Le projet de loi sur les hydrocarbures permet la couverture des besoins énergétiques du pays à long terme, Yousfi défend les gaz de schiste

Le projet de loi sur les hydrocarbures permet la couverture des besoins énergétiques du pays à long terme, Yousfi défend les gaz de schiste

D’ici dix ans, l’Algérie pourrait être le premier exportateur mondial des gaz non conventionnels, à en croire les données fournies à ce sujet. Le premier client potentiel de l’Algérie est la France, lequel pays a fini par s’interdire la facturation des gaz non conventionnels, et se défend d’aller dans des expériences d’exploitation dans des pays comme l’Algérie.

Cependant, le France ne manquera pas d’acheter les gaz de schistes algériens. Pour l’Etat Algérien, le développement économique (et démographique) oblige le recours à cette ressource. L’économie algérienne est entièrement dépendante des hydrocarbures.

Le pays est le huitième producteur de gaz naturel dans le monde. Or nous possédons 17.000 milliards de mètres cubes de gaz non conventionnel, soit quatre fois plus que les réserves conventionnelles. Pas question pour l’Algérie de passer à côté de cette manne, même cela nous coutera une fracturation hydraulique et notamment la grande consommation d’eau liée à cette technique, alors que notre pays connait un stress hydrique.

En effet, le Ministre de l’Energie et des Mines, M. Youcef Yousfi a affirmé mercredi soir que le nouveau projet de loi sur les hydrocarbures permettrait de couvrir les besoins énergétiques de l’Algérie à long terme à travers l’intensification des activités d’exploration et de forage des hydrocarbures conventionnels et non conventionnels.

M. Yousfi a indiqué en réponse aux questions des députés sur le projet de loi présenté mardi à l’Assemblée populaire nationale (APN) que la couverture des besoins du pays en énergie «est une priorité» pour les autorités algériennes, ajoutant que «la réflexion sur l’avenir des générations futures et la mise en place des moyens nécessaires pour garantir le bien-être et la prospérité de ces générations relèvent désormais de la responsabilité de tous».

Il a souligné la croissance démographique que connaît le pays (60 millions d’habitats à l’horizon 2040) et l’augmentation continue du volume des besoins en produits énergétiques précisant que la consommation électrique gaz devrait atteindre en 2040 un volume de 200 milliards GW/h alors que la consommation de gaz passera de 30 à 100 milliards M3 par an durant la même période.

Après avoir affirmé que la satisfaction de ces besoins nécessitait la mobilisation à moyen et à long termes de toutes les ressources énergétiques conventionnelles et non conventionnelles, renouvelables et alternatives, le ministre à appelé les députés à «adopter ce texte de loi vu son importance dans l’action visant à assurer une meilleure couverture énergétique au pays d’autant que les réserves actuelles en hydrocarbures conventionnels ne sont pas énormes à long terme».

Il a en outre appelé à «ignorer les voix émanant d’outre mer appelant à s’abstenir d’exploiter les hydrocarbures non conventionnels sous prétexte de leurs conséquences néfastes sur l’environnement et sur les réserves du pays en eau».

Le ministre a reconnu que les besoins du pays en hydrocarbures conventionnels ne suffisaient pas à satisfaire les besoins des générations futures, M. Yousfi a indiqué que «nous devons ignorer les propos de ceux qui polluent le monde et nous demandent ensuite de préserver l’environnement » «l’Algérie n’est pas responsable de la pollution qui touche le monde», a-t-il dit. «A l’horizon 2030, notre consommation en produits énergétiques se chiffrera entre 80 et 85 milliards de dollars par an.

Si nos ressources conventionnelles venez à tarir et si nous décidons de ne pas exploiter les hydrocarbures conventionnels, comment pourrions nous régler cette facture sans un niveau acceptable d’exportations d’hydrocarbures », a expliqué le ministre rappelant «les difficultés que connaissaient l’Algérie au milieu des années 90 pour assurer ses besoins en raison de la baisse des cours du pétrole mais également en raison du manque de moyens de production d’hydrocarbures durant cette période».

Le ministre a relevé dans ce cadre que les importations de l’Algérie au cours de l’année précédente sont estimés à prés de 60 milliards de dollars s’interrogeant sur «la valeur de nos importations à l’avenir avec la croissance démographique».

M. Yousfi a affirmé en outre que l’exploitation d’un seul puit pour l’extraction du gaz de schiste nécessitait l’utilisation de 10 à 15.000 M3 d’eau pour appliquer la technique de l’hydrofracturation alors que le volume global des besoins de l’Algérie en cette source énergétique est estimé à environ 600 millions M3 sur les 40 prochaines années, sachant qu’il est possible d’extraire entre 80 et 85% de ces eaux utilisées en les réutilisant de nouveau. L’Algérie exploite annuellement 70 millions M3 dans l’extraction du pétrole, a-t-il précisé.

Il a souligné dans le même contexte que les produits utilisés avec l’eau dans la technique d’hydrofracturation «n’ont pas d’effets néfastes sur l’environnement», comme certains le pensent, affirmant que l’exploitation du gaz de schiste n’était pas un «cadeau empoisonné» comme il a été souligné dans les interventions de nombreux députés.

