Visiblement, les Égyptiens, en sport comme en économie, ont, ces derniers temps, une tendance instinctive de politiser les litiges qui les opposent à l’Algérie.
Par incapacité de régler de façon appropriée les mésententes ou par un comportement machinal à les mettre en méli-mélo à dessein de semer la confusion, les Pharaons préfèrent disputer les rencontres en dehors des terrains d’origine en conférant aux dossiers de discorde une connotation éminemment politique.
Si le foot a pu démaquiller les intentions inavouées du Caire vis-à-vis d’Alger, battant dès lors les records du ridicule et de l’absurdité à travers le monde, l’affaire Orascom Télécom s’en succède et tout porte à croire que cette dernière s’achemine vers un autre scénario d’inconvenance qui risquerait de faire entrer les relations économiques avec l’Algérie dans une longue phase de disette.
En effet, après avoir échoué dans sa tentative de contourner la législation en entamant des discussions avec MTN sans que le gouvernement algérien n’ait été au préalable informé, le président d’Orascom Télécom, Naguib Sawiris, aux dires du porte-parole d’Orascom Manal Abdel Hamid, «a demandé au ministre des Affaires étrangères égyptien d’arranger une rencontre entre lui, le Premier ministre algérien et les ministres concernés, afin de clarifier les inquiétudes du gouvernement algérien».
Que cherche Naguib Sawiris, en sollicitant la courte échelle de son ministre des Affaires étrangères pour rencontrer Ahmed Ouyahia? Et pour en discuter de quoi? Des inquiétudes du gouvernement algérien ?
Les lois régissant l’investissement en Algérie sont pourtant claires : l’État algérien possède le droit de préemption sur toute cession de l’opérateur égyptien à un opérateur étranger. Alors à quoi songe Sawiris? Si ce n’est de donner un aspect politique à une affaire purement économique et commerciale.
Pour rappel, mardi dernier, Weather Investments, maison mère d’Orascom Télécom Holding (OTH), et le sud-africain MTN, premier opérateur mobile africain, ont confirmé la présence d’un rapprochement entre les deux groupes concernant les actifs africains d’OTH, en Algérie, en Tunisie, en Égypte et au Zimbabwe. 24 heures après la confirmation des pourparlers, le gouvernement algérien a, catégoriquement, brondi son opposition sur tout transfert total ou partiel de propriété de sa filiale algérienne OTA vers MTN.
«Le gouvernement s’oppose au projet de transaction entre MTN et Orascom, en ce qui concerne la société OTA et s’oppose ainsi à tout transfert total ou partiel de propriété de cette entreprise de Orascom vers MTN.
Toute transaction concernant donc OTA sera nulle et non avenue, et pourrait aboutir au retrait de la licence de téléphonie concédée à cette entreprise de droit algérien », lit-on dans un communiqué du ministère de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication qui a succédé au propos annoncés, le même jour, par le ministre des Finances Karim Djoudi.
Selon ce dernier, dans le cas où il s’agit de cession de participations par une société étrangère activant en Algérie, «le premier élément est (que la loi dispose) que l’État a un droit de préemption, le second élément est que nous avons la possibilité de prendre 51% du capital, et le troisième élément est que toute transaction qui est opérée en Algérie sur des actifs par des non-résidents donnera lieu à un payement de 20% de plus-values réalisées», a-t-il détaillé.
Il faut dire que Orascom Télécom n’est guère à sa première tentative de faire cavalier seul concernant le sort de ses filiales en Algérie sans pour autant aviser les autorités algériennes. Il ne s’agit que de rappeler que l’opérateur égyptien s’est substitué à l’État dans le choix de ses partenaires étrangers en cédant Orascom Cement au groupe français Lafarge et ce en dépit des réticences du gouvernement.
En attendant, le règlement de cette affaire, toutes les opérations de transferts de capitaux par OTA vers l’étranger sont gelées jusqu’à assainissement de la situation fiscale de cette entreprise pour les transferts de ses dividendes, conformément à la loi algérienne en vigueur.
Hamid Mohandi