Le RCD fustige le couple DRS-Présidence : Ils sont responsables des malheurs de l’Algérie

Le RCD fustige le couple DRS-Présidence : Ils sont responsables des malheurs de l’Algérie

Rupture de confiance, rapacité des dirigeants, corruption et répression, blocage, irresponsabilité et autisme du système… La résolution du conseil national du RCD, réuni le 03 juin 2011, on s’en doute, est une charge violente contre le couple DRS-Présidence. Le parti de Said Sadi a décidé de boycotter les consultations de Bensalah assimilant la démarche à une kermesse politique. Voici le texte intégral.

Le conseil national observe que la situation qui prévaut dans notre pays depuis le début de l’année est marquée par une aggravation de la rupture de confiance qui caractérise les relations pouvoir-société.

Dans toutes les régions du pays, les membres du Conseil National constatent un climat politique et social délétère. La violence se manifeste par une nouvelle forme d’insécurité où le grand crime (kidnapping, braquage…), s’ajoutant à la délinquance, relaie et nourrit le terrorisme.

La vie économique défie toutes les règles et l’évasion fiscale se massifie. Les notables du régime se précipitent à vendre biens immobiliers et autre patrimoine foncier pour placer leur argent à l’étranger.

Face à ce marasme dominé par la rapacité des dirigeants, le citoyen se défend par la révolte. Pas une catégorie sociale n’échappe à la contestation.

La réaction du pouvoir témoigne de son incapacité et de son refus à lire une scène nationale échappant à tout contrôle et évoluant dans un environnement régional et international en phase de mutations historiques.

Fort d’une cagnotte de 150 milliards de dollars, le pouvoir alterne corruption et répression et s’enlise dans des recettes récurrentes et éculées.

· Tentative de réanimation du courant islamiste pour disposer d’une béquille politique et d’un épouvantail à agiter, le moment venu, face aux revendications populaires ;

· Kermesse politique où sont convoqués fossiles et parasites pour faire diversion ;

· Stigmatisation d’une Kabylie « vecteur d’apostasie », menaçant les libertés de culte…

Toutes les décisions politiques prises actuellement illustrent la volonté de maintenir un statu quo qui dure depuis 1962.

Le statut d’avocat, le nouveau code communal comme la dernière tripartite sont des messages politiques qui ne prêtent à aucune équivoque quant aux intentions des décideurs.

Restriction du droit de la défense, concentration des pouvoirs et maintien d’un syndicat business comme unique représentation du monde du travail sont autant d’actes qui démontent et renient les prétendues réformes destinées à jeter un écran de fumée entre la communauté internationale et une Algérie à la dérive qui représente une source potentielle de déflagration régionale.

Face à l’aveuglement du couple DRS-Présidence et devant le risque d’implosion qui pèse sur la Nation, le RCD a, une fois de plus, pris ses responsabilités en appelant le 22 janvier à une marche populaire autour de mots d’ordres fédérateurs de : levée de l’Etat d’urgence, dissolution de toutes les institutions élues, ouverture des champs politique et médiatique et libération des prisonniers.

Au lieu de donner une réponse politique à une situation explosive, le pouvoir recourt à la ruse et à la diversion. Il lève officiellement l’Etat d’urgence et investit la capitale par les forces de sécurités ; il annonce l’ouverture des médias et instrumentalise toujours la radio et la télévision pour diaboliser l’opposition ; il affiche des intentions de réforme au moment où il viole la loi pour destituer des présidents d’APC irréprochables tout en maintenant d’autres élus coupables de détournements et de népotisme.

Sitôt la marche du 22 janvier annoncée, une forte mobilisation se manifeste en faveur du changement et de la démocratie : c’est la naissance de la CNCD à laquelle notre Rassemblement apporte sa contribution. Une plate forme définissant des modalités de sortie de crise par l’organisation d’une phase de transition est produite et soumise à débat. Là encore, la nature policière du régime n’a pas tardé à se manifester. S’interdisant de composer avec un partenaire visible, porteur de propositions claires, il recourt à l’infiltration et à la manipulation pour déstabiliser la nouvelle instance.

Parallèlement, la répression dans la rue n’épargne personne. Femmes, parlementaires, médecins, étudiants ou enseignants sont violemment agressés. Le président du Rassemblement échappe à une tentative d’assassinat. Dans ce fracas politique et social, le parlement n’émet pas la moindre protestation.

