Le rapport de la CNCPPDH sur le régime politique, Le oui mais des partis

Le rapport de la CNCPPDH sur le régime politique, Le oui mais des partis

Le régime politique en vigueur est la principale source des entraves qui se dressent face au progrès et à la promotion réelle des droits de l’Homme. Ce constat a été dressé par la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’Homme (CNCPPDH) dans son rapport annuel 2013 rendu public cette semaine.

L’institution de Me Farouk Ksentini propose dans ce sens d’opérer des réformes réelles et profondes dans ce système. A ce propos, les partis politiques ont affiché des avis mitigés face à ce bilan à l’exemple du FLN qui considère, par la voix de Saïd Bouhadja, membre du bureau politique du parti, que le régime en place renferme à la fois des insuffisances et des acquis qu’il ne faut surtout pas nier. Selon lui, les réformes engagées par la plus haute autorité du pays et qui sont en voie de consécration sont susceptibles d’accomplir d’autres acquis en faveur de la promotion des droits de l’Homme. Le parti TAJ d’Amar Ghoul part du principe que la perfection n’est pas de ce monde et que chaque régime a ses points positifs et négatifs. Il estime qu’il faut opter pour plus d’ouverture et de liberté afin de rectifier toute défaillance, même si l’Algérie est « en avance en comparaison à d’autres Etats arabes ». Le porte-parole du parti, Nabil Yahiaoui, affirme que toute réforme nécessite « l’implication de tout un chacun ». TAJ rappelle que l’Algérie a fait des sauts qualitatifs en termes de promotion des droits de l’Homme, comme en témoignent les différents rapports internationaux. Du côté du RND, Nouara Saâdia Djaâfar, porte-parole du parti, rappelle que son parti revendique un régime semi-présidentiel en remplacement du régime « présidentiel actuellement en vigueur ». « C’est ce que nous avons d’ailleurs souligné dans nos propositions dans le cadre des consultations politiques au sujet de l’éventuelle révision constitutionnelle », a-t-elle précisé, plaidant pour une complémentarité des pouvoirs. Mais selon elle, la nouvelle Constitution devra clarifier davantage le régime politique, notamment le rôle de chaque pouvoir. « L’Algérie est en train de vivre une démocratie naissante qui n’a pas encore bien évolué », a-t-elle estimé. Abdelmadjid Menasra, président du Front du changement, indique pour sa part que l’évaluation de la CNCPPDH est plutôt « correcte », dans la mesure « où le régime actuel n’est pas démocratique et ne consacre pas l’alternance au pouvoir ». Menasra dit partager l’analyse de Me Ksentini et rappelle que son parti a initié dans ce sens le projet de l’entente démocratique dans l’objectif justement d’opérer une mutation démocratique véritable. « C’est au peuple de changer le régime. Notre régime n’a toujours pas subi de changement à travers la démocratie. Il tolère l’impunité et l’hégémonie. Ce qui porte atteinte à l’un des premiers droits des Algériens, celui de changer et de juger les gouvernements », soutient-il. Djelloul Djoudi, porte-parole du PT, se contente de noter que le régime qui sied le plus au pays est de type parlementaire. La question à poser aujourd’hui, selon lui, est de savoir s’il est possible de mettre en place actuellement un régime politique qui réponde aux exigences de l’heure ? « Il faut d’abord procéder au changement de certaines lois, telles que la loi électorale pour aboutir à des élections libres et transparentes, et ce, dans le cadre d’une nouvelle République basée sur de nouveaux fondements politiques », souligne Djoudi.

Karima Alloun Kordjan