Lorsque le malade et plus particulièrement celui qui fait face à une affection chronique, se retrouve dans une situation d’immenses inquiétudes, après avoir essayé tous les remèdes pharmaceutiques sans percevoir une quelconque amélioration au niveau de sa santé, il est poussé, dans un geste de relatif désarroi, à se tourner vers d’autres voies comme la médecine traditionnelle ou alternative. Cette médecine repose en majorité sur le soulagement par les plantes.
Quand on n’a plus la santé, on s’accroche au moindre petit espoir de guérir, notamment lorsque la médecine moderne échoue, et ce, même si au début on n’y croyait pas tellement. Aussi, des millions de personnes à travers le monde, croient aux secrets et vertus des plantes médicinales et aux dons miraculeux des guérisseurs.
À Oran, à l’instar d’autres régions du pays, ses guérisseurs au moyen de médecines parallèles ont plus que jamais la cote. Certains affirment guérir de nombreuses maladies, telles que le cancer, le sida, les infections, les kystes, les fibromes, le goitre, impuissance sexuelle, déséquilibre hormonal, stérilité, diabète, hypertension, etc., et ce, grâce aux plantes.
L’eucalyptus, verveine, thym, thé, betterave, menthe, acanthe, ail, caroubier, céleri, cerfeuil, cyprès, carotte, chèvrefeuille, chou, citron, etc.… ont des propriétés que l’on connait, mais malheureusement d’autres moins connus sont administrées par les guérisseurs qui eux-mêmes très souvent n’en savent rien quant à leurs effets.
Cependant si les vertus thérapeutiques de certaines plantes sont reconnues, il n’en demeure pas moins de d’autres pourraient avoir des conséquences graves pour l’organisme tout autant que tous ces pseudo guérisseurs, exorcistes, « raquis » et autres charlatans qui ont investi ce domaine et qui vous recommandent n’importe quoi.
Pour les herboristes que l’on retrouve en bon nombre du coté de M’dina J’dida, généralement exposant leurs « médicaments » et autres fioles par terre, ils viennent souvent des régions du Sud algérien et même de pays africains, limitrophes. Pour ces derniers, tout y passe puisque cela va du simple Eczéma à l’allergie alimentaire, rhumatismes, douleurs gastriques, hernies… car ils ont leur potion magique qu’ils cèdent à des prix défiant toute concurrence dont ils garantissent les résultats.
En dépit des soupçons qui pèsent sur l’origine, la qualité et les effets secondaires de ces produits, nombreux sont ceux qui en achètent régulièrement, croyant fermement à leur guérison. La faiblesse et la souffrance des malades sont devenues, ainsi, une source d’enrichissement pour toutes ces personnes sans aucun scrupule.
Pour B. Fatima, 23 ans, qui vit en ce moment un déséquilibre hormonal, bien qu’elle suive un traitement médical chez un gynécologue, elle espère quand même, accélérer le processus de guérison grâce à ces produits.
Car nous dira-t-elle, elle a tout essayé et la guérison tarde. « On me prescrit un médicament introuvable en Algérie, ainsi je suis obligé d’en commander de France. Mais, en attendant j’ai opté pour les plantes sur recommandation d’une parente qui avait eu le même problème de santé dont elle est aujourd’hui guérie grâce à la médecine traditionnelle », tiendra-t-elle à affirmer.
Cependant, il existe des patients qui rejettent l’idée de recourir à cette médecine pour seulement des raisons financières arguant le fait que les prix de certaines plantes sont trop chers. C’est le cas de H. Saïd 60 ans, diabétique et hypertendu, qui fera cette étonnante déclaration, « J’ai dépensé trop d’argent dans la médecine moderne sans que mon état de santé ne s’améliore. Aussi, les produits naturels que m’ont prescrits les herboristes sont à la fois sans danger et efficace, alors que la consommation de médicaments a des effets
Secondaires, sans résultats probants » lancera ce dernier. Pourtant, ce monsieur doit savoir qu’aucun traitement miracle n’existe actuellement contre le diabète.
Ces guérisseurs, pour la plupart vivent aux dépens de tous ces désespérés qui croient au miracle, comme se marier, avoir des enfants, guérir de maladies chroniques, se protéger du mauvais œil, etc.
Mais, les utilisateurs de ces produits ignorent souvent qu’ils s’exposent à des risques pouvant aller d’une simple allergie à une intoxication sévère voire à des complications plus graves susceptibles de mettre leur vie en péril. Pourtant, les lois réprimant ces agissements existent bel et bien.
Ces gens sont passibles d’une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à cinq ans, selon l’article 372 du Code pénal. Mais que faire lorsque la désespérance est plus forte que tout. Croire dur comme fer aux vertus miracles de ces plantes ou tenir son mal en patience en se référant à Dieu ? Il faut, malheureusement, vivre ce calvaire pour avoir une idée sur l’accablement de tous ces malades.
S.A.Tidjani