«Au Sud, le F2 hram et le F1 kofr…»
À chacune de ses sorties à travers les wilayas du pays, Sellal peste contre la mauvaise gestion et le mauvais suivi des projets.
«Arrêter ce projet. Revoyez ces plans, Réorganisez ceci. Reprogrammez cela…» Ce genre de phrases sont répétées par le Premier ministre à chacune de ses sorties de terrain à travers le pays. La virée, samedi dernier, au M’Zab n’a pas dérogé à cette règle. Cette fois-ci, c’est carrément le plan d’une nouvelle ville que Abdelmalek Sellal a demandé de revoir! Il s’est d’abord insurgé sur l’exposé qui lui a été fait du projet de la nouvelle ville d’El Menéa. «Ce n’est pas un plan que vous êtes en train de m’exposer, mais un jeu de dames», a-t-il ironisé pour expliquer au responsable du projet, qui a essayé de le noyer dans ce plan, qu’il n’allait pas avaler la couleuvre…Sellal a ensuite remonté les bretelles aux responsables locaux en exprimant son ire compte tenu de l’architecture des futurs logements de cette nouvelle ville. «C’est quoi ces bâtiments futuristes qui n’ont aucun cachet de la région?», leur a-t-il demandé avec colère. «Vous allez complètement dénaturer le charme de la région avec ce style architectural. Comment peut-on penser à construire ce style de logements à Ghardaïa? Comment vouloir construire des immeubles dans cette région? Où est le cachet local dans ces plans? Je ne veux pas de logements du Nord au Sud», a-t-il pesté avant de leur demander de revoir les plans du projet en construisant des habitations à l’architecture locale. «Ce n’est pas la Côte d’Azur. On veut une ville à la fois authentique, avec le cachet local et traditionnel, et à la fois moderne», a-t-il ajouté. «Je ne peux pas arrêter tout le projet. On va prendre encore du retard. Alors commencez la viabilisation, mais en parallèle, demandez au bureau d’études de revoir les plans de l’habitation en lui donnant un style local. On peut allier tradition et modernité», leur a-t-il demandé avec tout autant de colère. Imaginons alors qu’il n’y ait pas eu de visite de terrain du Premier ministre. Une nouvelle ville aurait donc été construite pour être… refaite. El Menéa aurait eu droit à des immeubles. Une nouvelle catastrophe urbanistique qui aurait englouti des milliards!
Mais attendez, ce n’est pas tout. Abdelmalek Sellal n’était pas au bout de ses surprises. Grand fut son étonnement en visitant un programme de logements en construction. «C’est quoi ça?! Au Sud où il n’y a pas de problèmes de disponibilité du foncier avec tout l’espace disponible vous trouvez le moyen de construire des F2! Ce n’est pas Hydra ici, c’est le Sahara. Il y a de l’espace, donc, donnez de l’espace aux gens», a-t-il fulminé. «Au Sud, le F2 hram et le F1 kofr…», a rétorqué un Abdelmalek Sellal en rage! A l’Université de Ghardaïa, ce n’était guère mieux. Il a fallu la visite d’un Premier ministre pour se rendre compte que l’université continue d’assurer des formations dont la wilaya n’en a pas besoin. «Cela, alors que d’autres secteurs en plein développement dans la région ne bénéficient pas de formation sur place», a fait remarquer M.Sellal.
Ce genre de remarques et coups de colère du Premier ministre sont présents à chacune de ses sorties sur le terrain à travers le pays. Ce qui démontre parfaitement le drame de la gestion au niveau local! Il faut que ce soit le Premier ministre en personne qui se déplace pour que l’on constate que des logements ne sont pas conformes, que les ronds-points sont mal faits, l’asphalte de la route est de mauvaise qualité, que les projets tardent a être livrés, qu’ils ne ressemblent pas au plan initial, qu’un établissement en tous genres est mal géré…Mais que font les responsables locaux? Que fait le wali, le chef de daïra, le maire…? Que font les responsables de suivi de ces projets? N’est-il pas de leur responsabilité et surtout devoir de veiller sur la bonne gestion de ces projets ou même établissement? Ne sont-ils pas payés pour cela? À Ghardaïa, la nouvelle ville n’a heureusement pas été construite. Le drame a été évité de justesse avec la venue du Premier ministre. Mais bien souvent, ces catastrophes sont découvertes trop tard après la fin des travaux. On cite l’exemple d’une école primaire qui a été construite, il y a quelques années, dans une commune de la banlieue est d’Alger. Ce n’est que le jour de son inauguration par l’ex-ministre de l’Education Boubekeur Benbouzid, qu’il a été constaté que les classes de cete école n’étaient pas conformes, trop petites. Résultat des courses: cette école n’a jamais été ouverte. L’Education nationale a dû en faire don au secteur de la solidarité nationale. Cela bien sûr après avoir coûté des milliards à l’Etat et au contribuable. Mais malgré toutes ces catastrophes, on ne demande jamais de comptes. Les responsables ne sont pas sanctionnés! Certains sont même remerciés avec des promotions. Et rebelote pour le prochain «exploit»…