Le professeur Kamel sanhadji résume les travaux de la 18e conférence internationale sur le sida Nouveautés en matière de traitement contre le VIH

Le professeur Kamel sanhadji résume les travaux de la 18e conférence internationale sur le sida Nouveautés en matière de traitement contre le VIH

La 18e Conférence internationale sur le sida s’est ouverte dimanche 18 juillet en Autriche. Vienne sera la capitale mondiale de la lutte contre le sida durant toute la semaine.

Plus de 20 000 scientifiques (chercheurs, experts, médecins, associations de malades et journalistes) participent à cette manifestation organisée, à travers le monde, toutes les deux années.

Pour rappel, 33 millions de personnes vivent avec le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) sur la planète et 25 millions sont mortes depuis le début de l’épidémie en 1981. Plus de 58 millions de personnes ont donc été contaminées par le virus du sida.

La maladie tue encore plus de 2 millions de personnes par an.

Sur le plan scientifique, la conférence de Vienne a tout de suite donné le ton : selon une étude, il faut commencer très tôt les traitements antisida pour protéger le système immunitaire.

Le schéma thérapeutique classique a ainsi été bouleversé. En effet, il était d’usage de ne démarrer le traitement antirétroviral avec la multithérapie (dite trithérapie) que lorsque la propagation du virus devient importante (charge virale élevée) dans l’organisme du patient et que le système de défenses immunitaires est affaibli (nombre de globules blancs dits T4 bas).

La dernière étude stipule de débuter le traitement de préférence dès la contamination par le VIH. Ce traitement précoce permettrait d’éradiquer le virus avant qu’il ne se multiplie d’une façon importante dans l’organisme.

Les nouvelles contaminations (transmission du virus à un tiers par voie sexuelle ou par injection) seront ainsi arrêtées. Cette nouvelle stratégie thérapeutique implique, par voie de conséquence, un dépistage massif et généralisé.

Selon les experts et avec une telle démarche, l’épidémie pourrait probablement disparaître dans quelques décennies (environ en 2050) si toutes les personnes infectées par le VIH étaient dépistées et recevaient des médicaments antiviraux. Les États doivent s’impliquer davantage dans cette stratégie qui reste insuffisante.

Aujourd’hui dans le monde, 12 millions de personnes sont dépistées et seulement 5 millions sont traitées sur un total de 33 millions de personnes vivant avec le VIH. Une avancée importante et intéressante en matière de prévention de la contamination chez la femme considérée comme personne vulnérable dans de nombreuses sociétés.

Le fléau est dévastateur, principalement en Afrique sub-saharienne. Il s’agit de la mise au point d’un microbicide (gel à usage intravaginal) contenant des antirétroviraux ayant fait l’objet d’une étude sur une large population de femmes en Afrique du Sud durant les trois dernières années.

L’utilisation du gel, par la femme, 12 heures avant le rapport sexuel à risque et la poursuite du gel 12 heures après, réduirait de 50% le risque de contamination chez la femme. Cette démarche concernant la mise en place et la diffusion à grande échelle du gel microbicide (son prix de revient est intéressant pour les pays pauvres) est soutenue par le multimilliardaire Bill Gates et son épouse Mélinda.

Un autre fait scientifique important a été confirmé dans la diminution du risque de contamination par le VIH. Il s’agit de la circoncision puisqu’elle réduit de plus de 50% les risques de contamination par le virus du sida chez l’homme. À ce propos, l’ex-président américain Bill Clinton s’est fait, à cette conférence de Vienne, un défenseur acharné des bénéfices de la circoncision. Il préconisera de concentrer les efforts de prévention “là où ils ont plus d’impact” en citant l’exemple de la circoncision.

La Conférence de Vienne a choisi le thème “Droits ici et maintenant” cette année qui manifeste un symbole et un accent mis sur les droits et la protection des personnes les plus vulnérables (les séropositifs, les femmes, les enfants, les toxicomanes, les prisonniers… ), victimes de la stigmatisation et qui n’ont pas facilement accès aux soins et à la prévention dans plusieurs pays. Ce sera la conférence des “sans voix”.

Sur le plan politique, la crise économique mondiale s’invite dans le débat, remettant ainsi en cause le financement de la lutte contre le sida. Serait-elle à l’origine de la pénurie d’antirétroviraux à laquelle on assiste ?

En effet, l’inquiétude des organisateurs est très saillante en cette période de crise économique en fustigeant le fait que “l’an dernier, les dirigeants de beaucoup de pays n’ont eu aucun problème pour trouver au moment propice de l’argent pour renflouer les banquiers avides de Wall Street et que le porte-monnaie est subitement vide dès lors qu’il s’agit de santé publique”.

Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’organisation des Nations unies (ONU) a montré du doigt les gouvernements qui n’ont pas hésité à réduire leur contribution à la lutte contre le sida. Il regrette la restriction de l’aide accordée par certains gouvernements. Les États annonceront leurs contributions en septembre prochain à New York.

Quelque 25 milliards de dollars seraient nécessaires cette année pour combattre le sida dans les pays les plus pauvres, selon une estimation de l’Onusida. Pour le moment, il manque 11,3 milliards, selon une analyse de l’excellent journal scientifique Science.

L’ex-président américain Bill Clinton est intervenu dans le débat sur les ressources pour le sida en plaidant pour une utilisation plus efficace des fonds mobilisés en ces temps de crise économique.

Le richissime et philanthrope Bill Gates (fondateur de Microsoft) prend le relais de Bill Clinton en insistant, lui aussi, sur le message d’une optimisation des fonds existants. Soulignons que Bill Gates contribue financièrement à un niveau égal à celui de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) au profit de la lutte contre le sida.

Par ailleurs, et en marge de la conférence, certaines stars se sont engagées à aider la lutte contre le sida, en particulier Elizabeth Taylor comme pionnière depuis la mort de son ami, l’acteur Rock Hudson en présidant l’American Foundation for AIDS research. L’actrice Sharon Stone en accompagnant la chanteuse Kylie Minogue et reversant ensuite les fonds pour la lutte contre le sida. Et aussi Carla Bruni-Sarkozy, sensibilisée grâce à la mémoire de son frère aîné Virginio, victime du sida en 2006.