Le protocole d’ouverture de session SIP (Session Initiation Protocol) est massivement utilisé dans la téléphonie sur IP. Grâce à la convergence entre les technologies numériques et celles de la téléphonie, ce protocole est devenu, à la voix sur IP, depuis 2007, ce qu’est le protocole HTTP au web.
De nombreuses applications mobiles se sont démocratisées ces dernières années grâce au protocole SIP. Et les exemples ne manquent pas. La messagerie instantanée, la visiophonie, la réalité virtuelle, les jeux vidéo et autant de services technologiques désormais incontournables et populaires. Essayons, très concrètement, de suivre pas à pas la conquête rapide de la téléphonie de nouvelle génération par le protocole SIP face aux protocoles H.323. Il est à rappeler que pour transporter la voix sur un réseau IP, deux protocoles au moins sont utilisés : un pour la signalisation, un autre pour la communication vocale. Conçu initialement pour superviser la tenue de visioconférences sur internet, le SIP vient de se charger de la signalisation de niveau applicatif. Il permet d’établir, de changer ou de terminer des sessions multimédias interactives sur IP entre des terminaux. Des messages, sous format texte, sont ainsi envoyés, pour accepter ou refuser un appel, ou encore indiquer une occupation. Ce protocole peut donc être assimilé à une boîte à outils, composée de commandes software permettant le déploiement de nouvelles applications de communication d’entreprise, qui dépassent la téléphonie traditionnelle pour atteindre la communication numérique.
Fondé, il y a une vingtaine d’année, autour de la philosophie d’internet, ce protocole a été défini par l’IETF (Internet Engineering Task Force), l’instance internationale en charge des protocoles de l’internet. Il obéit à une architecture composée de trois types d’équipements. Des User Agents tels que les soft phones et les caméras vidéo, des Registrar dont le rôle est de mémoriser l’adresse IP des User Agents et des Proxy SIP qui servent d’intermédiaire entre deux User Agents. Son intérêt réside dans son prix de mise en œuvre, car il n’exige pas d’équipements de terminaison numérique et parce que les PBX en IP, sur lesquels ils sont exclusivement appliqués, sont peu coûteux. De plus, ses canaux à longue distance sont moitié moins chers que les circuits MIC de la téléphonie traditionnelle. Créé par Jonathan Rosenberg, ancien responsable de la stratégie produit de Skype qui a rejoint l’équipe de Cisco pour s’occuper des projets Cloud et les solutions de téléprésence, le protocole SIP ne vise pas à refaire la téléphonie traditionnelle mais à enrichir le poste de travail en matière de services via le développement d’applications XML.
D’innombrables applications
pour un même protocole
En d’autres termes, on ne parlera plus de communication téléphonique mais d’une session multimédia. Cette dernière facilite la collaboration entre les outils qui sont les briques de base des communications unifiées du marché. En effet, SIP permet, en plus de la conversation téléphonique classique, la conférence, la gestion de la présence, la messagerie instantanée et le partage d’applications. Il faut dire que le protocole d’internet IP a généré un ensemble indéterminé d’applications puisque la voix et la data passent désormais par des tuyaux identiques. Cette situation a multiplié les acteurs et les solutions dans le marché de la téléphonie IP. Ce qui a permis de rendre aujourd’hui les différentes offres très abordables. Ainsi, SIP est en train de devenir l’unique protocole de la VoIP (Voice over IP) disponible sur les terminaux. A titre d’exemple, Microsoft l’a choisi pour ses produits de communication d’entreprise (Office Communication Server).
Google, qui, sur la nouvelle version de Google Talk utilise un protocole de messagerie instantanée (XMPP/Jabber), a annoncé récemment se préparer à supporter le SIP et Avaya qui a intégré ce protocole dans son logiciel de téléphonie IP Avaya Control Manager 8.0.1 afin de rendre possible la co-résidence sur un même serveur et d’éliminer les coûts et les problèmes de gestion liés à l’utilisation de plusieurs serveurs. Cette situation a fait émerger une norme appelée SIPconnect.
Elle est destinée à faire fédérer au sein du «SIP Forum» les grands acteurs industriels du domaine afin de régler les problèmes d’interface entre PBX et les différents réseaux des exploitants y compris les nouveaux acteurs industriels impliqués dans le développement du Cloud Computing. Cependant, le SIP n’est pas le protocole ultime, d’autres sont à l’étude. L’un des plus prometteurs étant l’AMS (Advanced Multimedia System). Promu par l’ITU, ce protocole a été normalisé en 2011.
F. F.