Le siège de Sonatrach
Le tribunal criminel d’Alger ouvrira ce matin le dossier Sonatrach I qui a défrayé la chronique…
C’est ce matin que s’ouvre à la cour d’Alger le procès dit «Sonatrach I» devant le tribunal criminel que préside le sérieux et intègre Mohamed Regad qui aura à entendre outre des accusés de deux sociétés, Groupe Contel Funkwerk avec ses deux «têtes» et Saipem Algérie, ainsi que quatre privés, seize personnes dont une dizaine de cadres parmi lesquels on note la présence de quatre vice-présidents du groupe, et bien sûr le P-DG de Sonatrach, Mohamed Meziane en détention tout comme huit autres accusés.
Evidemment, cette affaire, qui dure depuis un peu plus de cinq longues années, a débuté par une enquête déclenchée par les éléments de la police judiciaire qui s’étaient intéressés de près à trois marchés conclus de gré à gré (une coutumière… coutume nationale) avec le bureau d’études engagé pour une réhabilitation du siège de Sonatrach à Alger-Centre.
De fil en aiguille, la rumeur aidant, la machine s’emballa pour entendre, dans la foulée, les dirigeants d’une SPA, filiale d’une entreprise italienne (Saipem), ceux chargés de l’acquisition de matériel et d’équipements électroniques. C’est l’exorbitant montant du marché (11 milliards de dinars) qui a permis aux enquêteurs d’avancer vers Contel où les liens de camaraderie du fils de l’ex-P-DG de Sonatrach ont vu Elsmaïl s’approcher de Sonatrach. L’enquête en sera à la découverte de cinq autres contrats qui «sortiront» de juteux pots-de-vin où les proches se seraient sucrés. Pour les proches, cette «mascarade» sera éteinte devant le tribunal criminel. Certains avocats sont gagnés par la colère née du bâclage de l’enquête. Des accusés ont demandé à leurs avocats d’éviter d’évoquer un quelconque règlement de comptes politique, car ces dirigeants en détention n’ont, sur le fond, aucun appétit de pouvoir…
L’opinion publique, elle, est impressionnée par le nombre à neuf chiffres évaporé. Une partie d’entre elles estime que les «requins» seront absents aujourd’hui du box, car non inquiétés, donc non poursuivis!
Le procès débute ce matin, il risque de s’étaler en longueur et prendra beaucoup de temps, surtout que le président Mohamed Regad est connu pour sa sévérité certes, mais surtout pour son honnêteté et son courage. Son courage pour signifier son refus de marcher avec des «passages» du procès-verbal d’audition des accusés, et donc peut se permettre de reprendre l’instruction s’il y a lieu.
Il y aura aussi l’ombre de Chakib Khelil qui planera sur les débats, surtout que l’ancien ministre de l’Energie n’est pas l’objet d’enquête. Aucune plainte n’existe au niveau du tribunal de Bir Mourad Raïs, siège qui abrite le ministère (Val d’Hydra), ou encore Sidi M’hamed – Alger pour Ghermoul! Outre les crimes d’association de malfaiteurs et complicité, article 176 (loi n°0415 du 10 novembre 2004), ajoutons que les délits retenus contre huit personnes vont du trafic d’influence, la corruption, le blanchiment d’argent ainsi que la violation des lois sur les marchés publics avec son chapelet de cadeaux offerts indûment et autres corruptions.
Les sociétés italiennes au nombre de trois comparaîtront en leur qualité de personnes morales pour répondre des délits de «malversations sur les prix indûment augmentés lors de la passation des marchés» avec les sociétés publiques. Ce qu’il faudra retenir, c’est qu’il ne faut pas se faire d’illusions quant à de renversantes situations ou autres déclarations fracassantes. Les amateurs de ragots et fans de la rumeur seront sûrement amers car la justice n’est ni un café ni l’antichambre d’un supermarché!
Une chose est certaine, la composition criminelle est de haute qualité.