Pour dénoncer ces abus et donner suite à la dynamique populaire qui consacre une légitime exaspération citoyenne, le RCD décide de suspendre ses activités parlementaires et en appelle à l’ensemble des catégories sociales et politiques pour se prendre en charge et assumer la rupture politique dans la rue et en faveur d’un changement de système qui sévit depuis 1957.

Qu’elle s’appelle MALG, SM ou DRS, la police politique algérienne, faisant de l’armée le levier de la répression et de la corruption, a toujours asservi la Nation et met aujourd’hui son destin en péril.

Au pouvoir qui fait mine de chercher des propositions politiques pour sortir le pays de la crise, il suffit de rappeler que la dissolution du DRS et l’organisation d’élections conditionnées par un cahier de charges républicain et soumises à une observation internationale massive et qualifiée représentent les préalables incontournables à toute initiative de sauvegarde nationale.

Combien de Abane, de Chabani, de Khider, de Krim, de Mecili et de Boudiaf faut-il encore sacrifier; combien d’avril 80, d’octobre 88 ou de printemps noir faut-il renier; combien de coups d’Etat, de fraudes électorales faut-il endurer ; combien de milliards détournés et de projets réévalués, retardés ou annulés faudra t-il subir pour voir enfin se réaliser l’espoir de Novembre et de la Soummam ?

La quasi totalité des interventions enregistrées dans le conseil national du 03 juin concluent à l’impossibilité d’une évolution du système algérien et à l’impératif d’innover et d’adapter nos luttes dans une conjoncture inédite et capitale pour l’Algérie. Tous les bureaux régionaux du RCD confirment la permanence de l’abus et de l’interventionnisme tentaculaire du DRS qui neutralise et dégrade tout combat politique régulier.

Dans cette conjoncture, le RCD décide de lancer une vaste réflexion en son sein pour dégager les voies et moyens à même de porter un combat qui ne peut plus être adossé aux institutions ou nourri par les pratiques auxquelles nous avons été contraints jusque là.

En attendant d’affiner ses stratégies, le RCD demande à ses parlementaires de continuer d’honorer leur mandat sur le terrain en se tenant aux côtés de leurs électeurs et des citoyens dont ils auront à accompagner les revendications.

Il appartiendra également aux élus locaux d’afficher un dévouement encore plus affirmé auprès des populations, victimes d’une administration népotique et opaque. Simultanément, l’encadrement du Rassemblement est appelé à entreprendre des actions de proximité pour aider à la structuration et à la cohésion des luttes populaires. Dans ce rapprochement et cette écoute, la jeunesse doit être l’objet d’une attention privilégiée.

Blocage, irresponsabilité et autisme du système constituent le mur de la régression qu’il faudra savoir contourner. Le RCD a su tirer les enseignements des dérives d’après guerre pour repérer l’ensemble des contraintes niant la citoyenneté et déstructurant la collectivité nationale et transformer ces handicaps en propositions alternatives constituant, aujourd’hui, un projet revendiquant l’héritage démocratique du mouvement national et assumant les valeurs de l’universalité.

La phase actuelle est un moment de rupture dans l’histoire de la décolonisation. Des peuples se sont déjà libérés des dictatures qui les ont soumis.

Victime d’une police politique sans limites ni contrôle, le peuple algérien est appelé à consentir encore plus de sacrifices pour vivre libre et digne dans son pays.

La conjoncture internationale, longtemps défavorable aux militants des droits de l’homme et de la démocratie dans le Sud, change radicalement. Pour l’instant, le système algérien, faisant écho à la dilapidation du trésor public à l’intérieur, brade la souveraineté économique pour s’acheter quelques commodités sur la scène internationale

Sur le registre sécuritaire, il traduit ses manipulations de l’islamisme à l’intérieur, en essayant de recomposer son rôle de sous-traitant policier dans le Sahel pour disposer d’un sursis à l’extérieur.

Ces manœuvres et ces agitations ne sont pas de nature à contenir le vent de liberté qui souffle sur le Sud. Tous nos partenaires conviennent désormais que la sécurité régionale dépend de la stabilité des Etats et que cette dernière renvoie à la légitimité des institutions.

Une page se tourne dans notre histoire d’après guerre.

L’heure est à l’imagination, l’initiative, l’auto-mobilisation et la solidarité. La démultiplication des actions de terrain reste aujourd’hui la stratégie qui peut venir à bout d’un régime qui, fermant tous les espaces, s’enferme dans le déni de réalité.

L’Algérie a souvent été précurseur dans les grands moments de l’histoire dans le Sud. Faute d’avoir été la première dans les révolutions actuelles, elle peut provoquer le changement le plus accompli.