveton à qui le président Coty avait refusé la grâce.

Me Ammar Bentoumi, membre actif du collectif des avocats du FLN, est revenu sur les conditions historiques ayant entouré la création de ce collectif. Pour lui, sa création est à « mettre à l’actif d’une dizaine d’avocats, alors que le barreau d’Alger comptait 635 avocats ».

C’est dans ce cadre qu’il a cité les noms de quelques avocats ayant intégré le premier collectif d’Alger, à l’instar de El Ghouthi Benmalha, Albert

Smadja, Arezki Bouzidi, Zertal, et d’autres. Me Bentoumi a insisté sur le fait que la stratégie de défense que devait adopter le collectif des avocats du FLN, a été arrêtée par le Comité de coordination et d’exécution du FLN (CCE) dans une note transmise aux membres du collectif, en décembre 1956, par Abbane Ramdane.

Dans sa stratégie, a-t-il expliqué, Abbane Ramdane avait une approche de « rupture » avec le système judiciaire français, dans la mesure, a-t-il précisé,

où le détenu algérien devait refuser d’être jugé selon les lois françaises, en « mettant en avant sa qualité de combattant de l’ALN ».

« Cette note comportait des règles générales que l’avocat et le détenu devaient suivre, à savoir refuser la compétence des tribunaux français et faire valoir la qualité de prisonnier de guerre », a-t-il encore expliqué.

C’est dans ce cadre que Me Bentoumi a cité le témoignage de Me Jacques Verges qui avait indiqué que cette stratégie de « rupture » dans la défense des détenus algériens était arrêtée par le défunt Abbane, avec cette différence, a-t-il souligné, que Me Verges dans sa défense de Djamila Bouhired avait provoqué des incidents au cours du procès que la presse était appelée à mettre en valeur.

Me El Ghouthi Benmalha, membre du premier collectif des avocats du FLN d’Alger a mis en relief, de son côté, le rôle des avocats dans la défense des détenus, ainsi que « le rôle d’agent de liaison entre le FLN et le détenu ».

Il a cité, à ce sujet, la déclaration de Robert Lacoste quand il avait dit « les avocats des détenus du FLN sont, en fait, des agents de liaison du

FLN en robes noires ».

L’ancien membre du comité fédéral de la Fédération FLN de France, Me Ali Haroun, a expliqué, pour sa part, la création du collectif des avocats FLN en France, dans le sillage de l’ouverture de ce qui est appelé « le deuxième front » ayant vu l’arrestation, selon un décompte du FLN, de 26.644 militants et combattants algériens.

Me Ali Haroun, qui intervenait en tant que témoin oculaire et membre de cette structure particulière de la Fédération FLN de France, a indiqué que

« l’algérianisation des postes de responsabilité au sein du collectif des avocats du FLN était décidé par le CCE ».

Selon lui, le FLN ne disposait que de quatre avocats d’origine musulmane, à savoir Abdessamed Ben Abdellah, Mourad Oussedik, Boulbina et Bendimerad.

C’est à partir de mars 1958 que le FLN avait pris la décision de structurer ce collectif selon les régions françaises et les détenus dans les prisons, a-t-il

expliqué.

Cette organisation des détenus, a-t-il dit, a permis ensuite de déclencher, dès le début du mois de janvier 1961, à partir de la prison de Fresnes, une

grève de la faim pour l’obtention du statut de prisonnier de guerre.

Pour Me Haroun, « la grève de la faim a commencé à Fresnes pour retentir à Manhattan +Onu+ où la thèse algérienne sur les détenus politiques fut débattue et adoptée à la majorité, face à 7 voix contre et l’abstention des Etats-Unis qui, pour la première fois, cessèrent d’appuyer les positions françaises sur l’Algérie ».