Véritable coup de théâtre au tribunal près la cour d’Alger où s’est déroulé, hier, le procès de l’affaire de l’attentat perpétré contre le Palais du gouvernement le 11 avril 2007. Une partie des avocats s’est retirée pour protester contre le non-respect de la procédure.
Il s’agit là d’une première dans les annales d’une affaire liée au terrorisme. Les avocats expliquent leur décision de se retirer par le fait que le juge Tayeb Hellali ait rejeté les pourvois en cassation présentés par leurs clients sur l’arrêt rendu par le tribunal. Ce dernier affirme n’avoir pas reçu les demandes en question et décide la poursuite du procès, alors que la défense soutient que tout a été fait dans les règles.
Me Sidhoum explique : “Le rejet d’un recours reste de la seule compétence du juge de la Cour suprême et on ne peut juger un accusé en l’absence de son avocat. Nous avons la preuve que le recours a été transmis au PG, habilité à faire la coordination au sein de la cour. Si le travail n’a pas été fait correctement, nous n’y sommes pour rien”, s’écrie-t-il.
Le juge rappelle, de son côté, que le retrait, décidé par les avocats, n’est pas réglementaire. Ce à quoi Me Sidhoum revient à la charge : “On ne fait pas d’opposition pour l’opposition, mais il y a un abus de la part de l’administration.”
Selmane Adlane, dont les avocats se sont retirés, ira jusqu’à narguer le juge en demandant de ne pas assister au procès tant qu’il n’a pas son représentant. Il quitte la salle dans la matinée, mais revient à la reprise l’après-midi en réitérant la même demande. Il la quittera quand même non sans l’application de l’article 295 relatif à trouble à la bonne marche du procès. Il sera rejoint par Bachar Hassane pour le même motif. Le juge Hellali, qui a scindé la séance en deux, a commencé par traiter, dans la matinée, le cas des neufs accusés en fuite. Il s’agit d’Abdelmalek Droukdel, alias Abou Mossaâb Abdelouadoud, chef d’Aqmi, de Salem Aït Saïd, Meziane Aït Saïd, Saïd Ziani, Rabah Ghiatou, Toufik Chemini, Djamel Nich et de Abderrahmane Boudjalti, qui font partie, selon l’accusation, d’un groupe armé opérant dans la région de Thénia. Ces derniers ont été jugés par contumace. Après la lecture du fil des évènements ayant présidé à l’attentat du 11 avril, le procureur maintient la peine à l’encontre des mis en cause. Après délibération, le juge confirme la peine capitale.
Hier, le tribunal devait juger le deuxième groupe composé de Fateh Bouderbala, Khaled Marouf, Salim Haddouche, Khaled Ouzandja, Adlane Slimane, Hassane Bachar, Sid-Ahmed Laboudi, Mourad Kritous, Hamza Marouf, Abdelmalek Zerarka, Messaoud Zoubiri, Riad Zebda et Noureddine Boudina (frère du kamikaze Merouane Boudina, auteur de l’attentat à l’explosif contre le Palais du gouvernement). Ce dernier est accusé de non-dénonciation. À l’heure où nous mettons sous presse, le procès se poursuit avec l’audition de ces derniers qui nient tous avoir un lien quelconque avec les groupes terroristes, à l’exception de Khaled Marouf, qui a reconnu avoir activé durant quelques mois, d’autant plus qu’il a un frère terroriste.
“Je n’ai pas été convaincu par leur façon d’agir”, dira-t-il à ce sujet. Nous reviendrons sur ce procès dans nos prochaines éditions.
A F