La majorité des Algériens pense déjà à l’Aïd. Les familles ont l’esprit tourné vers les achats de vêtements et de gâteaux qui accompagnent cette occasion.
Dans moins d’une semaine, le Ramadhan ne sera plus qu’un souvenir. Pourtant, il ne sera pas vite oublié ni rangé dans le rayon des nostalgies. L’an de grâce 1434 marque à bien des égards un tournant. La plupart d’entre nous auront constaté en effet que le mois sacré a été différent. Un air de sérénité a flotté sur un pays moins stressé et qui renoue avec de bonnes habitudes.
Certes, les accidents sur les routes ont encore viré à l’hécatombe et la nervosité des uns a altéré la quiétude des autres dans les lieux publics. Mais comme un homme qui se libère d’un grand poids, le Ramadhan a été vécu sans cette terrible pression qui des années durant en a fait une épreuve pour les nerfs et le pouvoir d’achat. Il suffit de lire les journaux et de tendre l’oreille aux discussions de bureau ou de quartier.
Pour une fois, les lamentations et les plaintes se sont grandement atténuées. On a même l’impression que beaucoup voudraient bien voir se prolonger cette séquence bienfaisante. On appréhende davantage les jours qui vont venir quand quelques années auparavant l’arrivée de l’Aïd était perçue comme un moment de soulagement. La hantise en ce mois aura été depuis toujours la flambée des prix.

Les citoyens déploraient à cor et à cri la voracité des commerçants et l’absence de contrôle. Etrangement, on aura peu entendu cette lassante antienne car la disponibilité des produits de large consommation et des fruits a été assurée. Les marchés n’ont pas flambé. Les hausses de quelques fruits est raisonnable. Dans beaucoup d’endroits, les prix ont été divisés par deux, voire par trois. Les Algériens ont surtout rompu massivement avec la morosité. Des marées humaines ont déferlé sur les rues et les placettes dans toutes les villes. Manifestement, beaucoup de familles ont retrouvé le goût des sorties nocturnes. Les différents services publics comme les transports, les postes et quelques APC ont fonctionné. De grandes files d’attente ont été enregistrées devant des surfaces commerciales et des salles de spectacles.
Cela atteste la fin d’une époque où le risque des attentats empêchait les gens de profiter même de la fraîcheur. La vue de nombreuses jeunes femmes qui déambulent, sans contrainte aucune, marque aussi le recul de la violence. Aujourd’hui, des troupes étrangères se produisent dans les salles de la capitale et d’ailleurs. On peut sans doute regretter de voir certaines vedettes se confiner dans des espaces où les prix d’accès son exorbitants.
Néanmoins, le pays n’est plus une destination à risque et retrouve lentement mais sûrement des réflexes d’une vie non corsetée par les interdits des moralisateurs. Le mois sacré retrouve sa vocation d’antan, celle où les Algériens s’acceptent mutuellement. La propension des uns au divertissement avait toujours cohabité avec une pratique cultuelle plus apaisée et plus visible en ce mois béni.
H. Rachid