L’ancien homme d’affaires algérien Abdelmoumen Rafik Khalifa sera jugé, lundi prochain, en France pour banqueroute et détournements de fonds. Ce procès avait été renvoyé une première fois, pour rappel, car la défense avait soulevé une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) sur le délai raisonnable rejetée par la Cour de cassation.
Néanmoins ce procès enrôlé au tribunal correctionnel de Nanterre( banlieue de Paris) aura lieu en l’absence du principal intéressé emprisonné en Algérie depuis le 24 décembre dernier après son extradition de Grande Bretagne.
Les autorités judiciaires françaises ont demandé à l’ »emprunter » le temps du procès, mais le gouvernement algérien n’a pas donné suite à cette demande. Il sera donc jugé en son absence devant le tribunal correctionnel de Nanterre. Dix autres personnes sont poursuivies, dont son ex-femme Nadia Amirouchen, un notaire, des anciens représentants de l’entreprise en France ainsi qu’un constructeur et équipementier aéronautique.
Ils sont accusés d’avoir, au moment de la déconfiture du groupe en 2003, dissimulé un certain nombre d’actifs, notamment trois avions d’une valeur de 5,5 millions d’euros, une douzaine de voitures de luxe, une villa à Cannes de 35 millions d’euros où l’ancien golden boy organisait de somptueuses réceptions avec Gérard Depardieu, Catherine Deneuve, Sting et Bono.
En absence du principal prévenu sur ce dossier, les débats risquent risquent bien d’être décevants. On s’attend moins à de grand déballage à l’occasion de ce procès sans Khalifa.
La compagnie aérienne Khalifa Airways et El Khalifa Location de Voitures, au cœur de la dissimulation supposée des avions et du parc de voitures de luxe, sont certes immatriculées au tribunal de commerce de Nanterre, mais ce sont des sociétés de droit algérien.
On assiste ici à « un mélange de reproches qui ont du sens et d’autres qui sont fantasmés », note Me Jean-Yves Le Borgne, avocat d’un des prévenus. Selon lui, les trois avions n’ont pas été dissimulés: ils ont été vendus mais sont restés dans le giron du groupe. Après Nanterre, Rafik Khalifa n’en aura pas fini avec la justice.