Le rapport de Statoil sur Tiguentourine met en cause une sécurité « divisée »

Le rapport de Statoil sur Tiguentourine met en cause une sécurité « divisée »
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Statoil et British Petroleum (BP) étaient trop dépendantes de la protection militaire algérienne, selon le rapport publié aujourd’hui par Statoil sur les conditions de l’attaque de Tinguentourine (In Amenas). Elles n’étaient pas préparées à riposter à un assaut armé de cette envergure.

« Seule les forces militaires algériennes auraient pu éviter l’attaque du 16 janvier (2013). L’importance économique du secteur pétrolier et une conviction que les autorités algériennes feraient tous les efforts possibles pour protéger des installations pétrolières et gazières essentielles ont renforcé cette confiance ». La commission d’investigation n’épargne ni l’état algérien, ni les trois exploitants du site : Statoil, BP et la Sonatrach.

Les entreprises pétrolières n’auraient pas pu déjouer l’attaque car « aucun scénario n’avait envisagé une attaque terroriste sur le site de cette envergure ». Le rapport souligne que Statoil aurait dû prendre « l’initiative de vérifier ou d’assurer de manière indépendante la sécurité à In Amenas », ce qui aurait pu éviter la mort de 40 personnes, dont 5 employés de Statoil, lors de la spectaculaire prise d’otage de janvier dernier, qui s’est étalée sur quatre jours et s’est conclue par une intervention armée algérienne. Cependant, le chef des enquêteurs, Torgeir Hagen, a affirmé lors de la présentation du rapport qu’ « aucune force militaire ni autre ne peut garantir une protection complète contre des terroristes déterminés sur une zone de la taille du Luxembourg située près d’une frontière poreuse séparant l’Algérie et la Libye ».

Une coordination défaillante des services de sécurité

LG Algérie

Le rapport rappelle que la sécurité à In Amenas était initialement assurée par un contractant externe, basé à Hassi Messaoud. Celui-ci jouait le rôle de liaison entre les forces militaires locales et In Amenas, et certains membres de son personnel étaient déployés sur le site. Mais en juillet 2012, cet arrangement fut modifié. Le service de sûreté interne de Sonatrach remplaça le contractant externe, ce qui déplu aux expatriés de la base d’In Amenas. Lors de l’attaque, ils continuaient à se fier aux conseils en matière de sécurité de l’ancien contractant. Résultat, lors de l’assaut conduit par 32 hommes armés, « la responsabilité de la sécurité était divisée ».

Un site mal sécurisé

En plus du manque de préparation des services de sécurité, le site n’était pas physiquement construit « pour résister ou retarder des assaillants armés, et certainement pas une attaque de cette envergure ». Le rapport admet que les assaillants aient pu être aidés par des employés internes, mais souligne qu’il est très difficile d’empêcher ce type de collaboration.

« Bien qu’imprévue et sans précédent, une attaque sur In Amenas n’aurait pas dû être entièrement inconcevable », concluent les auteurs du rapport. Ils rappellent que plusieurs notes internes à Statoil antécédentes à l’assaut évoquaient les risques posés, entre autres, par les conflits en Libye, au Mali, et par les menaces de Mokhtar Belmokhtar, qui a revendiqué la responsabilité de l’attaque.

Aucune date de retour envisagée

La commission d’investigation a commencé son travail en février, moins d’un mois après l’attaque de la base de Tiguentourine. Présidée par Torgeir Hagen, un ancien directeur des services secrets norvégiens, la commission est composée de collaborateurs prestigieux : certains proviennent des services diplomatiques britanniques, de la CIA, ou encore de l’OTAN. Ils ont effectué deux visites à In amenas, en avril et en août. Statoil n’envisage pas de redéployer ses employés sur le site d’In Amenas tant que l’entreprise ne sera pas satisfaite des nouvelles mesures de sécurité.