La ville des Roses voit les accusés défiler dans un procès qui ronronne
Apres avoir accéléré la cadence des auditions jeudi dernier, le juge Antar Menouar tient à maintenir ce rythme.
Dans le box, il y a des accusés déjà entendus et qui n’ont révélé aucun scoop à la hauteur du bruit médiatique alloué à cette affaire. On peut entrevoir sur la dernière rangée, le visage défait de Abdelmoumen Khalifa, en grande partie caché derrière Meziane Ighil, l’ancien footballeur international. Dans la salle d’audience, par contre, on peut ressentir une ambiance plutôt décontractée et ponctuée par des allées et venues des avocats, témoignant d’un désintéressement certain.
Après avoir accéléré la cadence des auditions jeudi dernier, le juge Antar Menaouar tient à maintenir ce rythme. Pour les 36 accusés qui doivent défiler à la barre à partir d’aujourd’hui, les accusations, les questions du juge et les réponses semblent être presque les mêmes.
Après le passage devant le juge, pour corruption, trafic d’influence et obtention de privilèges, Abdallah Boulefred, directeur général de l’Entreprise publique de boissons d’Algérie, à Oran, est questionné sur le mode de versement de 80 milliards de centimes à El Khalifa Bank, sans autorisation et ce en plus des retraits des produits des intérêts sur ce placement. A cela l’avocat de Boulefred essayera de faire tomber ses accusations en jouant sur les dates des versements. il indique que son client n’aurait pas pu toucher la commission de 1% pour laquelle il est accusé, pour la simple raison que les dates de dépôt ne coïncident pas avec la date de versement de cette commission.
Pour Adel Meziane, président du conseil d’administration de la Caisse des retraites, les mêmes accusations pèsent sur lui, il est interrogé sur le placement effectué à la banque d’El Khalifa de l’ordre de 12 milliards de dinars, sur lesquels 8 milliards ont été retirés après six mois. Soupçonné d’avoir bénéficié de formation en aéronautique au profit de son fils, d’avoir reçu une carte de soins au centre thalassothérapie de Sidi Fredj, et des billets gratuits sur la compagnie Khalifa, il rejette la responsabilité de suite sur sa tutelle et nie foncièrement avoir un lien avec la formation de son fils.
S’en est suivie l’audition du P-DG de la Cnac, M.Aït Belkacem, pour répondre sur le versement de 1,803 milliard a la Banque Khalifa, pour le compte de la Cnac et celui du fonds de garantie des microcrédits. également pour l’obtention d’une carte de soins et d’avoir intervenu pour la formation de pilote de son fils, en Angleterre.
Il répondra qu’il n’a jamais rien demandé et que pour les placements, il avait demandé à sa tutelle d’employer l’excédent de trésorerie qu’elle avait réalisé, dans l’acquisition immobilière, sauf que celle-ci avait préféré confier ses mouvements à la Banque Khalifa. Il rajoutera qu’au moment où toutes les banques publiques refusaient de financer les micro-entreprises, en raison de leur faiblesse financière, seule, El Khalifa Bank avait accepté de le faire.
Rahal Réda président-directeur de l’Enagéo, une filiale de Sonatrach, déclare que ses prérogatives lui permettaient de prendre la décision du placement et le choix de la banque.
A cet effet, le versement de 300 millions de dinars et de 10 millions de dollars à la Khalifa Bank est appuyé par le souci de diversifier les placements. «Nous avons pu récupérer les 300 millions de dinars, car c’est une règle chez nous, on ne reconduit aucun placement avant de récupérer le capital et les intérêts du précédent. Pour la partie en devises, nous avons fait plusieurs tentatives pour retirer le versement, mais en vain.»
En tout état de cause, le point commun entre tous les accusés, est sans conteste, leur détermination à apporter des argument solides, réfuter ou transformer toutes nuances d’avantages reçus et ce en plus du fait qu’au demeurant aucun placement n’a été récupéré.
Par ailleurs, le procès d’El Khalifa Bank s’accélère certainement, mais n’assouvit pas toute la curiosité de l’opinion publique, ce qui était au départ une bombe, doublée d’un suspense, s’est graduellement transformée en un défilé d’accusés.