Le ministre a ajouté que la plus part de ces produits (20 produits) qui constituent un mix auquel s’ajoute le sable et l’eau pour l’extraction du gaz de schiste «sont utilisés dans l’industrie alimentaire et même pour certains dans la fabrication des couches bébés».

Toujours concernant la technique de l’hydrofracturation, M. Yousfi a fait savoir que cette technologie ne datait pas d’aujourd’hui et qu’elle a déjà été expérimentée durant les années 70 où pas moins de 1.000 opérations ont été effectuées aux Etats unis et ont toutes été couronnées de succès.

Par ailleurs, prés de 25% des réserves du champ de Hassi Messaoud- le plus grand gisement d’hydrocarbures en Algérie – peuvent être extraits par des techniques conventionnelles, at- il dit, ajoutant que «jusqu’à aujourd’hui nous avons exploiter 13% de ces réserves alors que nous ne pouvons exploiter le reste que par des techniques non conventionnelles ».

Il a souligné enfin que le gaz de schiste était «en vérité une source énergétique conventionnelle mais les techniques de son extraction sont non conventionnelles, et par conséquent, il s’agit, lorsqu’on parle de conventionnel et de non conventionnel, non pas des hydrocarbures mais de technique d’extraction».

LES AUTRES RESSOURCES

A une question sur le développement des énergies renouvelables outre celles du charbon et du nucléaire, le ministre a rappelé le programme adopté par le gouvernement depuis deux ans portant sur le développement des énergies renouvelables avec des investissements publics de plus de 100 milliards de dollars d’ici 2030 ajoutant que la production ne couvrira alors que le tiers de la consommation de l’Algérie en électricité.

Sur la possibilité d’utiliser le charbon, M.Yousfi a indiqué que la région de Bechar recèle d’importants gisements de quelque 300 millions de tonnes de cette sources d’énergie relevant toutefois que les faibles moyens d’exploitation disponibles actuellement ne permettaient pas une bonne utilisation de ces réserves.

Cela demande également, a-t-il soutenu, des techniques non conventionnelles en matière d’extraction. Il a en outre rappelé la possibilité d’installer une station électrique qui fonctionne avec le charbon ou avec le gaz de charbon mais cela ne couvrira, a-t-il déploré, que «10% des besoins du pays à l’horizon 2030″.

Concernant l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, le ministre a estimé que cela ne pourra se faire qu’à long terme car la réalisation d’une centrale nucléaire se fait en 15 à 17 ans ajoutant que l’Algérie ne pourra pas réaliser plus de deux stations dont le fonctionnement nécessite de grandes quantités d’eau.

La France utilise annuellement quelque 40 milliards de m3 d’eau pour fournir son parc de stations nucléaires, a-t-il rappelé. M. Yousfi a par ailleurs rappelé que plusieurs pays européens affichent des craintes quant à l’utilisation des énergies non conventionnelles aux plans régional et international pour son impact sur l’environnement et l’émergence de nouvelles sources alternatives.

«Je ne dis pas que nous allons renoncer aux énergies renouvelables ou nucléaires, mais celles-ci ne couvriront pas les besoins énérgétique de l’Algérie», a indiqué le ministre soulignant toutefois que le développement des hydrocarbures non conventionnels était un choix incontournable pour répondre aux besoins en matière d’énergie et au financement des projets d’investissement.

«Les hydrocarbures représentent jusqu’à 90% de nos besoins et nous n’avons pas d’alternative jusqu’à 2030″, a-til encore indiqué. Concernant le rendement ces hydrocarbures, M. Yousfi a rassuré que les réserves de l’Algérie en gaz de schiste sont inépuisables et s’étalent «de Timimoune (Adrar) à In Salah (Sudest) outre des poches à Tindouf et à Illizi avec une rentabilité d’environ 1,5 milliards de m3 de gaz par kilomètre, «c’est un taux important», a-til estimé.

Pour ce qui est de l’emploi, le ministre prévoit que l’exploitation du gaz de schiste avec les activités énergétiques et industrielles y afférentes devront créer quelques 100.000 nouveaux emplois auxquels s’ajoutent les employés actuels dans le secteur des hydrocarbures estimé à près de 100.000 travailleurs.

Rassurant les membres de l’APN et l’opinion publique, M. Yousfi a rappelé que le secteur des hydrocarbure employait actuellement 15000 ingénieurs et techniciens supérieurs «qui connaissent bien leurs tâches». «Soyons confiants quant à nos cadres et je vous assure que les intérêts du pays resteront préservés car la souveraineté du pays est indiscutable».

Abordant les activités d’exploration dans le cadre du renforcement des réserves du pays en matière des hydrocarbures, M. Yousfi a indiqué que l’année 2013 «verra le parachèvement des études sismologiques offshore en prélude à l’exploration» ajoutant que les travaux d’exploration «seront entamés avec des partenaires brésiliens et que l’adoption par le parlement de la nouvelle loi sur les hydrocarbures constituera le cadre juridique de ces activités».

«Oublions nos appartenances politiques et plaçons l’intérêt du pays en dessus de toutes considération à travers notamment cette loi qui préserve et renforce la souveraineté nationale sur ses richesses».

Red B.