La récolte des haricots blancs secs en Argentine a baissé en raison de la sécheresse, et les Egyptiens, deuxième producteur au monde, en ont profité pour faire flamber les prix sur le marché international, selon les professionnels de la filière.
« Le prix des haricots secs variait entre 1.300 et 1.400 DA la tonne en 2012 mais cette année, il est passé à 2.400 DA », a indiqué, à Horizons, un importateur, contacté au téléphone. La nouvelle récolte, qui intervient entre juin et juillet, a brutalement chuté cette année en Argentine, premier producteur mondial. Conséquence : chez les grossistes d’Alger, le haricot sec se vend à 250 DA le kilogramme.
Une autre catégorie, de moindre qualité, importée des Etats-Unis, est cédée au prix de gros de 220 DA/kg. Chez les grossistes de Semmar, les prix variaient entre 258 et 265 DA/kg pour le gros calibre et 220 DA pour le plus petit. Ici, tous les vendeurs avancent le même argument pour expliquer cette flambée : « Le déficit de la récolte en Argentine a profité aux Egyptiens qui ont augmenté les prix. » Un importateur grossiste, rencontré sur place, a souligné que 90% des haricots secs sont importés d’Argentine et 10% d’Egypte. Mais la sécheresse dans ce pays de l’Amérique du Sud a tari la source.
« Avant, on pouvait acheter plusieurs conteneurs mais actuellement, on ne peut acquérir qu’entre 5 et 10 conteneurs au plus », fera-t-il observer. En outre, le chiffre d’affaires pour un conteneur, qui était de 216 millions de centimes en 2012, est passé à 600 millions de centimes en 2013. « Ce n’est rentable ni pour l’importateur ni pour le grossiste », estime l’importateur, affirmant que sa marge bénéficiaire se situe entre 1 et 3 DA et peut atteindre 5 DA quand c’est une « opération juteuse ». Un demi-grossiste venu s’approvisionner de Chelghoum Laïd a indiqué qu’il a acheté 15 tonnes de haricots pour 30.000 DA la tonne. Sa marge bénéficiaire est de 3 DA/kg.
Un autre demi-grossiste dans le quartier de Kouba vend ce produit entre 27 et 275 DA/kg pour un prix d’achat situé entre 258 et 266 DA. Il explique que sa marge bénéficiaire n’excède pas 5% et « celle du commerçant détaillant est en général de 20%, mais peut aller jusqu’à 30% ». Cela expliquerait cette flambée supplémentaire dont se plaignent les ménages. Mais à l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), on nie un tel écart.
« La marge bénéficiaire des détaillants se situe entre 8 et 10% au maximum et celle des grossistes varie entre 4 et 5% », a affirmé le porte-parole de l’UGCAA, Hadj Tahar Boulenouar.
Et s’il reconnaît que les prix au détail varient entre 260 et 320 DA, il dira que cela est dû à l’augmentation des prix sur le marché international et à la hausse de la demande de 15 à 20% en octobre dernier. A cela s’ajoute, selon lui, le fait que l’Algérie importe 80% de ses besoins en haricots secs alors que 20% sont produits localement et le manque d’organisation du réseau de distribution et de marchés de proximité accentue l’écart entre les prix de gros et de détail.
Pour ce diplômé en économie, les prix de gros varient selon deux paramètres essentiels : le climat et l’ouverture des frontières, « car beaucoup d’importateurs des pays voisins viennent s’approvisionner chez nous ». Le chargé de communication au ministère du Commerce, Farouk Tifour, a rappelé que l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) est chargé de l’importation les légumes secs selon les prix du marché international.
Interrogé sur le soutien éventuel des prix des légumes secs, il a signalé que « le décret interministériel signé entre le ministère du Commerce et celui de l’Agriculture permet d’agir en cas de grande pénurie des 44 produits listés à travers l’OAIC ». Pour les autres légumes secs, les lentilles issues du Canada sont cédées entre 65 et 68DA le kilogramme chez les grossistes et entre 150 et 180 DA chez les détaillants. Les pois chiches sont vendus entre 90 et 93 DA/ le kilogramme en gros et jusqu’à 120 DA chez le détaillant.
Fella Midjek