le RND opposé au retour dans le jeu politique d’islamistes ayant participé au terrorisme

le RND opposé au retour dans le jeu politique d’islamistes ayant participé au terrorisme

Le parti du Premier ministre algérien, le Rassemblement national démocratique (RND) qui fait partie actuellement de la coalition qui dirige le pays, s’est dit opposé au retour, dans le jeu politique, des personnalités islamistes ayant participé aux actes de terrorisme, en prévision de la nouvelle loi sur les partis politiques.

« A propos de la révision de la loi sur les partis politiques, le RND propose d’insérer une disposition interdisant la création d’un parti politique par des personnes ayant participé à des actions terroristes ou qui refusent de reconnaître leur responsabilité dans la conception et la mise en oeuvre d’un pseudo djihad contre la nation et les institutions de la République », a déclaré jeudi Ahmed Ouyahia, Premier ministre et chef du RND, au terme de la rencontre qu’il a eue avec la commission de consultations politiques.

Cette commission mise en place il y a quinze jours, conduite par Abdelkader Ben Salah, le président du Sénat, est chargée par le président Abdelaziz Bouteflika de consulter les partis politiques légaux, les personnalités politiques nationales et les représentants de la société civile en vue de la prochaine révision constitutionnelle et de la révision, également, de la loi sur les partis politiques.

La proposition du RND se lit d’abord comme une réponse de ce parti à une autre proposition faite lundi par Cheikh Hachemi Sahnouni, membre fondateur du FIS (parti islamiste dissout en mars 1992 par la justice) qui demandait dans une lettre au président Bouteflika de décréter « une réconciliation historique », synonyme d’amnistie générale, à l’occasion des consultations politiques actuellement en cours.

La proposition du RND, qui compte parmi ses militants des personnes qui avaient pris les armes contre le terrorisme durant les années 1990, découle également de sa ligne politique rejetant tout compromis avec les islamistes auteurs d’actes terroristes contre l’Algérie.

En dehors de cette proposition phare, le patron du RND a exprimé également la préférence de son parti pour « un régime présidentiel fort » avec un président de la République « disposant de pouvoirs effectifs que lui confère actuellement la Constitution, et qui soit l’arbitre du bon fonctionnement des institutions ».

Le Premier ministre, parlant au nom de son parti, s’est aligné sur la majorité des avis exprimés jusque-là par les personnalités consultés au sujet du mandat présidentiel, en se disant d’ »accord » pour un mandat présidentiel de cinq ans renouvelable une seule fois.

Ce point de vue est pour le moins paradoxal, car en 2008, le RND faisait partie des formations politiques qui avaient soutenu la révision constitutionnelle, à travers laquelle le président Bouteflika avait abrogé l’article limitant les mandats pour pouvoir briguer un troisième mandat qui s’achèvera en 2014.

Le processus de consultations politiques en cours depuis une quinzaine de jours, en application des promesses faite le 15 février par le président Bouteflika d’engager des « réformes politiques profondes », comme étape ultime de sa politique de « réconciliation nationale », divise cependant les acteurs politiques.

Les partis de la coalition et d’autres petits partis, sans réel ancrage dans la société, ont accepté de prendre part à ces consultations, alors que des formations de l’opposition comme le FFS, le RCD, le CCDR, des anciens chefs de gouvernement comme Ahmed Ben Bitour, Mokdad Sifi, qui réclamaient pourtant depuis des années ces réformes, avaient choisi la politique de la chaise vide, estimant que ces consultations n’étaient qu’une « énième manoeuvre » du pouvoir en place « pour jouer les prolongations ».

Les consultations politiques en cours se déroulent également sur fond de tension sociale en Algérie où grèves et protestations agitaient depuis le mois de janvier les secteurs de l’enseignement, la fonction publique, la santé, les employés des collectivités territoriales.

Face à l’embrasement sans précédent du front social et de peur de l’effet de contagion des révolutions arabes, le gouvernement algérien a « acheté la paix sociale », selon l’expression du Premier ministre, en accordant des augmentations de salaires dans les secteurs frondeurs et en soutenant les prix des produits comme le sucre, l’huile la semoule et le lait. AP