Le réalisateur Yazid Arab présente la localité dans un documentaire: Souamaâ, “village d’honneur et de dignité”

Le réalisateur Yazid Arab présente la localité dans un documentaire:  Souamaâ, “village d’honneur et de dignité”

À travers ce film, Yazid Arab veut montrer au grand public l’évolution multisectorielle que connaissent les villages de Kabylie depuis leur naissance jusqu’aux temps présents. Le village de Souamaâ constitue ainsi cet exemple qui invite les gens à faire de leur passé un tremplin qui les aidera à mieux profiter du présent et les propulsera vers l’avenir.

“Du mont d’Ath Khelili jusqu’à Tizi, Souamaâ là où je suis né. Cherche après ma chère mère, tu lui diras que même si mon cerveau est bouleversé, mon âme vibre toujours pour toi… En passant par Souamaâ, de tes propres yeux tu découvriras le village de mes parents, protégé par Bendaoud et cuirassé par Boubhir… Avec l’eau pure et limpide des légendaires fontaines que tu boiras, tu ingurgiteras la baraka d’Allah qu’elle recèle.

De mon si lointain exil, transmets mon salut à ce village de la dignité et de la fierté…” Ces quelques idylliques vers, prononcés par une sublime voix masculine, offrent un aguichant avant-goût introductif du film documentaire sur le célèbre et mythique village de Souamaâ, une œuvre créée avec maestria par le réalisateur Yazid Arab. Ces phrases prosaïques sont déclamées concurremment avec une affriolante vue aérienne panoramique du village, insérée superbement dans le film à l’aide d’un drone (un petit engin télécommandé doté de caméras). Cet appareil fait partie du matériel moderne, composé également d’une grue et d’un traveling…, utilisé par l’équipe de M. Arab. “C’est la première fois que, pour la réalisation d’un film documentaire sur un village kabyle, des moyens modernes sont utilisés”, tient à préciser le réalisateur. Il a été sollicité par le président du comité de village de Souamaâ, Sadji Meziane, pour la réalisation de ce film. Il voulait que la projection se fasse à l’occasion de la 13e édition du festival “Raconte-Arts” qui avait jeté son dévolu l’année dernière sur ce village sous le thème historique “Il était une fois le royaume de Koukou…”. Organisé par la Ligue des arts cinématographiques et dramatiques de Tizi Ouzou, en collaboration avec le comité du village et l’APC de Souamaâ, ce grand rendez-vous communautaire et culturel a proposé un programme riche en activités sous la direction du duo… “infernal”, en l’occurrence Hassan Metref et l’artiste peintre algérien Denis Martinez, initiateurs de ce festival depuis sa création en 2006.

L’événement a remis encore une fois le village sur le devant de la scène et a fait vibrer toutes ses places publiques, ses ruelles et ses quartiers… Cette édition a émerveillé les quelque 5700 habitants de par les diverses animations culturelles accomplies par une brochette d’artistes invités à cette occasion. La commune de Souamaâ, relevant de la daïra de Mekla, dans la wilaya de Tizi Ouzou, doit son nom, faut-il le rappeler, à une tribu berbère, composée de 10 villages aussi splendides les uns que les autres. Elle correspond au territoire Laarch Ath Bouchaib et est délimitée par Aït Khelili à l’ouest, Ifigha à l’est, Azazga au nord et Aït Yahia au sud. Souamaâ est érigé en centre municipal en 1945. Dans la réalisation de ce documentaire, M. Arab s’est fondé sur un brassage entre l’histoire, la tradition et la modernité. Cet assortiment bien agencé de ces trois volets, Yazid Arab le fait ressortir clairement dans le synopsis du film. Cette œuvre d’art propose au téléspectateur un voyage en aller-retour, entre le passé et le présent de ce village implanté au piémont des hautes cimes de Kabylie. Outre le bref aperçu historique et la situation géographique de Souamaâ, M. Arab rappelle les quelques grands hommes et illustres personnages qui ont foulé cette terre bénie de cette localité. Parmi eux, Saïd Boulifa, l’homme de lettres qui y est venu en tant qu’anthropologue en 1910.

14 fontaines : un patrimoine ancestral à préserver…

Il avait déterré une stèle de l’époque de la civilisation berbère, qui porte entre autres des inscriptions libyques, “Adrar Amellal”, qui signifie la montagne blanche, épithète par laquelle la montagne du Djurdjura est souvent nommée. Cette stèle est actuellement au Musée national des antiquités et des arts islamiques d’Alger. Évoquant le rôle joué par la femme dans la société kabyle, le film présente quelques exemples de celles qui ont marqué l’histoire de ce village. La femme de Souamaâ, explique ce documentaire, a une valeur inestimable dans ce village de par ses innombrables sacrifices, dont celles qui se sont retrouvées veuves de chouhada à l’âge d’à peine 20 ans mais qui ont pu élever dignement leurs enfants.

“Avec notre caméra, nous rendons visite à La Adidou, une vieille dame, une vraie autochtone de 92 ans. Il fut un temps où elle exerçait un métier ancestral en voie de disparition en Kabylie et à travers toute l’Algérie d’ailleurs, qui est connu communément dans la tradition kabyle par Lqivla (accoucheuse traditionnelle ou sage-femme)”, souligne le réalisateur.

Il a également fait parler Nna Arzika, une ancienne chanteuse d’un groupe de thivougharine, ce chant récité lors des mariages, circoncisions et les rendez-vous périodiques de thiouizi. Ce qui a subjugué l’auteur de ce bel ouvrage, ce sont aussi les 14 fontaines dont jouit Souamaâ. La plupart étaient édifiées par l’instituteur et chahid Ennour Hadjali, Arezki Ath El-Hadj, réglant ainsi le problème du manque d’eau dans les années 1945. Il met en exergue la source la plus importante et la plus répandue en l’occurrence Ta3wint n-Temghart (la fontaine de la veille femme), construite en 1881. Avec ce film, Yazid Arab veut montrer au grand public l’évolution multisectorielle que connaissent les villages de Kabylie depuis leur naissance jusqu’aux temps présents. Le village de Souamaâ constitue ainsi cet exemple qui invite les gens à faire de leur passé un tremplin qui les aidera à mieux profiter du présent et les propulsera vers l’avenir…