Le prix du pain embarrasse le gouvernement, Grève massive des boulangers

Le prix du pain embarrasse le gouvernement, Grève massive des boulangers
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Alors que les boulangers sont revenus hier à la charge quant à la révision de la marge bénéficiaire, le département du Commerce fait montre de difficulté à trancher dans ce dossier et se trouve actuellement face à une véritable épreuve sur la question des subventions.

Comme prévu, la grève des boulangers a eu un écho favorable auprès de la corporation, à l’appel de la commission nationale des boulangers affiliée à l’Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa). Selon Belhadj Taher Boulanouar, porte-parole de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa), le mouvement a été suivi à 80% à l’échelle nationale. À Alger, ce mouvement n’est pas passé inaperçu puisque ses répercussions ont été immédiates sur les ménages et les restaurants où les paniers de pain étaient bel et bien absents.

L’absence de pain a suscité le mécontentement des citoyens dont certains ont affirmé ne pas avoir été informés de la grève, appelant les boulangers à éviter de frauder le poids de la baguette de pain fixé réglementairement à 250g. A travers leur mouvement, les artisans boulangers demandent au gouvernement de subventionner davantage. Ainsi, il est réclamé de garantir une marge bénéficiaire de 20% environ à travers la réduction du prix de la farine de 2 000 DA le quintal à 1 500 DA et l’augmentation du prix du pain à 12 DA, selon le porte-parole, Belhadj Taher Boulanouar.

L’nterlocuteur explique que le message à faire passer à travers cette grève c’est d’inciter le gouvernement «à revoir la marge bénéficiaire des boulangers ainsi que la politique des subventions car elle profite actuellement aux barons que sont les industriels des biscuiteries et les importateurs», explique le porte- parole de l’Ugcaa avant d’ajouter qu’«environ 300 tonnes de farine sont détournées quotidiennement pour la fabrication d’autres produits». Dans sa réaction au mouvement des artisans boulangers, le ministre du Commerce ne semble pas encore trancher pour répondre entièrement à leur requête. Le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, a affirmé dans ce contexte que l’Etat continuera à subventionner les produits de base et à soutenir le pouvoir d’achat du citoyen tout en précisant que cet effort «doit se faire de manière rationnelle», et que le système de subvention qui est actuellement appliqué «n’est pas équitable» et est «très coûteux» pour l’Etat. Selon le ministre, l’Algérie «sera obligée d’aller dans le sens de la rationalisation de ses moyens par la mise en place d’un système de subvention qui s’adressera exclusivement aux nécessiteux, si demain l’Etat n’a pas les moyens de poursuivre la politique actuelle de subvention qui ne fait pas de distinction entre riches et pauvres».

S’agissant de la revendication portant révision à la hausse du prix de la baguette de pain soulevée par les boulangers, M. Benbada a rappelé qu’un groupe neutre chapeauté par le comité interprofessionnel des céréales «travaille sur cette question pour dégager et proposer ses conclusions concernant, notamment, la structure de prix de la baguette de pain, aujourd’hui au ministère du Commerce qui aura ensuite a dégager une solution». Ainsi, le prix de la baguette reste ouvert à tous les scénarios d’autant que le premier responsable de secteur avoue qu’il y a un «réel problème quant au prix du pain qui n’a pas bougé depuis 1996 et qu’il faudra traiter».

Pour les Algériens déjà épuisés par la cherté de la vie, c’est l’augmentation du prix de la baguette qui poserait problème. S’exprimant aussi sur le débrayage des boulangers, le ministre a estimé que «la grève n’est pas la bonne solution, car la porte du dialogue est ouverte», qualifiant la proposition de baisser le prix de la farine, formulée par les boulangers, de «très dangereuse» dans la mesure où «elle va encore augmenter le gaspillage», sachant qu’actuellement «environ 50% de la farine de blé tendre qui est importée n’est pas destinée à la fabrication du pain». Quoi qu’il en soit, le département de Benbada devra trancher la question de subvention et le prix du pain, puisque ce ne sont pas seulement les boulangers qui attendent la réponse mais aussi, et surtout, tous les Algériens.

Par Yasmine Ayadi