Le Président tunisien, Mohamed Moncef Marzouki, a affirmé, à la veille de sa visite en Algérie, que les attentes de la Tunisie vis-à-vis de l’Algérie sont «très importantes» et qu’il se déplacera en Algérie avec quelques idées de développement conjoint. Lire ci-dessous l’interview accordée à nos confrères de l’APS.
Monsieur le Président, vous allez effectuer à partir de demain votre première visite officielle en Algérie. Quel sens donnez-vous à cette visite et quel-les en sont vos attentes ?
«Les attentes sont très importantes. Ma visite est symbolique dans la mesure où j’ai vécu avec l’Algérie dans le sang lorsque j’étais enfant. Mon père a été un activiste impliqué dans le soutien à la guerre de libération de l’Algérie. Ensuite, après l’indépendance, dans les années 1960, l’Algérie était devenue un modèle de développement. Dans les années 1980, nous avons suivi toute cette volonté de démocratisation qui a abouti à la «révolution» (démocratique) de 1989 qui a été pour nous un grand exemple.
Ensuite, j’ai vécu comme un drame personnel les événements des années 1990 au cours desquels j’ai perdu deux grands amis, Youcef Fathallah (ex-président de la Li-gue algérienne des droits de l’homme -LADH) et Mahfoud Boucebci (psychiatre, un des fondateurs de la psychiatrie algérienne), tous deux assassinés par le terrorisme. L’Algérie fait partie de moi, de mon histoire personnelle. Heureusement que cette période (du terrorisme) est terminée et que l’Algérie s’en remet. Personnellement, je reprends le rêve de la génération de mon père où tout le monde était maghrébin. Cette génération avait plus de sang maghrébin que nous et, maintenant, il faut reprendre cette maghrébinité. J’espère que nous allons la relancer avec ce nouveau tournant qu’a pris la région du Maghreb après les révolutions de la Tunisie et de la Libye et les transformations qui s’opèrent actuellement en Algérie et au Maroc qui vont plus dans le même sens, celui des réformes et l’ouverture des régimes à la volonté de leur peuple. Tout cela me laisse espérer de remettre le grand Maghreb en marche. Ce sont là nos attentes. Puis, il y a des atten-tes plus locales. Vous savez, nous passons par une très grave crise économique et sociale. Les poches de pauvreté se trouvent essentiellement dans les régions de nos frontières ouest et sud. Nous ouvrir à la Libye est une question, pour nous, importante pour le développement de la région sud, et c’est la même chose pour la région ouest. D’ailleurs, je vais partir en Algérie avec quelques idées de développement conjoint de toute la région de nos frontières ouest. C’est là où il y a beaucoup d’attentes. »
Peut-on comprendre que les traités et accords signés entre l’Algérie et la Tunisie vont être revisités, notamment le Traité de fraternité de concorde, signé au cours des années 1980 ?
« Il y a eu tellement de traités entre l’Algérie et la Tunisie et si peu d’applica- tions. Par exemple, j’ai découvert des choses qui m’ont frappé : des Tunisiens d’ascendance algérienne, de plusieurs générations, nés en Tunisie et dont les parents sont également nés ici et ne connaissent même pas l’Algérie, sont considérés com-me des étrangers. C’est aberrant ! Ce sont des problèmes de vie, de circulation, de propriétés qui ne sont pas réglés. Donc, il faut vraiment, aujourd’hui, mettre une très forte volonté politique pour que les Algé- riens se sentent chez eux en Tunisie et les Tunisiens se sentent chez eux en Algérie. C’est ce que j’appelle la promotion des cinq libertés : la liberté de circulation avec une simple carte d’identité, de travail, d’installation, de propriété, de participation aux élections municipales. Avec ces libertés, nous pouvons donner un très grand coup d’avance à la construction du Maghreb, avec l’espoir d’avoir, par la suite, un vrai parlement maghrébin qui jouit de vrais pouvoirs, une vraie cour constitutionnelle à la lumière du schéma adopté par les Européens. C’est cela notre avenir : des Etats indépendants qui auront de fortes et réelles institutions communes et avec un espace maghrébin ouvert. Ce sont nos propositions pour la relance de l’Union du Maghreb arabe. »
Des efforts sont déployés par des pays du Maghreb et du Sahel pour lutter contre le terrorisme et le grand banditisme dans ces deux régions. Quel con-cours pourrait apporter la Tunisie dans ce contexte, notamment dans le con-trôle des frontières ?
