Aussi bien au Conseil de la nation qu’à l’Assemblée nationale, ni le Premier ministre ni les membres de son équipe n’ont cherché à mettre fin à la rumeur en disant clairement que l’actuel gouvernement n’est pas destiné à partir dans un avenir très proche. Ce qui laisse entendre que les bruits de la rue ne sont peut-être pas infondés.
Si le Parlement ne capte plus vraiment l’intérêt depuis assez longtemps, il a drainé, hier à la séance de la clôture de la session d’automne, de très nombreux journalistes, venus arracher une déclaration au Premier ministre Ahmed Ouyahia, ou à l’un des membres de son gouvernement. La moisson a été plutôt maigre.
Ahmed Ouyahia, contrairement à sa propension à saisir lui aussi l’occasion de son passage par les deux Chambres du Parlement pour s’exprimer sur l’actualité du moment, n’a concédé qu’une phrase laconique à l’adresse du journaliste qui lui a parlé de la persistance des bruits de la rue sur un imminent remaniement ministériel. “Il faut faire la différence entre les lentilles et les haricots”, a-t-il lâché au Conseil de la nation. À l’Assemblée nationale, sa garde rapprochée a tout simplement empêché les journalistes de l’aborder. Son silence a donné de la consistance à la rumeur jusqu’à la faire profiler dans les contours d’une information quasiment confirmée.
D’autant que la plupart des ministres, rencontrés dans le hall du palais Zighout-Youcef, ne semblaient guère édifiés sur leur sort dans l’Exécutif. Chacun donnait l’impression de ne pas se projeter au-delà de l’activité publique, programmée à très court terme. Ainsi, un membre de l’équipe d’Ahmed Ouyahia a évoqué le Conseil des ministres de ce jeudi pour assurer qu’aucun changement n’est à l’ordre du jour, du moins avant le week-end. Un autre éloigne davantage l’échéance en rappelant la tenue de la conférence nationale sur la politique de santé, du 3 au 5 février courant au Palais des nations du Club-des-Pins. D’autres ont affirmé qu’ils ne détiennent aucune information sur le propos. Seul le vice-Premier ministre, Yazid Noureddine Zerhouni, a donné une réponse, à un journaliste, qui sous-entend qu’il est dans le secret des dieux ou du moins qu’il sait de quoi son lendemain sera fait. Il a en effet lancé “place aux jeunes”, quand on lui a demandé s’il est pressenti au poste de Premier ministre.
Derrière le silence et les non-dits, une certitude apparaît : ni le Premier ministre ni les membres ne son équipe n’ont cherché à mettre fin à la rumeur en disant clairement que l’actuel gouvernement n’est pas destiné à partir dans un avenir très proche. Ce qui laisse entendre que le gouvernement est réellement dans l’expectative. Son sort est tributaire des développements que connaîtra la scène politique et le front social dans les prochains jours.
Il n’en demeure pas moins que les autorités nationales sacrifieront aisément un gouvernement pour ne pas être confrontées à une contestation populaire de l’ampleur de celle qui s’exprime en Tunisie et en Égypte. Pour l’heure, c’est à la raison des citoyens que de nombreuses hautes personnalités de l’État font appel. Hier, dans son discours de clôture de la session parlementaire d’automne, le président de l’APN, Abdelaziz Ziari, a insisté sur “l’importance du dialogue et de son impact positif sur le rapprochement des points de vue dans le traitement des questions posées, (qui) nous incite à l’adopter en tant que démarche à suivre en toutes circonstances”. Il a affirmé que les “députés ont toujours appelé au dialogue, à la concertation permanente et la coordination effective et élargie avec toutes les instances et les parties concernées par la prise de décision”. Il a soutenu aussi que l’Assemblée nationale considérera comme une priorité la prise en charge des préoccupations de la jeunesse algérienne. “L’APN appuiera toutes les lois et les programmes qui profiteront directement aux jeunes, qui constituent la majorité de ce peuple, et apportera son soutien aux mesures que prendront les entreprises publiques et privées pour les intégrer dans le monde du travail…”. M. Ziari a incité ces jeunes “à faire preuve de prise de conscience et de prudence pour préserver les acquis de la nation”.