A priori donc, les nouvelles ne sont pas mauvaises, sauf si l’on n’a pas tout dit sur le problème de santé du président Bouteflika. D’autant que le transfert du chef de l’État, en urgence, à l’hôpital du Val-de-Grâce de Paris, suscite quelques doutes.
Dans l’absolu, l’accident ischémique transitoire est certes une urgence médicale, mais n’engendrant pas de séquelles irréversibles. Il n’en demeure pas moins que le transfert du président de la République à l’hôpital du Val-de-Grâce de Paris, “alors que son état exige du repos”, suscite quelques interrogations.
Le professeur Rachid Bougherbal, chef de service de l’EHS Dr Maouche (ex-Centre national de médecine de sport) et non pas directeur général de l’établissement tel qu’il a été rapporté dans le communiqué de la présidence de la République, a été appelé au chevet du chef de l’État aussitôt qu’il a eu son malaise.
“Nous l’avons d’abord vu chez lui puis à l’hôpital militaire d’Aïn Naâdja”, a rapporté le cardiologue. Le président de la République a été victime, a-t-il confirmé, dans la journée de samedi, d’un accident ischémique transitoire (AIT). Selon une définition basique, l’AIT se manifeste par la formation d’un caillot de sang, qui “ralentit ou bloque la circulation sanguine dans le cerveau de façon temporaire, pendant un court laps de temps. Cette baisse de l’apport sanguin au niveau des tissus a des conséquences réversibles quand l’ischémie est modérée ou passagère, et graves, voire susceptibles d’aboutir à la destruction des cellules cérébrales si l’ischémie est sévère et persistante”. Le diagnostic établi par les praticiens, qui ont pris en charge le président de la République, plaide pour le cas modéré. “Il y a eu récupération totale de toutes les fonctions cérébrales”, a rassuré le professeur Bougherbal.
Il est connu effectivement que les symptômes de l’ischémie transitoire cérébrale (perte de langage, une paralysie et troubles de la vue) disparaissent spontanément dès que l’hématome se dissout. Il n’en demeure pas moins que l’incident ne peut être pris à la légère, car il présente un signe avant-coureur important de l’accident vasculaire cérébral (AVC). “Le pronostic vital n’est pas engagé. Mais il faudra soumettre le Président à une convalescence dont la durée dépendra de l’évolution de son état de santé et du bilan médical”, a affirmé notre interlocuteur. Appelé à se prononcer davantage sur le temps de l’alitement, il a soutenu que quelques jours suffiront.
A priori donc, les nouvelles ne sont pas mauvaises, sauf si l’on n’a pas tout dit sur le problème de santé du président Bouteflika. D’autant que le transfert du chef de l’État, en urgence, à l’hôpital du Val-de-Grâce de Paris, suscite quelques doutes. Est-il concevable de lui faire subir un déplacement en avion, même dans les meilleures conditions de médicalisation, alors qu’il a besoin de “repos pour récupérer de la fatigue occasionnée par son malaise”, pour reprendre les propos du Pr Bougherbal ? Étonnant.
Des questions sont posées aussi car les arcanes de la présidence de la République n’ont guère habitué l’opinion publique nationale à communiquer sur l’état de santé du premier magistrat du pays, ni d’un autre haut responsable de l’État. L’on se rappelle que la rumeur qui courait sur la maladie de Mohamed-Chérif Messaâdia, alors président du Conseil de la nation (2001), avait été démentie par les canaux officiels, jusqu’à l’annonce de son décès, quelques jours plus tard. Il faudra certainement attendre une apparition publique du président Bouteflika pour que les Algériens soient convaincus qu’il se porte réellement bien.
S H