Le relogement du bidonville de doudou mokhtar tourne au drame, Des familles à la rue

Le relogement du bidonville de doudou mokhtar tourne au drame, Des familles à la rue
le-relogement-du-bidonville-de-doudou-mokhtar-tourne-au-drame-des-familles-a-la-rue.jpg

Ni logement, ni baraque, seul un ciel grisâtre leur reste comme toit. Une dizaine de familles dorment à la «mauvaise étoile» après que leur espoir de se caser dans un appartement a été étrangement étouffé.

Hier matin, au quartier de Doudou Mokhtar situé dans la commune de Hydra à Alger, le bidonville qui s’est implanté depuis des années est en grande partie rasé par les bulldozers. Il ne reste que peu de baraques en état soi-disant habitables.

Mais le plus important, ce n’est plus ce terrain vague qui a retrouvé sa virginité après la démolition de ce bidonville. Ce qui nous a fortement interpellé, c’est ces familles qui se sont retrouvées sans logement et sans baraque après que l’opération du relogement des habitants de ce site ait été achevée. C’est la désillusion totale.

Certaines de ces familles ont vu leur bonheur changer de camp et aller égayer les jours de familles étrangères au site. Elles étaient parmi les familles les plus anciennes qui ont installé leurs baraques sur ce site, recensées en 2007, munies de quitus de relogement, mais en fin de compte, des familles n’ont pas été relogées.

LG Algérie

Alors que d’autres ont trouvé que les appartements de Tessala El Merdja sont tellement étroits que les F2 n’ont pas pu contenir tous les membres de la famille. N’ayant aucun autre choix, ces familles ont décidé de regagner le site.

Elles occupent leurs habitations en ruine à ciel ouvert. Sur place, nous avons trouvé des femmes, des hommes âgés, des jeunes filles et des enfants désespérés, choqués de voir leurs vies basculer du mauvais au pire. Leurs «affaires» sont jusqu’à présent entassées dans des camions, alors que, eux n’ont trouvé que les restes de leurs anciens taudis. Nous avons également trouvé des jeunes en ébullition.

Accablés par l’exclusion et les inégalités, ils ne jurent que par le recours à l’affrontement. Installés devant les ruines de leurs baraques dénuées de toutes commodités de vie après le passage du bulldozer, ces familles ne savent guère à qui se plaindre.Toutes les portes de secours et voies de recours leur sont interdites, hormis celles s’ouvrant sur la rue, en d’autres la protestation et la manifestation.

Le tableau était profusément morose. Les eaux usées jaillissent de partout. Les débris de parpaing, de plaques métalliques et des ustensiles de cuisine endommagés sont enchevêtrés au désarroi et à la déception de ces gens. Ces familles qui n’ont pas eu leur dose de bonheur durant cette opération, à l’instar de leurs voisins, tentent vaille que vaille de trouver une éventuelle sortie de crise.

Quitus de relogement entre les mains, ils ne cessent de clamer leur droit d’être parmi les bénéficiaires. Ils disent que par malheur les recours adressés aux services concernés n’aboutissent pas dans les plus brefs délais sur une solution adéquate, il ne leur restent qu’un seul choix : émeutes et affrontements jusqu’à ce que justice soit rendue.

14 PERSONNES DANS UN F2

À la nouvelle cité de Tessala El Merdja, située à Birtouta, la déception était visible sur la plupart des visages que nous avons rencontrés.

Croyant que la vie dans les baraques de fortune , confrontée aux aléas de la nature, à l’insécurité et aux maladies n’est plus qu’un mauvais souvenir, un bon nombre de familles n’arrivent plus à se caser convenablement dans ces nouveaux appartements.

Le F2 a paradoxalement crispé les mines. Bénéficier d’un logement à deux pièces est apparemment loin de régler le problème. Plusieurs familles ont laissé leurs affaires dans les cages d’escalier ou carrément au seuil du bâtiment pour ne pas encombrer encore plus leurs nouvelles habitations . « Nous sommes une famille de quatorze personnes dont deux de mes enfants sont mariés.

Ils m’ont attribué un F2, alors que d’autres familles sont moins nombreuses mais elles ont bénéficié d’un F3. C’est injuste et incompréhensible», déplore une femme qui a tenu à nous faire visiter son appartement.

«Tellement l’espace est exigu, même les couloirs, la cuisine ou encore la salle de bains nous les avons transformés en pièces habitables. Dans ces conditions, nous préférons nos baraques où nous vivions chacun dans sa propres pièce», ajoute la même femme.

Plusieurs personnes rencontrées sur place disent qu’ils partagent leurs appartements (F2/F3) avec leurs grands-parents, leurs parents, frères mariés ainsi que leurs enfants, alors que ces logements ne peuvent convenir qu’à un couple. La déception ne peut être ainsi que grande. Alors, ces familles n’ont d’autre choix que de regagner le site ayant abrité leurs anciennes habitations.

Dans des conditions pareilles, ils étaient unanimes à dire qu’ils préfèrent le bidonville. En tout état de cause, l’opération de relogement des habitants du quartier Doudou Mokhtar de Hydra vers la nouvelle cité de Tessala El Merdja a copieusement brillé par une gestion catastrophique des dossiers.

Les appartements sont apparemment en déphasage par rapport au nombre des membres des familles concernées ou encore ceux qui sont prioritaires à en bénéficier d’un logement ont vu leur droit bafoué. Il s’agit visiblement d’une gestion qui pourrait renvoyer un bon nombre de familles à la clochardisation, à la rue.

Hamid Mohandi