Le prix du baril plonge… jusqu’où ira la chute ? L’Algérie va devoir se serrer encore plus la ceinture

Le prix du baril plonge… jusqu’où ira la chute ? L’Algérie va devoir se serrer encore plus la ceinture

Jusqu’où ira la chute des prix du pétrole ? La banque Goldman Sachs, qui pèse sur le marché du pétrole, n’a pas hésité à envisager un baril à 20 dollars dans les prochains mois. Un scénario sinistre pour les pays producteurs que des analystes commencent à envisager quitte à en souligner les conséquences néfastes.

Un prix du baril à 20 dollars, serait tellement bas qu’il entraînerait la fermeture de nombreux puits pétroliers ce qui finirait à terme par provoquer des pénuries et donc une remontée des cours. Mais avant cette (lointaine) remontée consécutive à une baisse de l’offre, il pourrait y avoir de sérieux risques sociaux et politiques dans certains pays producteurs du pétrole.

Quand est-ce que la chute des prix va-t-elle entraîner une baisse de l’offre ? Les réponses ne sont plus certaines. Quand l’Arabie Saoudite a engagé la bataille des « parts de marché », les experts prédisaient que l’industrie du pétrole de schiste américain résisterait difficilement à un prix inférieur à 50 dollars.

C’est le cas pour de nombreux puits mais en même temps le secteur du pétrole de schiste américain fait preuve d’une certaine résilience. Des experts soulignent qu’une partie des pétroliers américains ont réussi à réduire les coûts et restent rentables même avec un baril de 35 à 40 dollars.

Le cours du Brent se situait ce matin à 37.42 $ dollars toujours dans la fourchette qui permet à une partie de l’industrie américaine de continuer à être rentable. L’OPEP ayant décidé, le 4 décembre dernier, de ne pas serrer les vannes mais de les maintenir grande ouvert, les cours ont continué leur chute.

Une étude, jugée « optimiste », de l’OPEP indique que le baril ne se rapprochera pas des 100 dollars avant… 2040 et pourrait s’établir à 70 dollars en 2020. En attendant ce retournement problématique, l’Arabie Saoudite a élaboré son budget en tablant sur un prix de référence de 26 dollars. Pas très loin du scénario sombre de Goldman Sachs.

Les perdants ? Les pays pétroliers, les compagnies et… Daech !

L’offre est déjà excédentaire. Un recul de la production du pétrole de schiste américain sera compensé par l’arrivée sur le marché de plus de pétrole venant d’Iran (du fait de la levée des sanctions), d’Irak et de Libye (en cas d’amélioration du climat politique). Sans compter que les Etats-Unis ont définitivement levé l’embargo à l’exportation du pétrole en vigueur depuis 40 ans.

«  »Personne ne sait jusqu’où peut baisser le prix » a déclaré à RTL.fr Francis Perrin, président de Stratégies et politiques énergétiques et directeur de la rédaction de Pétrole et Gaz arabe.

« Les pays exportateurs, les compagnies pétrolières et groupes terroristes comme l’État islamique sont défavorisés. Les prix ont chuté d’environ 70% depuis juin 2014. Tous ceux qui achètent du pétrole… bénéficient de la chute des prix du pétrole. »

Si l’Arabie Saoudite peut se permettre – tout en prenant des mesures d’austérité – de faire un projet de budget avec un prix de référence de 26 dollars, la situation est très différente pour d’autres pays exportateurs dont l’Algérie.

Attar : en Algérie, il va falloir geler d’autres projets

Le projet de loi de finances 2016 qui table sur un prix de référence du baril de pétrole à 37 dollars parait déjà bousculé. L’augmentation de l’offre de pétrole sur le marché ne peut qu’inquiéter le gouvernement.

« L’arrivée de quantités supplémentaires de pétrole sur le marché mondial venant des Etats-Unis et de l’Iran menace plusieurs pays dont l’Algérie qui a un projet de budget avec un prix de référence de 37 dollars alors que le baril est passé en dessous de ce seuil au cours des dernières semaines » souligne Abdelmadjid Attar, consultant, ancien Pdg de Sonatrach dans une déclaration à El Khabar.

Pour Adelmadjid Attar, un baril à moins de 35 dollars dessert tous les pays y compris les grands producteurs comme l’Arabie Saoudite et les Etats-Unis où des exploitations de pétrole de schiste ont dû fermer. Le plus grand risque, selon lui, provient d’une augmentation de la production en Arabie Saoudite et en Iran où les couts de revient sont inférieurs à ceux des Etats-Unis.

L’ancien PDG de Sonatrach (optimiste ?) s’attend à ce que les prix se stabilisent à 37 dollars le baril et que cela constitue un grand souci. « Le gouvernement va être contraint de préparer une nouvelle loi de finances complémentaire pour geler d’autres projets » afin de contrôler les dépenses et réduire le déficit budgétaire.