Tout le monde s’attend à voir ce procès se transformer comme celui de toute la corruption qui gangrène l’Algérie.
C’est aujourd’hui que s’ouvre le procès en appel de l’affaire Khalifa Bank. Un procès sur lequel seront braqués tous les regards, non à cause de l’affaire en elle-même mais sur les répercussions qu’il pourrait avoir sur le «système» de corruption du pays. Toutes les dispositions nécessaires ont été prises pour le bon déroulement du procès en cassation dans l’affaire Khalifa Bank, a indiqué, hier le procureur général près la cour de Blida.
Boumediene Bacha a fait cas, à cet effet, de l’affectation d’un espace spécial pour les journalistes chargés de la couverture de ce procès, lesquels sont, d’ailleurs, invités à se rapprocher de la cour pour leur accréditation et l’obtention d’un badge d’accès à la salle d’audience. Un écran a été également placé à l’extérieur de la salle d’audience pour permettre de suivre le déroulement du procès, outre la mise en place de haut-parleurs supplémentaires pour permettre à tout un chacun d’entendre la moindre bribe de parole échangée lors du procès. En effet, tout le monde s’attend à voir ce procès se transformer comme celui de toute la corruption qui gangrène l’Algérie. Particulièrement, en cette période où le pays est ébranlé par une autre affaire de corruption encore bien plus grave, Sonatrach II. La convocation de trois ministres de la République encore en activité et le patron de la puissante centrale Syndical Ugta comme témoin, ajoute du piment à cette affaire.
Le ministre des affaires étrangères, Mourad Medelci, celui de l’Habitat, Abdelmadjid Tebboune, des fiances, Karim Djoudi ainsi que Abdelmadjid Sidi Said sont appelé à la barre pour apporter leurs témoignages sur cette affaire qui a marqué le début d’une longue liste de scandales qui ont touché le pays. Les observateurs s’attendent donc à ce que ce procès soit une cascade de révélations, avec en prime, le nom des «prédateurs» qui sont passés sous les mailles du filet lors du premier procès. Il espère ainsi que la cassation de l’affaire Khalifa, soit l’avant goût de la suite qui sera réservée aux dossiers scabreux qui rongent le pays, à leur tête l’affaire dite Sonatrach II. Comme le résume si bien le Pr. Abderahmane Mebtoul dans une contribution concernent cette affaire. Il s’interroge: «Ces pratiques occultes de Khalifa sont-elles le fait d’un groupe limité ou ont-ils pu se réaliser avec la complicité de nombreux acteurs du système?». Lors de ce procès, 75 accusés devrait être rejugés. Quelque 300 témoins ont été convoqués par le tribunal qui sera présidé par le juge Antar Menouar. Une cinquantaine de personnes constituant la partie civile dans cette affaire sont, également, concernées par ce pourvoi en cassation. Le premier procès, tenu en mars 2007, dans l’enceinte de ce même tribunal s’est achevé par la prononciation de peines allant d’une année à 20 ans de prison, et la relaxation d’une cinquantaine de personnes, parmi les 94 prévenus jugés en comparution. Dix autres accusés avaient été condamnés par contumace. Les chefs d’accusation retenus contre eux étaient: constitution d’une association de malfaiteurs, vol qualifié, escroquerie, abus de confiance et falsification de documents officiels. Pour rappel, la justice avait été saisie de cette affaire après que la Banque d’Algérie eut constaté un découvert de 3,2 milliards de dinars dans «la caisse principale de Khalifa Bank», qui fut la première banque privée en Algérie. Le principal accusé dans ce procès, Abdelmoumen Khalifa, qui est toujours en fuite, n’est pas concerné par ce second procès. «Abdelmoumène Khelifa avait déjà été condamné à la perpétuité par contumace, et de ce fait, il ne peut être rejugé dans une même affaire, sauf s’il venait à introduire un pourvoi en cassation», avait fait savoir l’adjoint principal du procureur général près la Cour de Blida, M. Zerkerras Mohamed.