Depuis des semaines, la chronique politique est animée par une vive polémique au sujet de la charte de la laïcité, dite charte des valeurs québécoises, qui vise à interdire le port de signes religieux ostentatoires dans la Fonction publique.
Le projet, qui n’a pas encore atterri à l’Assemblée nationale, soulève un tollé de critiques de la part des communautés culturelles. Les musulmans, notamment les femmes voilées, se disent visés par ce projet qui, selon eux, ne travaille pas à “l’intégration des immigrants.”
Une vive polémique est instaurée depuis que le projet de charte est rendu public par le ministre des Institutions démocratiques et de la Participation citoyenne du Québec. Pro et anti-charte se déchirent à coups de commentaires, pétitions et manifestations publiques.
Dimanche, au lendemain de la marche de soutien à la charte proposée par le Parti québécois (au pouvoir), des centaines de personnes, essentiellement des Maghrébins, sont descendues dans la rue à Montréal pour dénoncer la charte. La manifestation a été organisée par l’Association des musulmans et des Arabes pour la laïcité au Québec, le Congrès maghrébin au Québec et les Québécois musulmans pour les droits et libertés.
Les organisateurs, qui disent admettre le principe de la neutralité religieuse de l’État, estiment que certains articles de la charte sont porteurs de discrimination à l’égard des femmes musulmanes. Pour eux, il s’agit d’une stigmatisation de plus à l’égard des musulmans qui ont déjà des difficultés d’intégration dans le marché du travail, à cause, justement, de préjugés tenaces. C’est que le projet du ministre Bernard Drainville projette d’interdire le port de signes religieux ostentatoires dans la Fonction publique. Les signes visés sont essentiellement la croix chrétienne, la kippa juive et le voile islamique. Si une majorité de Maghrébins se dit contre la charte, il s’en trouve d’autres qui soutiennent le projet du gouvernement de Pauline Marois (Première ministre). Ces derniers, structurés dans l’Association québécoise des Nord-Africains pour la laïcité, militent pour une inclusion et une intégration harmonieuse des nouveaux arrivants. L’opinion reste partagée au sujet de ce projet qui n’est pas dénué d’arrière-pensées politiques, lorsque l’on sait que le parti au pouvoir est minoritaire et que, par ce projet, il chercherait à conforter sa position en surfant sur la fibre religieuse qui n’a pas bonne presse dans un Québec qui a vécu sa révolution tranquille, il y a cinquante ans…
Y. A