Le réseau NADA tire la sonnette d’alarme : Enfance : une célébration et… beaucoup de laxisme

Le réseau NADA tire la sonnette d’alarme : Enfance : une célébration et… beaucoup de laxisme

En novembre 2013, Aghiles Hadjou, un enfant de 8 ans, est séquestré, violé, puis assassiné à Tébessa. Plus de 200 autres cas de kidnapping ont été répertoriés en 2013.

L’Algérie ne manque pas de marquer la Journée internationale de l’enfance, qui correspond au 1er juin de chaque année, à travers de nombreuses manifestations initiées sur tout le territoire national. Cette ambiance festive reste, cependant, entachée par un constat peu reluisant inhérent à la situation des enfants en Algérie comme le souligne avec force le réseau Nada (Réseau algérien pour la défense des droits de l’enfant).

En Novembre 2013, Aghiles Hadjou, un enfant de 8 ans, est séquestré, violé, puis assassiné dans la localité d’El-Kouif, dans la wilaya de Tébessa. Ils sont d’ailleurs pas moins de 200 cas de kidnapping répertoriés en 2013 impliquant tout le drame d’une société en dérive et un État qui n’en a cure ou du moins agit avec un grand laxisme.

Certes, le code pénal a été amendé en janvier dernier par le Parlement pour y introduire un durcissement notamment à l’égard des kidnappeurs, mais cela est loin de constituer le changement qui s’impose pour protéger véritablement cette catégorie de la population de grande vulnérabilité.

À travers le programme “Je t’écoute”, initié par Nada qui a mis en place le numéro vert 30 33 en guise de mécanisme d’alerte et de suivi de la situation de l’enfant en Algérie, le constat établi révèle que sur 16 115 appels enregistrés en l’espace d’une année, il n’y a pas moins de 4 787 cas de maltraitance et d’exploitation économique. On fait état, également, de 2 465 cas de victimes de conflits familiaux (divorce, garde de l’enfant, pension alimentaire, kafala, etc.), de 913 cas d’agressions sexuelles (attouchements sur mineurs, viols, inceste), de 183 cas d’enfants en danger moral, de 1 193 cas d’enfants victimes de violence en milieu scolaire et de 645 cas d’enfants impliqués dans la prostitution.

“Ces chiffres enregistrés ayant atteint des proportions alarmantes témoignent d’un malaise profond existant au sein de la société faisant de l’enfant une proie facile, manipulable et exploitable à souhait”, soutient Abderrahmane Arar, président du réseau Nada, qui n’a de cesse de mener une lutte acharnée pour une prise de conscience, aussi bien de la société que des pouvoirs publics, et de mener un programme d’aide et d’accompagnement.

Promulgation d’un code de protection de l’enfant : un projet qui tarde à voir le jour Moult interrogations nous viennent à l’esprit au regard des périls qui guettent les enfants algériens sans que les pouvoirs publics prennent des dispositions claires et efficientes. L’on notera en premier lieu l’absence d’un code de protection de l’enfant qui s’impose de lui-même à la lumière des situations inédites subies, actuellement, par l’enfant algérien.

Les responsables du réseau Nada signalent, par ailleurs, l’interdiction de la mendicité avec les enfants et leur vente qui n’est toujours pas appliquée, alors que c’est dit clairement dans les nouvelles dispositions introduites dans le code pénal. C’est aussi le cas pour la politique de prévention contre la délinquance et la criminalité juvénile. En matière de santé, il est fait mention de l’annulation pure et simple du projet d’un hôpital pédiatrique à Baba Hassen qualifié par Nada “de véritable sanction à l’égard des enfants”.

Dans le même sillage, Nada aborde l’épineux problème de l’âge minimum de responsabilité pénale de l’enfant fixé à 10 ans depuis février dernier. Les responsables du réseau avertissent contre les conséquences de la mise en garde à vue des enfants de mineurs de moins de 16 ans et prônent son interdiction.

Nada, qui regroupe de nombreuses associations, s’interroge aussi sur les raisons qui poussent l’État à être présent uniquement pour les enfants abandonnés au détriment des autres catégories et propose un certain nombre d’ajustements à retenir absolument. Ce serait là le seul et véritable moyen de donner un sens à la célébration qui, aujourd’hui, est dénuée de toute logique hormis celle de se voiler la face…

N. S.