« Les institutions militaires de l’Algérie et de la Tunisie coordonnent de façon étroite leurs actions. Depuis plusieurs années, ces deux institutions sont à pied d’œuvre. Cependant, la nécessité se fait sentir, au niveau des pays maghrébins, de coordonner leurs actions et sécuriser cette région qui est certes menacée par l’infiltration terroriste, en raison de la particularité géographique de cette région vaste et désertique. Pour nous, il ne s’agit pas seulement d’ouvrir l’espace maghrébin, dans le cadre de l’Union du Maghreb arabe, mais également de sécuriser notre région. Ceci demande une coordination sécuritaire, et la Tunisie est disposée à le faire avec l’Algérie. »
Vous avez demandé récemment aux ministres tunisiens de la Justice et de l’Intérieur d’accélérer le traitement et la régularisation de la situation administrative de 15 000 Algériens établis en Tunisie qui souffrent d’instabilité. Le processus a-t-il déjà commencé ?
« Le processus a déjà commencé et je le suis personnellement. Le dossier est sur mon bureau. Mon conseiller diplomatique est chargé de suivre cette affaire. Vous connaissez les problèmes de la bureaucratie, mais je peux vous assurer que la volonté politique va être plus forte que la résistance de la bureaucratie. Nous sommes absolument décidés à régler ces problèmes. Au courant de cette année, tout sera réglé. »
La question du Sahara occidental n’a pas encore connu le règlement tel que préconisé par les résolutions du Conseil de sécurité de l’Onu appelant à une solution juste qui prenne en compte l’autodétermination du peuple sahraoui. A l’heure des révolutions arabes, le moment n’est-il pas propice pour rendre justice au peuple sahraoui ?
« Quand vous avez un obstacle que vous ne pouvez surmonter, il faut le contourner. Moi, j’appelle à contourner cet obstacle, c’est-à-dire continuer à organiser le Maghreb avec les cinq libertés, continuer à discuter et laisser ce problème, pour le moment, entre parenthèses, le laisser à l’Onu qui s’en est emparé. Je ne dirais pas que ce problème n’existe pas.
Il existe, et nous ne pouvons pas fermer les yeux. Mettons ce problème entre parenthèse pendant un certain temps mais avec l’idée que si nous avançons vraiment sur le plan de la circulation et de l’installation des personnes, il y aura nécessairement toute une mentalité nouvelle, une nouvelle approche psychologique et un état d’esprit nouveau qui va s’installer dans le Maghreb et, curieusement, ceci va avoir un effet rétroactif positif chez l’ensemble des partenaires, y compris chez les Sahraouis. Je pense que dans ce nouvel élan, cette nouvelle mentalité, nous allons avoir beaucoup de facilités pour régler ce problème. Si on se dit : on ne fait le Maghreb que si on règle cette question, le Maghreb ne se fera jamais».
Une année après la révolution, beaucoup de défis se présentent à la Tunisie acte II : attentes socioéconomi-ques de la population, la relance de l’économie, l’indépendance des médias, interrogations des femmes. Comment, Monsieur le Président, le gouvernement tunisien compte-t-il prendre en charge ces défis et quelles sont vos priorités tout en prenant en considération le facteur temps ?
« Laissez-moi vous rappeler que nous avons fait l’essentiel du travail. Regardez, il y a beaucoup de pays où les problèmes socioéconomiques sont dix fois plus importants que ceux de la Tunisie, parce que la problématique politique n’a pas été résolue. Or, nous, nous avons fait ce travail. Nous avons fait des élections libres et honnêtes, des institutions qui ne sont pas du tout remises en cause.
