l’International Crisis Group (ICG) a estimé vendredi que le régime algérien doit donner des signes de changement au mouvement de contestation et engager un dialogue pour éviter le recours à une répression susceptible d’entraîner le pays dans le chaos.
La démission le 2 avril du président Abdelaziz Bouteflika, après 20 ans au pouvoir et sous la pression d’un mouvement inédit de contestation, « a encouragé les Algériens à réaffirmer leur objectif de rupture avec le système » au pouvoir.
« Malgré des contre-mesures répressives, les protestataires n’ont montré aucun signe de faiblesse » et « les protestations ne cessent de s’amplifier », a souligné l’organisation dans une note.
Tout montre qu’ils « n’arrêteront pas de protester, même si la répression s’intensifie, tant que les autorités n’auront pas adressé des signaux clairs indiquant qu’elles sont prêtes à rompre avec le passé », a estimé ICG .
Parmi les « signaux » suggérés par l’organisation, le renvoi de préfets, la dissolution du Parlement et le report de l’élection présidentielle, fixée au 4 juillet.
Le régime devrait « surtout engager immédiatement un dialogue avec des dirigeants de la société civile acceptés par les manifestants » pour « parvenir à un accord sur les grandes lignes d’une transition politique qui permettrait de rétablir la confiance et de prévenir l’entrée dans un cycle de violence incontrôlée ».
Cependant, a tempéré ICG, « le manque de leadership identifiable » au sein de la contestation « ne permet pas de formuler clairement un ensemble de revendications qui seraient acceptées dans leur globalité ». « Excepté le désir palpable de rupture avec le passé », aucun consensus n’émerge.
Par ailleurs, pour ICG, l’actuel campagne anti-corruption est surtout un moyen pour les autorités d’essayer de « diviser » le mouvement de contestation, tout en « réglant des comptes internes ».
« L’Algérie de l’après-Bouteflika se trouve à une étape charnière », a écrit le centre de réflexion. Soit le régime engage des réformes en vue d’un changement de système, soit il « pourrait renouer avec ses tendances autocratiques et répressives ».
« En l’absence de signaux clairs indiquant que le régime est en train de démanteler son propre appareil, le dangereux cycle de protestations de masse entraînant des réponses répressives suscitant à leur tour des mobilisations plus importantes va probablement se poursuivre », a prévenu l’organisation.
Selon le centre, le seul moyen de rompre ce cycle est d’établir un « dialogue ouvert sur les conditions d’une transition », qui « prendrait en considération les préoccupations les plus immédiates des manifestants tout en garantissant au régime que des représailles ne le viseraient pas ».