Le processus politique en Libye lundi sur la table du Conseil de sécurité

Le processus politique en Libye lundi sur la table du Conseil de sécurité

ALGER – Le Conseil de sécurité se réunira, lundi à New York, pour recevoir un briefing de l’émissaire Ghassan Salamé sur les progrès enregistrés dans la mise en œuvre de la feuille de route de l’ONU visant à sortir la Libye de la crise politique et sécuritaire qui perdure depuis sept ans, au moment où les affrontement armés se poursuivent à l’Est et au Sud.

Lors de cette séance, les membres du Conseil de sécurité suivront un exposé sur les développements politiques survenus dans le pays, notamment en ce qui concerne l’organisation d’un référendum sur une nouvelle Constitution et les préparatifs pour la tenue d’élections législatives et présidentielles que l’ONU espère organiser avant la fin de l’année.

L’actualisation des listes électorales en Libye, achevée en mars 2018, a enregistré l’inscription d’un million de nouveaux électeurs, qui s’ajoutent au fichier de 2014 qui comptait 1,48 million d’électeurs inscrits. L’émissaire de l’ONU avait réitéré, à maintes reprises, la nécessité de « réunir les conditions propices à la tenue de ces élections ».

Selon l’ordre du jour provisoire, l’émissaire de l’ONU devra également présenter un autre exposé sur la situation sécuritaire en Libye, particulièrement dans la ville de Derna (Est de la Libye) qui enregistre de violents affrontements armés depuis mi-avril dernier et où le chef de l’armée nationale libyenne, Khalifa Haftar a lancé une offensive pour reprendre cette ville, faisant plusieurs victimes parmi les civils.

Salamé fera également le point sur la situation des migrants en Libye, devenue ces dernières années une plaque tournante de l’immigration clandestine vers l’Europe.

La dégradation de la situation sécuritaire à l’Est et au Sud du menace le processus de politique

Sept ans après la chute de l’ancien dirigeant libyen, Mouammar Kadhafi, la Libye est toujours confronté à l’instabilité politique alors que la situation sécuritaire à l’est et au sud du pays connait une « grave détérioration » continue à susciter  l’inquiètude au milieu des autorités libyennes et de la mission onusienne.

Les affrontements se sont intensifiés entre les forces de Khalifa Haftar et les forces du Conseil « Consultatif des moudjahidine de Derna et sa périphérie » avec des missiles lancés sur plusieurs sites au quartier Sayda Khadija à l’ouest de Derna. La Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) a affirmé que depuis l’intensification du conflit le 15 mai dernier, six (6) civils ont été tués et 14 autres ont été blessés auxquels s’ajoutent des dizaines de morts parmi les combattants et entre 300 à 500 familles déplacées de la région El Fataih à l’est de la ville.

La MANUL souligne que depuis le début du conflit armé, mi-avril dernier, les appréhensions libyennes et onusiennes se sont intensifiées quant à la prolifération du conflit aux régions peuplées, ce qui constitue un nouveau défi pour l’ONU en termes de  protection des civils et d’acheminement des aides nécessaires.

Selon la Mission, l’acheminement des aides humanitaires à Derna est « très limité » et il faudrait attendre l’approbation pour pouvoir les faire entrer dans la ville, sachant que les besoins pressants sont d’ordre sanitaire et devraient augmenter avec la poursuite du siège.

Des informations ont fait état de la destruction par les Forces de protection de Derna du pont de la cascade de Oued Derna au sud de la ville, car constituant l’une des principales entrées stratégiques de la ville.

D’autre part, des organisations de la société civile à Tripoli ont appelé à manifester dimanche devant le siège de la Manul pour dénoncer l’escalade militaire à Derna. Dans un communiqué, ils ont exhorté l’ONU à imposer une zone d’exclusion aérienne sur la ville de Derna et le Sud de la Lybie.

Eu égard à l’escalade que connait le pays notamment, la ville de Sabha, le Conseil présidentiel du gouvernement d’union nationale de Lybie a appelé les régions militaires (Ouest-Tripoli-Centre) à mobiliser une force pour la protection et la sécurité du Sud.

La décision présidentielle intervient suite aux évènements qu’a connus la ville, l’une des plus grandes du Sud au début de la semaine en cours, de par les violents affrontements ayant causé plus de 45 morts et blessés, selon la mission des Nations unies. Ces heurts se sont éclatés à Sabha, début février dernier, entre les deux tribus à savoir Ouled Slimane (arabe) et les Toubous (non arabe), et ont causé le déplacement de plus de 200 familles.

Inquiétude face à l’escalade et appel à la retenue et au respect du droit international humanitaire

Le Gouvernement d’union nationale, reconnu par la communauté internationale, et la MANUL ont affiché leur « grande inquiétude » quant à la poursuite de l’escalade sécuritaire à l’est et au sud du pays, mettant en garde contre le danger des opérations militaires qui peuvent s’étendre vers d’autres villes libyennes, ce qui plongera le pays dans un nouveau cycle de violence et anéantira les acquis politiques réalisés jusqu’à là par le pays.

Dans ce contexte, le président du Conseil présidentiel du Gouvernement d’union nationale de Libye, Fayez al-Sarraj, a mis en garde contre « les dangers des opérations militaires et le bombardement aérien ciblant la ville et les dommages causés parmi les civils et les infrastructures publiques », appelant à « une intervention rapide des sages, des cheikhs et des notables de la ville de Derna et sa périphérie pour trouver une solution pacifique pour mettre fin à l’effusion du sang ».

M. al-Sarraj a indiqué qu’il suivait avec « une grande inquiétude » les nouvelles des opérations militaires et des bombardements aériens ciblant la ville de Derna », rappelant « son appel pour faire preuve de sagesse, à mettre fin au calvaire des populations travers la levée du siège imposé à la ville et à l’arrêt des hostilités ».

« Nous sommes contre le terrorisme, sous toutes ses formes et appellations, et nous avons appelé, à maintes fois, à l’unification des rangs pour lui faire face, mais nous sommes aussi contre les attaques ciblant les civils et interdites par le droit international humanitaire  et le droit relatif aux droits de l’Homme », a-t-il affirmé.

Estimant qu’il est encore temps de se ressaisir, il a mis en garde de nouveau contre « les graves répercussions et retombés de la guerre à Derna sur d’autres régions du pays ».

Pour sa part, la Mission d’appui des Nations Unies en Libye a appelé toutes les parties libyennes armées dans la ville à la nécessité du respect du droit international humanitaire  et à la prise de toutes les précautions nécessaires pour assurer la protection des civils et des infrastructures publiques.