Le recours à la grève divise les boulangers,La guerre de la baguette

Le recours à la grève divise les boulangers,La guerre de la baguette
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Le pain sera-t-il plus difficile à «gagner»?

Bien que divisés, les boulangers ont décidé de mettre leurs menaces à exécution, en annonçant qu’ils observeront une journée de protestation mardi prochain.

Le syndicat des artisans boulangers fonctionne-t-il avec une direction bicéphale?

En annonçant que les boulangers observeront une journée de grève, mardi prochain, la Coordination nationale veut se démarquer, en tout cas, de l’autre aile qui avait pourtant promis de ne pas recourir à cette mesure extrême pour faire aboutir ses revendications.

LG Algérie

Lors d’un point de presse animé, hier, au siège de l’Union générale des commerçants et artisans algériens, à Belouizdad, le président de la corporation, Maâmar Hentour, a déclaré, d’emblée, que la journée de grève qui s’amorce n’a aucune connotation politique et que c’est pour faire aboutir leurs revendications que les boulangers ont décidé d’un arrêt de travail d’une journée. Soulignant que le droit de grève est garanti par la Constitution, l’orateur a tenu à préciser, cependant, que cette suspension d’activité «n’est pas destinée à affamer le peuple», mais plutôt pour attirer l’attention des pouvoirs publics sur les problèmes auxquels sont confrontés depuis des années la plupart des artisans boulangers.

La grève comme ultime recours

Selon M.Hentour, ces derniers travaillent à perte et réclament une augmentation substantielle du prix du pain pour équilibrer leurs comptes et continuer à exercer ce noble et difficile métier.

Expliquant que la commission chargée d’évaluer son prix de revient a livré ses conclusions, à savoir 11,72 dinars la baguette de pain, le représentant des boulangers est persuadé qu’une révision du prix de cet aliment sera profitable, aussi bien pour les boulangers, et pour les citoyens qui auront, indique-t-il, un pain de meilleure qualité.

Convaincu que des boulangers trichent et ne respectent ni les normes en matière de préparation ni le poids qui est fixé à 250 grammes, M.Hentour n’a pas voulu fixer un prix de référence, se contentant de dire que ceux qui aiment ce métier et se sacrifient pour le perpétuer souffrent terriblement.

Répondant aux boulangers de la région d’Alger qui ont voulu s’informer sur les suites réservées à toutes leurs requêtes, le conférencier a expliqué qu’un dossier comprenant l’ensemble des revendications soumises par les artisans boulangers avait été déposé auprès de la tutelle et que c’est à cause de son silence que la Coordination nationale a décidé d’une journée de grève.

A l’en croire, «il n’y a pas que la région d’Alger, Constantine, Oran, Béchar et Tizi Ouzou ont, elles aussi, donné leur accord». Prenant la parole, un intervenant s’est plaint du harcèlement dont il est l’objet de la part des services des impôts qui lui réclameraient une ardoise de 50 millions de centimes, au motif que les artisans qu’il emploie ne sont pas déclarés.

Un autre soutient mordicus qu’il est au bord de la faillite et que si les pouvoirs publics ne font rien pour remédier à la crise, il sera obligé de fermer boutique.

Notons que la Coordination assurera un service minimum, c’est-à-dire qu’elle respectera toutes les conventions qu’elle a signées avec ses partenaires. Sauf les citoyens qui, comme toujours, sont les dindons de la farce! Cependant, l’Union nationale des boulangers (UNB) préfère calmer le jeu. Elle appelle ses membres à ne pas observer de débrayage mardi prochain comme lancé par une «pseudo-union qui ne représente qu’elle-même».

L’UNB calme le jeu

Youcef Kalafat, président de l’UNB, qui a animé, hier à Alger, une conférence de presse au siège de l’Ugcaa (Union générale des commerçants et artisans algériens), dénonce ainsi cet appel provenant de «charlatans et anarchistes» qui veulent perturber la situation délicate de la demande d’augmentation du tarif de la baguette de pain.

L’examen du prix du pain a été pris en charge par une commission interministérielle nationale pour déterminer le prix réel à demander au consommateur, a indiqué Kalafat. Ce dernier a ajouté que le dossier est au niveau du ministère du Commerce qui doit statuer d’ici la fin du mois en cours sur la marge bénéficiaire et les prix et que des négociations sont en cours…faute de réponse favorable à nos revendications, l’UNB optera pour une action vigoureuse. Il faut savoir que ce prix est négocié au niveau des quatre régions principales du pays (Est, Ouest, Nord et Sud) car la qualité de la farine, donc du pain, varie selon les effets climatiques locaux.

Kalafat requiert aussi la suspension de la TVA (Taxe ad valorem) sur les intrants, que les boulangers «ne récupèrent pas» sur le prix de vente comme spécifié par la loi.

Les boulangers demandent également d’être ravitaillés par de la «farine avec fibres» qui ne peut être que panifiable par des boulangers et ne peut même pas être utilisée pour préparer du «matlouh». Ceci empêcherait les pâtissiers de profiter de la subvention de l’Etat.

Le prix de cette farine à fibres serait de 1500 DA le quintal contre 2000 actuellement, différence qui serait compensée par un prix de la baguette situé entre 9,50 et 10,50 DA, une proposition qui a été soumise à la Commission nationale installée par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal.

Ladite-commission, qui regroupe un représentant des ministères du Commerce, des Finances, de l’Agriculture, de l’Union nationale des boulangers (UNB), de l’Office algérien interprofessionnel des céréales (Oaic), du groupe industriel Eriad (Entreprise des industries alimentaires, céréalières et dérivés) et de l’Association nationale de protection des consommateurs, transmettra ses résultats au ministre du Commerce qui les remettra au gouvernement.

Les boulangers réclament une marge bénéficiaire de 20% et un soutien des charges par l’Etat comme des crédits bonifiés pour l’achat de groupes électrogènes sachant que les crédits accordés actuellement par la Badr sont à 7%. Kalafat a affirmé que les boulangers ne s’opposent pas au maintien du prix de la baguette à 8,5 DA, mais tiennent à leur droit de réaliser des bénéfices et ne font que défendre ce droit.

Rappelons toutefois que le secrétaire général de l’Ugcaa, Salah Souilah, avait appelé, la semaine dernière, à l’augmentation du prix de la baguette de pain à 10 DA au moins.