Le roi du Maroc veut normaliser ses relations avec l’Algérie: Ce que propose Mohammed VI

Le roi du Maroc veut normaliser ses relations avec l’Algérie: Ce que propose Mohammed VI

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Le souverain marocain préconise la création d’un mécanisme politique conjoint de dialogue et de concertation dont le niveau de représentation est à convenir d’un commun accord.

Le roi du Maroc souhaite des relations plus apaisées avec l’Algérie. A-t-il l’intention d’enterrer définitivement la hache de guerre? La question se pose avec acuité. Elle est inévitable. Et pour cause. Les campagnes médiatiques et les attaques verbales contre l’Algérie étaient devenues une constante pour le pouvoir marocain. Certains de ses responsables de partis politiques de premier plan se sont même aventurés jusqu’à revendiquer des territoires algériens. Le secrétaire général de l’Istiqlal, Hamid Chabat, avait affiché publiquement ses désirs d’annexion de Tindouf, Béchar et Kénadsa sans que cela fasse réagir le palais.

Un silence qui s’apparentait à une complicité à une bénédiction. Souvenons-nous de l’affaire de l’emblème national du consulat d’Algérie à Casablanca profané par un membre des

«jeunesses royales» le jour où le pays célébrait le 59e anniversaire du déclenchement de sa révolution. A aucun moment le pouvoir marocain n’a manifesté le moindre regret pour cet acte abject. «Notre conflit aujourd’hui n’est pas avec le Polisario, mais avec l’Algérie» avait déclaré le 14 juillet 2014 son ancien ministre des Affaires étrangères Salaheddine Menouar… La liste des griefs est longue. Ne remuons pas pour autant le couteau dans la plaie. Le roi du Maroc souhaite tourner la page. Ne lui gâchons pas pour autant ce voeu, qui, nous l’espérons, ne sera pas pieux. Le discours qu’il a prononcé à l’occasion de la célébration du 43e anniversaire de l’annexion du Sahara occidental lui a offert cette opportunité. Que propose-t-il pour ouvrir la voie à une nouvelle ère aux relations entre nos deux pays? «Je propose à nos frères en Algérie la création d’un mécanisme politique conjoint de dialogue et de concertation. Le niveau de représentation au sein de cette structure, son format, sa nature sont à convenir d’un commun accord», a-t-il indiqué tout en précisant que le royaume restait à l’écoute de potentielles réactions algériennes. «Le Maroc est ouvert à d’éventuelles propositions et initiatives émanant de l’Algérie pour désamorcer le blocage dans lequel se trouvent les relations entre les deux pays voisins frères», a affirmé le souverain marocain. Est-ce annonciateur d’une nouvelle ère de coopération? Objectivement, le Maroc a, sans coup férir, tout intérêt à marquer une halte définitive, dans les relations tumultueuses qu’il a entretenues avec l’Algérie.

L’histoire de la guerre d’Indépendance algérienne. Le rôle du Royaume chérifien sous le règne de Mohammed V et son précieux soutien au Mouvement de libération nationale peuvent constituer les fondements de cette coopération tous azimuts qu’appelle de ses voeux Mohammed VI. Elle inclut les défis régionaux et internationaux, la lutte antiterroriste, la problématique migratoire… Mohammed VI s’engage avec une volonté, peut-être, encore jamais affichée auparavant à écrire dans le respect une nouvelle page de notre histoire commune sans avoir abordé l’épineuse question de la fermeture des frontières entre les deux pays. Elle est intervenue suite à la chasse à l’Algérien, qui est intervenue après que le gouvernement marocain eut accusé les services algériens d’être derrière l’attentat qui a ciblé l’hôtel Asni à Marrakech en 1994.

Son ouverture «n’était pas à l’ordre du jour» a déclaré fin février 2017 l’actuel chef de la diplomatie algérienne, Abdelkader Messahel. Quant à la question du Sahara occidental, pour l’Algérie elle reste avant tout une question de «décolonisation» qui doit être traitée dans le cadre de la mission de l’envoyé spécial de l’ONU dont elle soutient les efforts. L’héritier de Hassan II n’est pas entré dans le détail à propos de ces deux questions. Il tend la main aux Algériens.

«Mus par l’affection et l’estime que nous portons à l’Algérie, à sa direction et à son peuple, nous ne ménagerons aucun effort, au Maroc, pour asseoir nos relations bilatérales sur de solides bases de confiance» a assuré le souverain chérifien.

Les prochaines négociations entre le Maroc et le Front Polisario qui se tiendront à Genève les 5 et 6 décembre prochains, auxquelles l’Algérie participera en qualité de «pays voisin» serviront incontestablement de test. Elle jaugera des véritables intentions du roi. De cette nouvelle ère de coopération qu’il compte aborder avec l’Algérie.