moins d’un mois de la fête de l’Aïd El Adha, la spéculation bat son plein sur les prix du mouton. Les éleveurs des autres wilayas ont déjà commencé à affluer sur Oran, ville connue pour la plus importante demande dans la région.
En effet, au niveau du marché principal de la ville à l’Emir Abdelkader dit «les abattoirs», les prix varient entre la mirobolante fourchette de 32.000 dinars à 45.000 dinars, soit facilement une hausse jusqu’à 10.000 dinars par rapport à l’année précédente.
Les quelques citoyens qui ont désiré prendre de l’avance pour acheter le mouton de l’Aïd, ont vite déchanté. «Je préfère à présent attendre les deux derniers jours avant d’acheter, car ces prix sont inabordables», regrette un habitant de haï Daya qui s’était décidé avec ses amis à aller acheter avant que les prix n’explosent.
Un autre père de famille dit avoir carrément renoncé à honorer la «sunna» cette année. «Le prix de l’agneau fait deux fois mon salaire! Comment vais-je faire ? Et si toutefois je m’endette, pourrai-je finir le mois ?», s’exclame d’une voix déçue, cet homme au modeste revenu. Ainsi, le consommateur ne sait pas s’il faut attendre les derniers jours avant la fête religieuse, espérant que les prix baissent un peu, ou bien se risquer à acheter aux prix actuels, de peur que la flambée ne persiste.
Interrogé sur la hausse des prix, certains éleveurs ont expliqué que ce sont principalement les prix de l’aliment de bétail qui ont flambé cette année, suivant les cours mondiaux des céréales.
D’autres vendeurs ont dit avoir renoncé à investir cette année. Il s’agit de personnes qui s’improvisent éleveurs à l’approche de chaque saison, en aménageant des garages dans leurs maisons, destinés à abriter le bétail.
«Les prix de l’aliment de bétail sont forts dissuasifs et nous constatons une faiblesse continue du pouvoir d’achat des citoyens. De ce fait, je ne peux me risquer à investir dans ce créneau devenu insondable», confesse un habitant de Petit Lac qui a l’habitude d’ouvrir les garages de sa maison en proposant à la vente jusqu’à une centaine de têtes.
Il a également expliqué que ses clients sont souvent des habitants de son quartier, des familles aux faibles revenus, dont la plupart ne sont pas salariés mais vivent de petits commerces ou sont des cols bleus. «Nombreuses familles devront se priver de beaucoup de choses pour le sacrifice, lequel mot prendra tout son sens cette année», a-t-il conclu.
Par ailleurs, les habitants d’autres communes de la wilaya ont pris l’habitude de réserver le mouton au moins six mois avant le jour J. A Hassi Ben Okba par exemple, les gens bénéficient de certaines réductions sur les prix en donnant des avances aux éleveurs, afin qu’ils puissent démarrer. «Nous considérons ceci comme un investissement et note seul intérêt est d’avoir un mouton à moitié prix, ou simplement moins cher, c’est selon», explique-t-on.
In fine, l’on remarque que les pratiques et les habitudes changent mais pas le pouvoir d’achat des citoyens, ni la stabilité des prix qui ne cessent d’augmenter. Le pire à craindre cette année, serait la disponibilité du cheptel, malgré les assurances des services agricoles.
Redouane B.