Nous avons un gouvernement légitime, un Président légitime, etc. Donc, nous avons mis en place les bases fondamentales pour la solution des problèmes socioéconomiques. C’est une chose très importante, et nous l’avons fait à un coût très très faible, comparativement à d’autres révolutions. Les Tunisiens ne se rendent pas compte de l’importance de ce qui a été résolu et de tout ce qui a été fait. Le monde entier devrait aussi comprendre que nous avons fait quasiment quelque chose de miraculeux. Maintenant, reste à parcourir la moitié du chemin pour la résolution des problèmes socioéconomiques. Nous sommes décidés à le faire et nous avons beaucoup de cartes pour la réussite de ce défi. D’abord, il n’y aura plus jamais en Tunisie un Etat corrompu. La corruption était le fléau le plus dangereux et le plus nocif au pays.
En parallèle, l’administration est en train de retrouver sa vitalité et sa place. Nous avons une population éduquée (instruite) et beaucoup de ressources humaines. Donc, nous avons beaucoup de cartes, en plus d’un régime politique maintenant stable et légitime. Mais nous avons, aussi, beaucoup de handicaps. Nous sommes en train de gérer, en même temps, le legs de la dictature et celui de la révolution. Le legs de la dictature, c’est la destruction de l’ensemble des systèmes sociaux, du système éducatif, du système judiciaire, du système sécuritaire. Tous ces systèmes sont littéralement gangrénés par la corruption et l’incompétence. Ensuite, nous avons le legs de la révolution. Pendant une année, évidemment avec l’agitation, le tourisme a sombré, des usines ont fermé, etc. Maintenant, nous sommes en train de rebâtir sur des décombres et cela va être difficile et compliqué. Dans ce contexte, la situation internationale n’est pas bonne. Nous espérons que la Libye, un pays qui est une bouffée d’oxygène pour nous, se stabilise très rapidement. La Libye peut absorber plus de 150 000 chômeurs tunisiens. Vous avez également la crise de l’euro en Europe avec la décroissance, donc l’environnement international n’est pas très bon. Nous devons négocier un développement social et économique dans le cadre de toutes ces difficultés. 2012 va être, pour nous, une année difficile, d’autant plus que le peuple est extrêmement impatient. Il attend beaucoup de choses, il veut voir tout de suite le fruit de la révolution mais, malheureusement, pour le moment, il ne voit rien venir. »
Vous avez considéré, récemment, les grèves et les sit-in d’actions suicidaires. Dans ce contexte, vous avez proposé un pacte définissant et déterminant les droits et devoirs de chacun vis-à-vis des revendications socioéconomiques. Pouvez-vous nous donner plus de détails ?
« En effet, les sit-in bloquaient les entreprises et ont eu des conséquences néfastes pour notre économie. Ceux de Gafsa nous ont fait perdre plus d’un milliard de dinars tunisiens (environ 480 millions d’euros), notamment dans le secteur minier, considéré com-me une des principales ressources de la Tunisie. Cette situation a bloqué l’exportation du phosphate et, par conséquent, les recettes ne rentraient pas dans les caisses de l’Etat, en plus du fait que des usines ont été contraintes de fermer. Ce sont des actions suicidaires. Heureusement, l’opinion nationale commence à comprendre la gravité de ces actions et devient plus en plus contre ces sit-in anarchiques. Nous disons que le droit de manifester est garanti, mais il ne faut pas couper la route à la circulation, ni bloquer le fonctionnement d’une entreprise, sinon c’est un suicide collectif.
Ce phénomène commence à disparaître progressivement, et le gouvernement tunisien a l’intention d’appliquer la loi par la force pour certaines personnes qui ne se soucient guère de l’intérêt général. Ces comportements ne sont acceptables dans aucun pays, même dans les démocraties. Nous ne les acceptons plus jamais. Nous avons tenté, tout au début, de dialoguer avec ces personnes pour comprendre la logique de la plupart des manifestants qui sont certes dans un état criant de pauvreté et dans le besoin total. Vous ne pouvez pas, au début, utiliser la force et la violence contre des personnes qui sont dans une situation de dé- sespoir. Il faut non seulement les convaincre, mais leur donner aussi des alternatives et c’est ce que nous sommes en train de faire. Mais, les choses commencent progressivement à se tasser et à devenir normales».
Sur le plan politique, vous avez toujours refusé qu’on présente la Tunisie comme un pays tombé entre les mains de l’islamisme. Pensez-vous que cela est une vision partielle ou partiale ou les deux ?
