Le redressement promis par Boultif peine à se concrétiser: Comment Air Algérie arnaque ses clients

Le redressement promis par Boultif peine à se concrétiser: Comment Air Algérie arnaque ses clients
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Des pratiques de triste mémoire continuent de nuire à la réputation d’une compagnie constamment sous les feux de la rampe. Deux exemples suffisent à montrer à quel point le bricolage et le passe-droit constituent les règles de gestion et de commercialité.

C’est le cas hier avec les centaines de compatriotes injustement soumis au paiement d’un surplus équivalent à la moitié du prix du billet, soit 16 600 DA, avant de pouvoir embarquer pour Paris. Avant-hier, des dizaines d’Algériens, le O.K. en poche, ont dû, la mort dans l’âme, reporter leur voyage



On croyait ses pratiques révolues à jamais. Surtout depuis l’installation du nouveau PDG, Mohamed Salah Boultif, à la tête de cette compagnie. Celui-ci a décidé, lors de sa première conférence de presse, de mettre un terme à ces pratiques. Or, rien n’a suivi. La compagnie est retombée dans ses travers et les passe-droits sont revenus en force dans cette entreprise.

Hier, des centaines de compatriotes ont été obligés de payer un surplus pour pouvoir embarquer à destination de la France. Le surplus appelé «pénalités» équivaut à la moitié du prix d’un billet, soit 16 600 DA. Avant-hier, des dizaines d’Algériens, le O.K. en poche, ont dû, la mort dans l’âme, reporter leur voyage.

La cause : les nantis qui continuent toujours de bénéficier de facilités au niveau de cette compagnie et les joueurs de football de l’équipe nationale qui ont été embarqués à la place de ceux qui avaient leur billet en poche. Maria M., une jeune étudiante émigrée qui devait embarquer hier dans le vol de 12 heures, l’a appris à ses dépens puisqu’elle a été empêchée de rejoindre son lieu de résidence à Paris où elle doit s’inscrire ces jours-ci pour continuer sa scolarité.

Cette jeune fille avait pourtant réservé bien à l’avance son billet de retour auprès de l’agence française Euro Méditerranée Tours le 13 avril dernier. Elle devait prendre le vol AH KNAP 36 de 12 h sur un avion Airbus A 330 en classe économique. Elle n’a pas pris ce vol parce que, tout simplement, elle n’a pas sur qui compter. Et parce que d’autres ont pris tout simplement sa place.

Ces pratiques qu’on pensait à jamais révolues avec l’arrivée de Boultif à Air Algérie sont devenues monnaie courante, au grand bonheur de certains employés qui ont élevé la rapine au rang de vertu. Comme chaque été, les émigrés reviennent en nombre. Contrairement aux années précédentes, de nombreuses familles installées à l’étranger, en France notamment, ont du mal à repartir, malgré la réservation en bonne et due forme de leur billet.

Un client qui avait auparavant acheté un billet de promotion ramadan a été obligé, par le préposé de l’agence Air Algérie, d’en acheter un second pour se rendre au chevet de son fils malade resté en France. «La pénalité ne s’applique pas pour vous. Ce billet n’est plus valable», lui dit-il froidement sans lui donner la moindre explication : «A l’avenir, je ne vais plus passer par Air Algérie, quitte à payer plus cher mon billet», dit-il complètement abattu.

La compagnie aurait pu faire un geste. Elle aurait pu par exemple faire payer au client la différence du prix du billet promotionné ainsi que la pénalité et l’embarquer sur le vol du jour. Non ! A Air Algérie on continue à faire différemment, en dehors des standards internationaux. Et bonjour la nouvelle politique de fidélisation du client chère au nouveau PDG. Place à une «navigation à vue», en l’absence d’une concurrence locale.

La dernière grève du personnel navigant et commercial d’Air Algérie a coûté déjà sa place à Bouabdellah. Elle a démontré les lacunes des responsables de l’entreprise en matière de communication et aussi de gestion. Un constat est tout de même à faire : le laisser-aller et l’anarchie continuent de dominer au sein de cette entreprise.

AIR ALGÉRIE PROCHAINEMENT DEVANT LA COMMISSION EUROPÉENNE

L’Association des usagers d’Air Algérie ne semble pas vouloir lâcher l’affaire de la grève d’Air Algérie. Son président, Omar Aït Mokhtar, qui s’affaire à compulser un gros dossier, promet de traîner la compagnie nationale devant le département des transports de la Commission européenne.

Dans le sillage de la grève de quatre jours du personnel naviguant commercial et les terribles désagréments causés aux clients, l’association a décidé d’alerter la Commission européenne pour condamner Air Algérie en raison de son traitement «dégradant» vis-à-vis de ses clients. Le président de cette association estime que pas moins de 1 000 dossiers complets ont été réceptionnés et 5 000 autres passagers naufragés ont contacté l’association.

Il s’attend même à voir le nombre de dossiers dépasser les prévisions, en ce sens que les passagers, victimes de la grève, sollicitent quotidiennement l’association. Cette dernière prétend pouvoir représenter les intérêts d’une bonne partie des 23 000 passagers, bloqués pendant 4 jours dans différents aéroports en juillet dernier.

Une équipe d’avocats devrait transmettre ce mois-ci les dossiers de plainte au département des transports de la Commission européenne. L’association donne également rendez-vous aux déçus d’Air Algérie le 17 septembre, avenue de l’Opéra, à Paris, pour un rassemblement devant l’agence de la compagne nationale.

Pour Omar Aït Mokhtar, les bons de réduction proposés par Air Algérie constituent une «insulte à l’égard des passagers». Il en veut pour preuve que pendant 4 jours «la compagnie a infligé aux Algériens la honte devant la terre entière».

Il faut rappeler qu’Air Algérie avait, dans un communiqué, décidé d’indemniser par des réductions «l’ensemble des clients en possession d’une réservation ferme sur un vol Air Algérie entre les 11 et 14 juillet 2011». Ainsi, sur un vol international au départ de l’étranger vers l’Algérie, le montant de la réduction est de 100 euros.

Pour un vol international au départ du territoire national, le bon de réduction est de 5 000 DA. Sur les vols intérieurs, le bon de réduction vers le nord du pays est de 1 500 DA et vers le Sud de 2 500 DA. Mais pour l’association des usagers d’Air Algérie, ces réparations matérielles sont peu de chose par rapport au préjudice causé. C’est dire que le pavillon national qui traverse une zone de turbulence depuis des mois n’est pas près d’en sortir.

Mahmoud Tadjer