L’ONG américaine Robert F. Kennedy pour la justice et les droits de l’homme (RFKennedy Center) a publié vendredi un nouveau rapport sur les violations des droits de l’homme des Sahraouis au Sahara occidental occupé et a lancé un appel au Conseil de sécurité de l’ONU pour l’élargissement du mandat de la MINURSO à la surveillance des droits de l’homme.
Le document intégral intervient après le rapport préliminaire publié en septembre dernier qui avait été établi, à l’issue d’une visite effectuée en août 2012 dans les territoires occupés du Sahara occidental par une délégation de RFK Center conduite par sa présidente, Kerry Kennedy (photo), et composée notamment de juristes et d’experts mondiaux en matière de droits de l’homme ainsi que de l’ex secrétaire général de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), Erik Sottas.
Intitulé: “Vers qui se tourner: les conséquences de l’absence de surveillance des violations des droits de l’homme au Sahara occidental”, ce rapport est publié à l’approche de l’examen de la question du Sahara occidental par le Conseil de sécurité devant lequel le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, présentera son rapport annuel sur ce dossier.
A ce propos, RFK Center précise aussi que son rapport intervient une semaine après que les États-Unis aient pris “une mesure historique en élaborant un projet de résolution dotant la MINURSO du mandat de surveillance des droits de l’homme au Sahara occidental”, qui sera soumis au vote du Groupe des Amis du Sahara occidental (Etats-Unis, France, Russie, Grande-Bretagne et Espagne) et qui, en cas d’adoption, sera présenté au vote du Conseil de sécurité.
A ce sujet, le directeur des partenaires de RFK Center, M. Santiago Canton, soutient que “si l’ONU veut faire valoir que les droits de l’homme constituent un pilier de ses missions, les membres du Groupe des Amis du Sahara occidental et le Conseil de sécurité doivent créer un mécanisme au sein de la MINURSO lui permettant de recevoir, d’enquêter et d’instruire les plaintes individuelles comme celles citées dans le nouveau rapport” de RFKennedy Center.
Le rapport de RFKennedy est une véritable gifle au pouvoir marocain, persuadé que son plan de large autonomie pour « les territoires du sud » avait définitivement obtenu la bénédiction des autorités américaines. Depuis la découverte de ce rapport, qui a eu l’effet d’un tonnerre sur le ciel marocain, c’est l’union sacrée au Maroc derrière le roi. Le Palais royal a convoqué en urgence les forces politiques, une réunion qui a permis de “réitérer le consensus national” selon un communiqué.
Dans le sillage de l’institution royale, c’est l’ensemble de la scène publique marocaine qui est montée au créneau. Le “rejet” du Maroc de “ce type d’initiative partiale et unilatérale” est “catégorique”, a martelé le porte-parole du gouvernement, Mustapha Khalfi, évoquant “une atteinte à la souveraineté”. Une délégation emmenée par le conseiller royal et ex-chef de la diplomatie, Taïeb Fassi Fihri, a pris le chemin de grandes capitales, dont Moscou et Pékin.
Pour sa défense, Rabat fait valoir qu’il fait beaucoup sur les droits de l’Homme au Sahara, alors que l’an dernier le Conseil de sécurité avait prolongé le mandat de la Minurso tout en demandant au Maroc “d’améliorer la situation”. Cette semaine, neuf ONG marocaines ont écrit à Ban Ki-moon pour assurer que les droits de l’Homme avaient “toujours été au centre de (leur) attention”. Seule l’Association marocaine des droits humains (AMDH), à l’image de Human Rights Watch (HRW), s’est félicitée d’un élargissement de la mission de l’ONU. Le Sahara est une cause sacrée au Maroc, et une réunion extraordinaire s’est tenue vendredi au Parlement sur la “question nationale”.