Actes. Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) prolonge sa décision de rester en dehors de la prochaine compétition électorale, formalisée lors du conseil national du parti d’avant 4e congrès, par un appel à un boycott actif des législatives du 10 mai.
Le parti, qui a opéré avec un succès notable un renouvellement générationnel au niveau de sa direction, Mohcine Belabas succédant à Saïd Sadi dans la fonction et les charges de président, cingle d’un démenti ceux qui se sont laissés aller à déduire que le rejet du scrutin législatif procédait d’une coquetterie politique. «Le rejet du vote du 10 mai n’est pas une décision passive ; c’est un acte de résistance qui refuse l’humiliation et l’injustice et honore le combat de ceux qui se sont levés un certain premier Novembre pour abattre l’arbitraire et permettre à leurs enfants de vivre dans un Etat démocratique et social», conclut-il son appel au boycott, rendu public hier mardi. Signant une réplique sèche au chef de l’Etat qui, en février, depuis Oran, a posé la similitude entre le vote du 10 mai et le 1er Novembre 1954, le RCD souligne que le rejet du scrutin se veut un prolongement du combat libérateur. Car, pour le parti de Mohcine Belabas, outre la fraude électorale annoncée, les élections législatives ne poursuivent, en définitive, qu’à recomposer les équilibres internes au système. «Destinée à recomposer les équilibres internes au système, le simulacre précipitera la crise et mettra en péril la survie de notre pays», prédit le parti, appelant à «une mobilisation citoyenne forte pour un boycott massif qui aggravera l’isolement du régime à l’extérieur et contribuera à donner plus de sens, de solidarité et de force aux luttes menées quotidiennement pour la justice et la liberté dans toutes les régions d’Algérie. En faisant le vide dans les centres de vote, nous démontrerons au monde entier qu’à l’instar de ses voisins, le peuple algérien aspire à la démocratie». Le parti, qui fut tout au long des mois qui ont suivi les émeutes de janvier 2011 un animateur prépondérant de la contestation politique, ne rate pas d’encore souligner en gras le désastre socio-économique dans lequel l’Algérien est enfermé. Il estime qu’il y a de l’indécence à organiser, en pareille contexte, une opération électorale. «Devant ce désastre national, les Algériens assistent depuis des mois à une course indécente aux candidatures à la députation que seules la cupidité et la recherche de l’impunité motivent. Cette course éhontée aux privilèges préfigure l’assemblée qui exécutera toutes les injonctions du pouvoir occulte.» Le temps a fini, par ailleurs, par donner le temps au parti qui a appréhendé une fraude électorale massive. «Chaque jour, la presse écrite fait état d’irrégularités scandaleuses : dopage de certains candidats par les services spéciaux, achat de signatures, dossier incomplet, vente aux enchères des places sur les listes… Auparavant, le fichier électoral, au lieu d’être assaini, a connu un gonflement jamais égalé. Des dizaines de milliers de militaires ont été inscrits sur leur lieu d’affectation, en dehors des délais officiels et en violation de la loi. Ces irrégularités qui sont du domaine public n’ont, jusque-là, connu aucune suite officielle », écrit-il, ajoutant que «plus qu’une fraude, le scrutin du 10 mai s’annonce comme une opération de reprogrammation de l’asservissement des citoyens. Pour masquer son bilan et justifier ses manœuvres, le régime invoque, une fois de plus, le péril islamiste qu’il a produit, encouragé et manipulé depuis l’indépendance. Au lieu d’entendre la demande de changement du peuple algérien, le pouvoir vient de faire voter des lois qui étouffent davantage la société».
S. A. I.