Le rapport caché de l’OMS sur les crimes US en Irak

Le rapport caché de l’OMS sur les crimes US en Irak
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Suite à la parution fin 2014 du classement Censored 2015, programme universitaire répertoriant les 25 informations les plus importantes au niveau mondial et censurées par la presse, il apparait que l’OMS a censuré son propre rapport établi avec l’aide du ministère irakien de la Santé concernant l’enquête sanitaire effectuée en Irak et portant sur les conséquences des bombardements américains et britanniques auprès de la population. Cette enquête a été menée auprès de 10 800 ménages dispersés dans 18 districts, à raison de 600 ménages par district.

Nous aimerions savoir comment le Dr Ala Alwan, qui a gravi tous les échelons de l’OMS depuis 1992 pour finir par être nommé Directeur Régional en 2012, en passant par les portefeuilles ministériels de l’Education et de la Santé en Irak entre 2003 et 2005, peut justifier l’omerta étouffant les résultats de cette enquête réalisée dans son propre pays. Evidemment, on ne s’étonne plus de rien quand on sait que les fonds de l’OMS proviennent, outre la Fondation des Nations Unies, de l’USAID (United States Agency for International Development) et du DfiD britannique (Départment for international Development). L’USAID est soumis aux directives du Président des Etats-Unis, du Secrétaire d’Etat et du Conseil national de Sécurité, quant au DfiD britannique, il est dirigé par la Secrétaire d’Etat au Développement International, Justine Greening, et le numéro deux n’est autre que le ministre d’Etat Alan James Carter Duncan qui a fait carrière dans l’industrie pétrolière Royal Dutch Shell et qui est aussi membre du groupe Conservative Way Forward que présidait la criminelle Margaret Thatcher, tandis que la sous-secrétaire d’Etat est Lynne Featherstone Choona de la riche famille propriétaire des magasins Ryness, et qui s’est fait taper sur les doigts pour avoir dépensé £22 000 en un mois en frais de papeterie pour son bureau au ministère.

Selon de nombreux médecins irakiens, la contamination par les munitions à l’UA est à l’origine de fortes hausses des malformations congénitales, des cas de cancer et d’autres maladies dans une grande partie de l’Irak. Dr Mozhgan Savabieasfahani, toxicologue à l’Ecole de Santé publique de l’Université du Michigan, a déclaré que «l’Irak est empoisonné et une telle enquête approfondie concernant la santé publique devrait être publiée et largement diffusée afin d’attirer le soutien et l’expertise internationale». D’après elle, «des experts médicaux, des toxicologues environnementaux, des épidémiologistes, du personnel d’assainissement et des spécialistes de l’environnement devraient être convoqués de toute urgence pour résoudre cette crise et sauver des vies humaines». Déjà en mars 2013, la BBC avait diffusé un reportage dans lequel un officiel de haut rang du ministère irakien de la Santé à Bagdad avait déclaré que « toutes les études effectuées par le ministère de la Santé prouvent avec des faits accablants qu’il y a eu une hausse des malformations congénitales et des cancers en Irak ». Au cours de ce documentaire intitulé « Born under a bad sign », deux autres chercheurs du ministère de la Santé irakien avaient affirmé que «les cancers et les malformations congénitales constituent une crise majeure pour la prochaine génération d’enfants», confirmant des hausses simultanées de cancers et d’anomalies congénitales dans les trois gouvernorats de Ninive, d’Anbar et de Najaf, et reliant ce phénomène aux munitions utilisées par les armées américaine et britannique.

De nombreux médecins irakiens tentent d’alerter la communauté internationale depuis des années pour obtenir de l’aide, relayés par des personnalités de premier plan au niveau international. En vain. Suite au blocage du rapport, 58 sommités issues du monde scientifique, intellectuel, des professionnels de la santé et des défenseurs des droits humains ont écrit en mai 2013 à l’OMS et au ministère irakien de la Santé pour demander la libération immédiate dudit rapport. Aucune réponse n’a été apportée à cette lettre signée par des universitaires du monde entier, parmi lesquels figuraient Noam Chomsky, Ken Loach, John Tirman, le Dr Mozhgan Savabieasfahani, et des organisations comme Human Rights Now du Japon, Health Alliance International, et bien d’autres personnes éminentes du monde scientifique et intellectuel. Devant cette obstruction délibérée, Hans von Sponeck, ancien secrétaire général adjoint des Nations Unies et membre du Tribunal BRussels a déclaré : «Le gouvernement américain a tout fait pour empêcher l’OMS d’enquêter dans les zones du sud de l’Irak où de l’uranium appauvri a été utilisé et a causé de graves dommages sanitaires et des risques environnementaux».

Les autorités américaines admettent avoir utilisé 320 tonnes d’UA, chiffres contestés par la fondationLAKA d’Amsterdam qui estime le nombre réel plus proche de 800 tonnes larguées en Irak pendant la guerre de 1991, et 1200 tonnes lors de son invasion de 2003. En 1991, l’armée américaine a tiré près d’un million d’obus en trois jours sur les milliers de réfugiés et de soldats irakiens battant en retraite sur la route de Bassorah.

Très rapidement, certaines régions du sud de l’Irak ont vu une augmentation annuelle de 350 % de cas de leucémie, de déficiences immunitaires, de cataractes et de dysfonctionnements rénaux. Les statistiques officielles du gouvernement irakien montrent qu’avant le déclenchement de la première guerre du Golfe en 1991, le taux des cas de cancer était de 40 sur 100 000 personnes. En 1995, il avait augmenté à 800 sur 100 000, et en 2005, il avait doublé pour atteindre au moins 1 600 individus sur 100 000. Les estimations les plus récentes montrent la poursuite régulière de cette progression. « Le monde doit savoir que les Irakiens ont été victimes de l’agression infligée par l’utilisation de munitions à l’uranium appauvri par les troupes américaines et britanniques au cours de ces guerres, et que cela constitue un génocide », a déclaré le Dr Jawad al-Ali, médecin oncologue expert au Centre de traitement du cancer de Bassorah. Il estime qu’il existe 300 sites à travers l’Irak qui sont contaminés par le rayonnement des munitions à l’UA. « Avant la guerre du Golfe, nous avions deux ou trois patients atteints du cancer par mois, maintenant, 30 à 35 personnes meurent chaque mois. Nos études indiquent que 40 à 48 % de la population aura un cancer dans un délai de cinq ans ». Sachant que l’OMS chiffrait la population irakienne à 33 765 000 habitants en 2013, nous pouvons évaluer qu’environ 15 000 000 de personnes seront atteintes d’un cancer dans les prochaines années n

A suivre