Alors que la crise, reconnue pour une fois par Belkhadem mais à demi-mot, s’exacerbe à l’aune de l’opération de renouvellement des structures du parti, le FLN, réunit aujourd’hui à Sidi Fredj les cadres du parti chargés de l’installation des bureaux des kasmas et les mouhafedhs, pour faire le bilan de cette opération
qui a déclenché les hostilités entre la direction actuelle et les animateurs du néo-mouvement de redressement, en attendant la convocation, les 23 et 24 décembre, du comité central. Une réunion de la commission de vigilance, instance du parti chargée de faire des études et des évaluations de la situation au sein du parti, s’est tenue hier soir, nous a confié le chargé de la communication du FLN, Kassa Aïssi.
La rencontre d’aujourd’hui s’inscrit dans ce sillage et l’opération de renouvellement des structures du parti sera passée au peigne fin aujourd’hui par les 54 mouhafedhs qui y prendront part aux côtés des 295 membres du comité central chargés de l’opération. Sur 1594 kasmas, 1502 ont été renouvelées non sans heurs et… malheurs. A Annaba, Oran, Tissemsilt, Alger ou ailleurs, c’est la bataille rangée pour des questions de «replacement», en perspective des échéances électorales de 2012.
Si la direction actuelle, à sa tête Abdelaziz Belkhadem, justifie les dépassements par la «bonne santé» du FLN, les redresseurs parlent d’une crise sans précédent, de dérives morales qui nuisent à l’image du plus vieux parti. Ils en veulent pour preuve la démarcation de plusieurs personnalités, kasmas et mouhafadhas de la ligne de conduite «imposée» par Belkhadem, accusé d’offrir le parti sur un plateau d’argent aux affairistes de tous bords.
En attendant le conseil de discipline…
Le coordinateur du mouvement de redressement, Mohamed Seghir Kara, dans une déclaration qu’il nous a faite, l’accuse de n’avoir jamais respecté les statuts et le règlement du parti, d’exclure les vrais militants et de recruter «dans la rue». Il lui demande tout bonnement de partir.
«Le climat général, les altercations enregistrées ainsi que les recours seront étudiés au cours de la réunion», nous confiera M. Aïssi, qui reconnaît que ce qu’il appelle des dysfonctionnements existent et existeront toujours, surtout au FLN.
Pour lui, les choses délicates sont passées, et si aujourd’hui, il reste toujours quelque 90 kasmas non renouvelées, c’est plutôt dû à la complexité de l’opération.
Il citera aussi pour justifier ces dysfonctionnements le système complexe des «tribus» qui n’admettent pas d’autres systèmes que le leur, ou encore l’imbrication ou «l’osmose» entre le FLN et les appareils de l’Etat. Interrogé sur le mouvement de redressement
et les multiples soutiens dont il bénéficie, notre interlocuteur prévoit tout simplement sa… disparition. «Si j’avais l’intime conviction qu’il est sincère, je serai le premier à y adhérer», dit-il, non sans rappeler à propos du passage en conseil de discipline de Kara et Khaldi que les membres du conseil sont souverains.
«Le conseil siège mais la procédure est lente», s’est-il contenté de nous dire, avant de préciser que le comité central va se réunir les 23 et 24 décembre. La décision du conseil de discipline sera-t-elle rendue lors de la tenue de la prochaine session du comité central ? Tout porte à le croire.
Par Saïd Mekla