Quelle sera l’ampleur des marches prévues aujourd’hui dans plusieurs villes du Maroc, à l’appel sur Facebook d’un groupe de jeunes Marocains à se rassembler pour une large réforme politique dans le pays, avec le soutien de la jeunesse du mouvement islamiste Justice et bienfaisance et du prince Hicham, le cousin du roi Mohammed VI ?
C’est aujourd’hui que l’on connaîtra l’importance de la crise sociale que vit le Maroc, à travers l’ampleur des manifestations auxquelles ont appelé de jeunes Marocains sur Facebook, dans le cadre d’un mouvement soutenu par quelques milliers de sympathisants en faveur de manifestations pacifiques, pour une “large réforme politique”. Le fait nouveau est incontestablement le soutien apporté à cette démarche par le prince Moulay Hicham El Alaoui, Chercheur à l’université de Stanford, au cours de son passage sur la chaîne d’information France 24.
Pour rappel, Moulay Hicham est le fils du prince Moulay Abdallah, frère du roi Hassan II et de Lamia es-Solh, fille de Riyad es-Solh, ancien Premier ministre libanais. Par sa mère, il est également le cousin germain d’Al-Walid bin Talal d’Arabie saoudite. Il a fait ses études universitaires de mastère à l’université de Princeton et de post-diplôme à l’université de Stanford. Il est communément surnommé le Prince rouge, en raison de son engagement pour une démocratisation du régime politique marocain, qui l’a conduit à critiquer publiquement, à plusieurs reprises, l’institution royale. Ses prises de position, publiées notamment dans le Monde, le Monde diplomatique ou Politique Internationale lui ont assuré une certaine visibilité médiatique, tout en créant des tensions importantes dans sa relation avec Hassan II, puis avec son successeur, Mohammed VI, alors que ce dernier a tenté au début de son règne de rompre avec les pratiques de son père en menant une politique progressive de démocratisation. Pour en revenir aux manifestations d’aujourd’hui, le prince Hicham a déclaré : “J’adhère à toute initiative qui appelle à la démocratisation de notre système politique”, à condition qu’elle soit “pacifique et tolérante”.
Par ailleurs, la jeunesse du mouvement islamiste Justice et bienfaisance a appelé jeudi à participer “pacifiquement” à une manifestation en faveur d’une “large réforme politique” prévue ce jour dans plusieurs villes du Maroc. Un communiqué publié sur le site du mouvement indique : “Nous appelons à la participation et au soutien de toutes les initiatives visant à renforcer l’état de liberté, de dignité et de justice, notamment les manifestations du 20 février.
” Et précise : “Nous insistons sur la nature pacifique de notre participation et appelons tout le monde à la vigilance contre toutes les tentatives de provocation.” Cela étant, des groupes et formations politiques, comme le parti Justice et développement (PJD, opposition islamiste représentée au Parlement), ont depuis appelé à ne pas participer à ces manifestations, craignant des “débordements”.
Dans le but de calmer les esprits, le ministre marocain de la Communication Khalid Naciri a souligné, à plusieurs reprises, que le Maroc “s’est engagé depuis longtemps dans un processus irréversible de démocratie et d’ouverture de l’espace des libertés”. Une vidéo postée lundi dernier sur Youtube et Facebook, mettant en scène quatorze Marocains mécontents de la monarchie, a déjà recueilli plusieurs milliers de signatures pour appeler à manifester à travers le royaume. Si certains vont jusqu’à souhaiter le départ de Mohammed VI, d’autres ont des aspirations plus modérées telles que la mise en place d’une monarchie parlementaire.
Oussama El Khlifi, 23 ans, un des initiateurs de l’appel à la manifestation sur Facebook, a justifié son action en déclarant à “Afrik.com” : “Le Maroc, comme les autres pays, doit accéder à la démocratie. Il fait partie intégrante de l’Afrique du Nord et doit lui aussi lutter. Le régime refuse d’écouter les revendications du peuple. Pourtant, des mesures doivent être prises. Notre message est clair, l’appel du 20 février est un mouvement de jeunes Marocains qui souhaitent accéder à la démocratie. Il appelle à la poursuite des fonctionnaires corrompus. Il est indépendant et ouvert. Toutes les personnes qui le souhaitent, islamistes, de gauche ou libéraux peuvent y participer.”