« Ecoutez, lorsqu’on dit que la Tunisie est devenue un Etat islamiste, marchez dans les rues et regardez vous-même si cela est vrai. Avez-vous constaté une police islamiste obligeant les femmes à mettre le fou- lard ? C’est quoi un Etat islamiste ? La Tunisie est un pays démocratique, les droits de l’homme et ceux de la femme sont respectés. Le Président de la République est un homme qui n’appartient pas du tout à la mouvance islamiste, le président de l’Assemblée constituante n’appartient pas à cette même mouvance.
Il y a un chef du gouvernement islamiste, mais aujourd’hui, nous som-mes dans un régime où la Constituante est la source du pouvoir. Ceux qui gouvernent le pays émanent d’une coalition entre deux partis : l’un, laïque modéré et l’autre, islamiste modéré. Ils gouvernent pour maintenir la démocratie, les droits de l’homme et les libertés publiques. Si vous trouvez là que c’est un Etat qui ressemble à l’Iran, moi je ne le vois pas du tout».
Edification du grand Maghreb
Stabilité, coopération et prospérité, piliers de la relance de l’UMA
Le processus de construction de l’Union du Maghreb arabe (UMA) occupe de nouveau le devant de la scène politique et médiatique à la faveur de la détermination affichée par les hauts dirigeants des pays maghrébins à consacrer cet ensemble régional dans toutes ses dimensions. La volonté de l’Algérie de conférer à l’édifice maghrébin sa pleine signification a été réaffirmée depuis Tunis le 14 janvier dernier, par le Président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika. Le Chef de l’Etat avait notamment mis l’accent sur la détermination de l’Algérie à «poursuivre dans le strict respect de la légalité internationale les efforts de relance et de changement afin de faire de notre région un espace où régneront stabilité, coopération et prospérité».
«Nous saluons les étapes franchies par la démocratie dans notre grand Maghreb arabe tout en étant convaincus qu’elles sont susceptibles d’ouvrir la voie devant la relance de l’édification de l’Union maghrébine», avait notamment déclaré le Président Bouteflika. Les prémices de cette relance ont été, en outre, mises en relief par la réactivation des relations algéro-marocaines, perceptible ces derniers mois à travers la multiplication des visites à Alger et Rabat de délégations minis- térielles et d’hommes d’affaires marocains et algériens. La relance de l’UMA ne peut être effective sans passer par «l’incontournable redynamisation» de la coo- pé- ration multisectorielle entre l’Algérie et le Maroc, soutiennent les observateurs qui considèrent, de plus, que la qualité des relations entre les deux pays représente «le socle» autour duquel s’articule l’édification de l’ensemble maghrébin.
Le ministre des Affaires étrangères marocain, M. Saad Eddine El Othmani, qui avait effectué une visite officielle de deux jours à Alger, a notamment souligné la nécessité de dépassement des «obstacles» au développement des relations politiques et économiques à tous les niveaux (avec l’Algérie), qui constitue la «priorité des priorités» pour son pays. Il a de plus précisé que des canaux de dialogue «transparents» seront ouverts entre les deux pays concernant les «points de divergence».
Le chef de la diplomatie marocaine a indiqué qu’il a été convenu de tenir des réunions semestrielles d’évaluation de la coopération, et soutenu la mise en place d’un mécanisme de suivi au niveau des deux gouvernements ainsi que le «réchauffement» au courant de cette année de la haute commission de coopération algéro-marocaine après 17 années d’inactivités.
