Le siège du Conseil constitutionnel
Les prochains jours seront donc chargés de surprises, de rebondissements, de révélations, d’accusations et de coups bas comme c’est la règle en politique.
Le projet de la révision de la Constitution susurré par les officiels a brisé les chaînes de l’inertie et réveille une classe politique plongée dans un coma artificiel. En trois jours, trois déclarations des poids lourds du pouvoir, notamment Ould Khelifa, président de l’APN, Medelci, président du Conseil constitutionnel et Bensalah, président du Sénat, ont ravivé les appétits politiques.
L’annonce des trois présidents est venue perler un tissu politique amorphe. La fin de l’inertie politique. Du coup, la scène s’emballe et les choses semblent s’accélérer… tout le monde fera semblant. Il faut s’attendre dans de pareils rendez-vous que les langues se délient. Les prochains jours seront donc chargés de surprises, de rebondissements, de révélations, d’accusations et de coups bas comme c’est la règle en politique. La saison des coups bas politiques est ainsi ouverte. On nous servira à peu près de tous les ragoûts: des diagnostics apocalyptiques de la situation économique du pays, des lendemains sombres cela du côté de l’opposition. Et du côté des partis alliés du pouvoir on aura droit à une Algérie où tout est rose, la fin du chômage, de la crise du logement, l’instauration de l’Etat de droit et on nous vendra des utopies lointaines. Mais le vrai débat sur cette révision constitutionnelle n’est même pas à l’ordre du jour. Pas la moindre conférence, le moindre meeting n’est annoncé d’un côté comme de l’autre sur cette loi qui guidera les générations futures. Pressée, l’actuelle direction du FLN cède à sa voracité. Le vieux parti garde intactes ses dents et ne perd jamais l’appétit pour la politique des coulisses. Le FLN veut un «pack gouvernemental» complet: le poste de Premier ministre et la majorité des ministres. C’est à partir de Sétif que Amar Saâdani a lancé ce pavé dans la mare. D’abord il revendique haut et fort le poste de Premier ministre pour son parti qui est majoritaire et plus encore, il annonce que le prochain gouvernement sera uniquement composé de ministres politiques, en d’autres termes à majorité FLN. A se demander si cette déclaration n’est pas la fin de parcours de son auteur lui même. C’est au moment de sa mort que le cygne chante.

Mais la manière et surtout le contexte dans lequel a été faite cette annonce laisse supposer une arrière-pensée politique. Comme s’il s’agissait de calmer le jeu après un terrible déchaînement inexpliqué, surtout du secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, contre des partis de l’opposition qu’il qualifie de «formations sans programme et sans base militante», voire même de partis antinationalistes. Ou alors n’est-il pas question d’occuper ces partis trop bruyants, trop visibles? On a l’impression, qu’un os a été jeté dans la rue et l’opposition au lieu de se baisser pour ramasser le pouvoir, tombe sur cet os à l’odeur alléchante de l’amendement de la loi fondamentale.
Le printemps est là, jeune et tendre noyant Alger de soleil. C’est la saison des papillons. Oubliés et disparus des radars, les petits partis jubilent à la faveur de cette annonce pourtant non encore officielle. La révision de la Constitution doit se faire avec l’implication de «tous les acteurs de la scène politique nationale et les représentants de la société civile», insiste le président du Front national algérien (FNA), Moussa Touati jurant que «le FNA est contre toute révision de la loi fondamentale du pays, sans la participation des acteurs politiques et de la société civile, car il s’agit d’une question cruciale qui devrait prendre en compte les aspirations de la population et la classe politique».
Le président du parti El Karama, Mohamed Benhamou nous rassure puisque selon lui, l’amendement de la Constitution «vise le renforcement des libertés, la séparation des pouvoirs et la bonne gouvernance». En d’autres termes, les libertés ne sont pas renforcées et les pouvoirs non encore séparés.