Le RCD qualifie les réformes de Bouteflika de « réchauffé pour un système congelé »

Le RCD qualifie les réformes de Bouteflika de « réchauffé pour un système congelé »
le-rcd-qualifie-les-reformes-de-bouteflika-de-rechauffe-pour-un-systeme-congele.jpg

Le RCD ( Rassemblement pour la culture et la démocratie) de Said Sadi a qualifié lundi 03 mai le communiqué du Conseil des ministres du 2 mai de « provocation irresponsable et criminelle. » Le président Bouteflika a explicité au cours de ce conseil son projet de réformes politiques et annoncé que la commission nationale mise en place pour piloter ces réformes sera présidée par Abdelkader Bensalah, actuel président du Conseil de la Nation. Communiqué.

 » Le conseil des ministres du 2 mai est une provocation irresponsable et criminelle. L’Algérie est dans l’impasse. Notre peuple, notamment sa jeunesse, clame quotidiennement sa demande de changement. Au lieu de prendre la mesure du désespoir et de la colère populaires, expressions d’une crise morale et politique grave et profonde, le gouvernement répond par la fuite en avant, essayant de se persuader que le statu quo est toujours possible.

Les prétendues réformes annoncées seront initiées, arbitrées et validées par un chef de l’Etat « élu » dans un scrutin qui a vu une participation de 11,3% de l’électorat. C’est le même personnage qui a violé la constitution pour se donner une présidence à vie qui se présente soudainement en animateur d’un nouvel ordre constitutionnel.

Plus généralement, le pouvoir qui se considère toujours comme un tuteur et non un partenaire politique parmi d’autres s’abîme dans le mensonge et la contradiction à travers des propositions quotidiennement démenties par ses actes. Sa conception de la vie publique, inscrite dans son bilan, est cyniquement traduite par ses réactions et décisions les plus récentes :

– les violences exercées contre les manifestants – dont les étudiants ont été les dernières victimes le 2 mai à Alger- sont la manifestation la plus visible de la levée de l’état d’urgence ;

– le budget de l’Etat, transformé en lance à incendie est dilapidé pour assurer un sursis au pouvoir. Vouloir éteindre les brasiers engendrés par une politique d’improvisation et de prédation par la corruption est un remède pire que le mal ;

– le nouveau code communal, véritable régression institutionnelle, réduit l’élu au rôle de figurant ;

– le fonctionnement des média publics est toujours dominé par le sectarisme et le tribalisme ;

– l’opacité dans la gestion économique est revendiquée avec une insolence qui disqualifie toute velléité de contrôle : de nombreux contrats engageant Sonatrach viennent d’être remis en cause sans la moindre explication…

En définitive, le conseil des ministre, tenu la veille de la journée mondiale de la liberté de la presse, a plus délivré un message politique qu’il n’a invité à une perspective mettant l’action politique au diapason des légitimes espérances du peuple algérien et des évolutions historiques de l’heure. »

Le but de cette sortie est à la fois de masquer les divergences du sérail et de faire diversion sur les tensions politiques et sociales qui constituent la réalité nationale d’aujourd’hui en donnant à penser que le chef de l’Etat est toujours valide, qu’il est installé dans la durée et qu’il faut compter avec les mêmes politiques pour le court et moyen terme.

Le peuple algérien est lassé par les manœuvres politiciennes et les propagandes. L’Algérie est victime d’un demi siècle d’abus, de violence d’Etat et de contre développement. La solution la plus raisonnable à ce désastre est connue : une phase de transition consensuelle associant les forces politiques et sociales autour d’un programme de réformes politiques et institutionnelles qui permettent au pays de sortir d’un système dépassé et dangereux pour la cohésion nationale.

Au lieu de s’engager dans une dynamique de changement pour restaurer la confiance du citoyen qui exige justice, transparence et rénovation, le chef de l’Etat s’enfonce dans la ruse, l’opacité et la concentration des pouvoirs. La tactique qui vise à rejouer le détournement de la contestation populaire a été tragiquement testée en octobre 1988. Avec le prix que l’on sait.

Pour sa part, le RCD a anticipé toutes ces manipulations en décidant de suspendre ses activités au parlement. Le dernier communiqué du conseil des ministres confirme l’incapacité du système à s’amender. La solution à la crise algérienne se fera en dehors et contre lui.