Le Professeur dJamel Mimouni de l’Ecole Doctorale d’Astrophysique de l’Université de Constantine : «L’observation du croissant lunaire est impossible ce soir»

Le Professeur dJamel Mimouni de l’Ecole Doctorale d’Astrophysique de l’Université de Constantine : «L’observation du croissant lunaire est impossible ce soir»

C’est la nuit du doute et les musulmans seront rivés, ce soir, à leur petit écran comme à leurs habitudes pour la sentence du comité des lunaisons, chargé de dire si l’Aïd sera fêté mardi ou mercredi.

Si l’observation du croissant lunaire à l’œil nu est la règle, certains scientifiques à l’aide de calculs stricts essaient de donner leur verdict bien avant. Et pour certains d’entre, c’est déjà fait : l’observation du croissant lunaire « sera du domaine de l’impossible ce soir ». C’est ce que nous a expliqué, dans un entretien téléphonique, le professseur dJamel Mimouni.

Ce dernier est responsable de l’Ecole doctorale d’astrophysique à l’Université Mentouri de Constantine. Il est aussi président de l’association Sirius d’astronomie et vice-président de l’Union arabe de l’astronomie et des sciences de l’espace (AUASS).

Le professeur algérien s’intéresse depuis de longues années au phénomène de l’observation du croissant lunaire en Algérie et dans l’ensemble des pays arabes et musulmans. Il a été consultant pendant les années 90 auprès du Comité des croissants lunaires, mis en place par le ministère des Affaires religieuses, ce qui lui a permis, semble-t-il, de tirer beaucoup d’enseignements des méthodes utilisées dans l’observation du croissant lunaire que ce soit pour le début ou la fin du mois de ramadhan.

Bien que le Pr Mimouni souligne d’emblée que «seul le ministère des Affaires religieuses est habilité à valider la date du début du ramadhan et de celle de l’Aïd», il met en garde contre les observations qui peuvent émaner de gens inconnus. Ses arguments sont bien entendu, basés sur des calculs scientifiques qui montrent, explique-t-il, que « le croissant ne sera pas visible en Algérie vu que la lune se couchera avant le soleil et se trouvera donc en dessous de l’horizon pour les wilayas du Nord tandis qu’elle rasera l’horizon pour l’extrême-sud algérien » (Tamanrasset).

La situation est similaire pour les autres pays arabes et « une observation tant à l’œil nu que télescopique est donc vaine », poursuit-il.

Aussi, pour M. djamel Mimouni, « le mois de Ramadhan devrait compter 30 jours et l’Aïd ne devrait être célébré que le lendemain, mercredi 31 août». Ce dernier suggère, à ce titre, au Comité national des croissants lunaires de ne pas notamment demander aux fidèles de « tenter d’observer le croissant lorsque le 29 du Ramadhan, la lune se couche avant le soleil, ce qui est le cas cette année ».

Cette règle est d’ailleurs, rappelle-t-il, « une recommandation expresse du dernier Congrès international organisé aux Emirats en mai 2010 sur le sujet par l’Islamic Crescent Observation Project (ICOP ) qui a réuni des experts tant en jurisprudence (Fiqh) qu’en astronomie. Ce dernier « gagne de plus en plus de crédibilité », selon lui. Pour l’universitaire algérien, plusieurs pays devraient normalement fêter l’Aïd le mercredi et un des pays du Golfe, Oman en l’occurrence, « a déjà pris une décision dans ce sens », conclut-il, ce qui encouragerait sans doute un consensus au sein de la nation islamique que la science tend d’ailleurs à préserver.