Le rachat de Djezzy bute sur son refus de donner libre accès à sa banque de données

Le rachat de Djezzy bute sur son refus de donner libre accès à sa banque de données
le-rachat-de-djezzy-bute-sur-son-refus-de-donner-libre-acces-a-sa-banque-de-donnees.jpg

Les responsables de Djezzy, filiale de la firme de téléphonie mobile égyptienne Orascom, cachent-il des secrets aux autorités algériennes ? Font-ils preuve de rétention de données confidentielles qui empêcheraient la conclusion d’un accord de rachat de l’opérateur entre le gouvernement algérien et le nouveau propriétaire, le groupe russe Vimpelcom ? Lancée janvier 2011, l’opération d’évaluation de la valeur de Djezzy, premier opérateur en Algérie avec 15 millions de clients, patine alors qu’elle devait être bouclée au début de l’automne.

Selon le ministre algérien des Finances, Karim Djoudi, l’évaluation de la valeur de Djezzy bute sur la conclusion d’un accord de confidentialité entre les autorités algériennes et Vimplecom, nouveau propriétaire d’OTH, maison mère d’OTA.

En janvier 2011, le gouvernement algérien avait engagé le cabinet Shearman & Sterling pour faire une évaluation de la valeur de Djezzy.

Pour obtenir le contrat, le cabinet avait soumissionné pour un montant de 2,155 millions de dollars et proposé un délai de 100 jours pour l’achèvement de cette évaluation.

Onze mois plus tard, le cabinet n’est toujours pas en mesure de remettre son étude. D’où les blocages que connait encore aujourd’hui l’opération.

Interrogé lundi 28 novembre par l’APS pour savoir si l’évaluation a été achevée, le ministre a ajouté : « bien sûr que non, parce que pour pouvoir faire une évaluation, il faut qu’on ouvre les data room, et pour ouvrir les data room, il faut un accord de confidentialité et cet accord et tributaire d’un accord entre les deux parties ».

« Les deux parties ne se sont pas encore entendues sur l’accord de confidentialité, la conclusion a buté sur certaines contraintes d’ordre légal », a précisé le ministre qui s’est gardé d’en dire davantage.

Que prévoit cet accord ? C’est un haut responsable financier qui a requit l’anonymat qui en a donné les contours à l’APS. Selon lui, les autorités algériennes et le groupe russe Vimpelcom, « vont s’engager à ne pas dévoiler les contenus de la négociation ou de l’arrangement s’il y a un arrangement, et les propositions y afférentes ».

Que prévoit la confidentialité ? Elle concerne en plus des propositions des deux parties, la cotation de l’action Djezzy sur le marché et l’évaluation patrimoniale, a précisé la même source à l’APS.

Quid des contraintes légales qui entravent la conclusion de l’accord de confidentialité ? Elles se rapportent, toujours selon la même source, notamment à la règle 49%-51% relative à la répartition du capital en cas de cession de participations des actionnaires étrangers ou au profit d’actionnaires étrangers.

Qu’est ce que le data room? C’est en quelque sorte la chambre qui renferme l’ensemble des données de l’opérateur téléphonique concernant ses clients, ses opérations, ses transactions financières. Bref, la data room représente le disque dur de Djezzy depuis sa mise en service en Algérie en 2002.

Qui en bloque l’accès ? L’opérateur Djezzy, propriétaire des données.

Considérant le gouvernement algérien comme un « racheteur » potentiel, Djezzy freinerait des deux pieds pour le priver des informations dont il aura besoin pour fixer un prix. Ou plus simplement le mettre dans une situation où il deviendrait difficile de mettre sur pied un plan d’acquisition intelligent.

Selon nos informations, l’opérateur exige que, dans le cas où il accepterait de fournir ses données au cabinet Shearman, ce dernier devrait signer un accord de confidentialité pour empêcher le gouvernent algérien de jeter un œil sur le data-room.

Citant une source gouvernementale algérienne qui a souhaité garder l’anonymat, l’agence Reuters affirmait lundi 06 juin 2011 que le retard pris sur l’évaluation de la valeur de Djezzy est due essentiellement au fait que l’opérateur refuse d’ouvrir ses portes au cabinet Shearman pour qu’elle puisse récolter les informations nécessaires pour établir cette évaluation financière.

« L’évaluation n’a pas été faites parce que Djezzy refuse d’autoriser Shearman d’avoir accès à sa banque de données », révèlait cette source à Reuters.

Elle précisait encore que Djezzy souhaitait faire signer un contrat de confidentialité (non-disclosure), à travers lequel Shearman & Sterling s’engagerait à ne pas communiquer à aucune autre partie les informations qu’elle aurait obtenues de la firme Djezzy.

Faute d’un accord sur le data room, les négociations patinent.