Incroyable mais vrai, les laïcs et les islamistes se concertent sur la situation politique du pays. Il s’agit d’une première, sachant que la relation a toujours été froide et des fois même houleuse entre ces deux courants, apparemment antagoniques, dans notre pays.
Dans ce cadre, les responsables du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) ont reçu jeudi dernier une délégation du Mouvement de la société pour la paix en attendant une autre rencontre avec le Mouvement Ennahdha, lundi prochain. C’est ce qu’a annoncé le RCD dans un communiqué rendu public jeudi dernier sur son sit internet officiel.
Selon la même source, Mohcine Belabbas, président du RCD, assisté de Salah Belmekki, Abdelkader Groucene et Hacene Mezoued, respectivement secrétaires nationaux aux élus et élections, à l’économie et à l’administration, a reçu jeudi au siège national du parti à Alger, une délégation du HMS conduite par son président Abderrezak Mokri.
L’entretien qui a duré 1h45 a porté sur la situation politique nationale. A ce propos, il est ajouté que le président du RCD a tenu à préciser que «nous appartenons à deux partis avec des identités et des programmes politiques distincts.
Le dialogue et l’échange entre les acteurs de la classe politique permettront de libérer la scène politique des contraintes et obstructions actuelles pour parvenir à un accord minimal à même de garantir les conditions d’une compétition démocratique sur la base de projets et de programmes politiques».
Le RCD a rappelé sa proposition d’une convention nationale pour une Constitution de compromis. Son adoption selon ses initiateurs sera nécessairement soumise à un référendum organisé par une commission indépendante de gestion des élections.
Ce parti rappelle qu’il est pour l’organisation des scrutins électoraux par des instances indépendantes. S’agissant de la position du MSP, le communiqué du RCD indique que le MSP propose l’idée d’une concertation autour d’une phase de transition pour laquelle il conviendrait d’assurer une direction issue d’un consensus politique.
La question de la Constitution devant être intégrée dans la foulée de cette initiative. Enfin, il a ajouté que les deux partis conviennent de donner une suite à ces entretiens et souhaitent les élargir à toute formation s’engageant dans la voie pacifique et respectant les valeurs et principes démocratiques. Dans ce contexte, le RCD annonce qu’il recevra une délégation du parti Ennahda lundi prochain.
Depuis quelques mois, le courant islamiste s’est placé en leader pour lancer des concertations politiques en perspective des prochaines présidentielles. Celles-ci ont été annoncées par le nouveau patron du MSP, Abderrezak Mokri présenté comme représentant des frères musulmans en Algérie et pourquoi pas candidat commun des «islamistes» même si rien n’est encore joué.
Mokri a déjà rencontré le groupe des «14» pour la mémoire et la souveraineté et Abdellah Djeballah. Il a aussi contacté des personnalités politiques, dont l’ancien chef du gouvernement Ali Benflis, Ahmed Benbitour et l’ex-SG du FLN, Abdelaziz Belkhadem.
Il y a quelques jours, le président du Front du changement, Abdelmadjid Menasra a annoncé que sa formation politique proposait «une initiative d’entente pour la présentation d’un seul candidat consensuel représentant les courants islamique, laïque et nationaliste».
Ainsi, c’est la première fois que des islamistes se concertent avec des laïcs sachant que les deux courants n’ont toujours pas de candidat «visible» pour les prochaines présidentielles.
Du côté des laïcs, lors de l’élection présidentielle de 1995, remportée par Liamine Zeroual, le défunt Nahnah avait obtenu 25,6% suivi de l’ex-président du RCD qui a démissionné de son poste en mars 2012 et qui avait réalisé un score de 9,6.
Lors des présidentielles de 2009 lorsque, Djahid Younsi (seul candidat islamiste d’El Islah) a été humilié avec un score de moins de 1% des suffrages. Pour l’échéance de 2014, les candidats restent invisibles.
N. C.