Le RCD étrille la mission d’observation européenne des législatives

Le RCD étrille la mission d’observation européenne des législatives

Le Rassemblement pour la culture et la démocratie a rendu public un communiqué accusateur de la mission européennes des élections législatives du 10 mai.

D’emblée, le RCD estime accusateur qu’« en acceptant d’y envoyer une mission d’observation et en l’y maintenant malgré les avertissements et les abus patents qu’elle a constatés voire subis, l’Union européenne crée un précédent qui pèsera lourdement sur le  développement de ses relations avec les forces démocratiques algériennes ».



Observant de fil en aiguille que cette élection« confirme un blocage national : la police politique est le verrou qui bride toute décision et initiative démocratiques dans le pays ». Dans son rapport le RCD estime que la participation de « la mission d’observation s’est faite dans des conditions particulièrement aléatoires ».

30 milliards de dollars pour éteindre la tension

Et au RCD de démonter la mécanique mise en place par le pouvoir aux lendemains du printemps arabe : « Après les émeutes qui ont conduit aux chutes des régimes tunisien et égyptien, le pouvoir algérien réagit sur plusieurs paliers. Provoquer des émeutes pour anticiper et disqualifier les mobilisations populaires en faveur du changement ; réprimer toute manifestation publique en concentrant des dizaines de milliers de policiers dans la capitale isolée par le blocage de tous les transports publics à chaque mobilisation et  refuser l’occupation des grandes salles à l’opposition ; débloquer plus de trente milliards de dollars, sans respect des procédures, pour éteindre les innombrables foyers de contestation qui embrasent toutes les régions d’Algérie ».

Dans ce communiqué au vitriol, le parti dirigé par Mohcine Belabbas revient sur les décisions prises et les contradictions qu’elles comportent en filigrane comme la levée de l’état d’urgence tout en interdisant les manifestation, le verrouillage des champs politique et médiatique par le truchement d’une série de lois, l’interdiction pour les associations d’avoir des relations avec des ONG étrangères, le renoncement à l’ouverture du champ audiovisuelle promise par le chef de l’Etat.

Encore une fois, observe le RCD sur le plan international : Alger joue « de la menace islamiste ou du chaos pour justifier le statu quo ou, pire, la fermeture. Son rôle pivot dans la lutte antiterroriste sert à délivrer des messages subliminaux quant à sa capacité de nuisance si on venait à trop lui forcer la main. »

« Mur diplomatique »

Dans ce communiqué, le Rassemblement pour la culture et la démocratie a étayé les actions menées depuis une année, recommandant au cours de ses rencontres avec des responsables européens« l’extrême prudence avant de s’engager en Algérie« . Et a averti que le parti « a régulièrement expliqué qu’il fallait surtout éviter de tomber dans une observation au rabais. Ce serait un coup fatal pour la crédibilité de l’UE et une déception de trop de l’opinion algérienne dont le versant démocratique a eu à déplorer un certain penchant des partenaires européens qui auraient trop souvent réduit l’Algérie à un bazar économique où les aspirations politiques des citoyens étaient passées par perte et profit ».

Ici le parti a le reproche tenace et l’analyse incendiaire sur la position des observateurs et leurs silences. A l’issue de ces consultations il s’avère pour le RCD que « chez les dirigeants européens apparaissait néanmoins un double sentiment fait d’appréhension de se voir piégé par un régime voyou et de forte tentation de mettre le pied dans un pays fermé pour, espérait-on, pouvoir provoquer les évolutions souhaitées par le dialogue. Cette attraction-répulsion se traduit dans la bouche d’un des responsables du dossier Afrique du nord qui convient que si l’Algérie n’évoluait pas elle risquerait de mener la région dans une descente aux enfers avant d’ajouter que ce pays est « un mur diplomatique » avec lequel il faudra malheureusement composer pour un certain temps ».

« L’UE accuse le coup »

Le RCD évoque le chantage et la menace par le pouvoir sur les représentants de l’UE. « L’UE accuse le coup mais donne l’impression d’être en position de faiblesse », écrit le parti. Pire : «Elle fait le dos rond et avale couleuvre sur couleuvre. La dernière est le refus qui lui est opposé d’accéder au fichier électoral national pour le comparer aux listings locaux et régionaux »

Au passage, le rapport étrille certaines formations politiques « comme le FFS, pris en flagrant délit de dopage électoral ». (…) Même la très officielle Commission de surveillance des élections législatives dénonce un vote sans crédit du fait  « des innombrables dépassements qui l’a caractérisé », allant jusqu’à accuser le chef de l’Etat d’avoir violé la loi en faisant campagne pour le FLN après la clôture de la campagne ». Enfin, le RCD réfute le taux de 43 % de participation revendiqué par le pouvoir, avançant  un taux de 18%.

Le RCD interroge sur le silence de la mission européenne devant les dépassements et la fraude.« Pourquoi l’Union européenne  s’est-elle impliquée dans un processus vicié d’avance devant lequel les ONG américaines ont pris leur distance ? Pourquoi a-t-elle maintenu sa mission y compris après que les provocations l’aient ciblée directement ? Pourquoi ses responsables se sont-ils empressés à saluer une élection que les Algériens eux-mêmes dénoncent jusques et y compris dans certains cercles officiels, ce qui est une première en Algérie ? »

Pour ce parti qui a appelé à boycotter les législatives du 10 mai, « nitialement destinées à protéger l’Algérie des ruptures politiques,  ont ouvert la boîte de Pandore ». Le RCD estime que l’UE a commis une erreur, car  au final elle a donné « de l’oxygène à l’un des systèmes politiques le plus fermés du sud de la Méditerranée ». Enfin accusateur, il conclut : « Quelle que soit la teneur de son rapport, son implication obstinée dans l’opération électorale du 10 mai ne contribuera pas à convaincre le citoyen algérien que l’UE a d’autres objectifs que des dividendes économiques attendus des pouvoirs du sud d’autant plus commodes qu’ils sont illégitimes. »

Yacine K.