Il s’agit, dans cet ordre d’idées, d’examiner au fur et à mesure toutes les questions bilatérales qui posent problème aux relations entre les deux pays et de les solutionner en préservant leurs intérêts réciproques et de les inscrire dans le processus de relance de l’UMA. Cette démarche des autorités algériennes et marocaines reste «tributaire» toutefois du traitement de la question du Sahara occidental, dont la solution est inscrite dans les résolutions des Nations unies, et de la réouverture des frontières terrestres entre l’Algérie et le Maroc, soutiennent plusieurs experts des dossiers maghrébins. Les dirigeants libyens, tunisiens et mauritaniens ont également affiché leur entière disposition à s’inscrire dans une nouvelle dynamique visant à soutenir la construction de l’UMA. Le Président tunisien, M. Moncef Marzouki, avait ainsi estimé que l’ouverture de cet espace aux libertés de circulation, de séjour, de propriété et de travail en tant que «libertés essentielles» était essentiel pour faire face à la crise économique «asphyxiante» pour tous les peuples du Maghreb. La relance de l’UMA constitue de fait une préoccupation majeure des dirigeants maghrébins compte tenu des avantages multisectoriels que peuvent en tirer les pays de la région. La rencontre des ministres maghrébins des Affaires étrangères, le 18 février prochain à Rabat, participe de cet objectif d’autant que l’ordre du jour de cette réunion devrait porter sur l’examen des mécanismes à mettre en œuvre pour assurer une renaissance «pleine et entière» à cette Union.
L’amorce d’une nouvelle approche dans les relations
La visite officielle du Président Mohamed Moncef Marzouki à Alger annonce le départ d´une nouvelle ère dans les relations fraternelles qui ont toujours uni les peuples algérien et tunisien.
Des relations fondées sur l´appartenance à un même ensemble géographique, sur l´histoire commune et sur la solidarité sans faille face aux événements passés et présents. Mais plus que ces aspects objectifs qui font une seule et même nation, ce sont les aspirations communes à la consolidation d´une société démocratique, des libertés politiques et civiles et de respect strict des droits de l´homme qui distinguent, aujourd´hui, ces nouvelles relations.
C´est toute la symbolique que représente la visite en Algérie du premier Président tunisien démocratiquement élu. Dans un pays frère et voisin où l´expérience démocratique, vieille de plus de deux décennies, se poursuit, s´approfondit et consacre les bases d´un véritable Etat de droit, la visite d´un dirigeant maghrébin en Algérie revêt toujours une signification politique particulière.
D´autant que celle qu´entreprend le Président tunisien à Alger intervient au lendemain de la convocation du corps électoral par le Président de la République, en vue des législatives du 10 mai prochain, maintenant que les bases juridiques des réformes annoncées en avril dernier sont jetées.
Des bases solides qui viennent consolider le processus démocratique global engagé au Maghreb, conformément aux légitimes aspirations de ses peuples. Le Président Abdelaziz Bouteflika avait donné le ton aux nouvelles relations algéro-tunisiennes en prenant part, le mois de janvier dernier, à la commémoration du premier anniversaire du printemps tunisien. Ce fut un acte de solidarité sans faille avec le peuple tunisien frère. Ce fut un message fort, dosé d´un sens profond de fraternité et de solidarité avec ce pays qui vient de surmonter une douloureuse épreuve pour s´en- gager dans un processus démocratique, certes encore long mais qui apporte déjà ses fruits puisque le pays a retrouvé sa stabilité politique. Tout comme ils ont partagé la douloureuse épreuve que ce pays frère a traversée pendant de longs mois, les Algériens se réjouissent aujourd’hui sincèrement de voir leurs frères tunisiens engagés résolument et durablement vers la concrétisation de l´idéal démocratique commun à tous les Maghrébins.
Durant son escale de Rabat, le Président Merzouki a plaidé pour l´accélération de la mise en œuvre du projet maghrébin. Un ensemble où, dit-il, les citoyens des cinq pays de l´UMA «peuvent circuler librement, y travailler, investir et participer à la vie des municipalités de leur lieu de résidence». C´est exactement le projet que défend l´Algérie, à la réalisation duquel elle n´a jamais cessé de croire et d´œuvrer activement pour qu´il devienne réalité.
Cet attachement au projet commun, l´Algérie l´a soutenu même durant la difficile épreuve de la «décennie noire» qu´elle a connue, et alors durant sa mise en quarantaine internationale.
Elle avait plaidé pour un partenariat conjoint de tous les pays du Maghreb avec l´Union européenne, et non pas, hélas, comme ce fut le cas, des initiatives séparées des gouvernements pour la conclusion d´accords d´association. L´Algérie s´emploie activement à une action concertée des pays de l´UMA dans leurs relations avec leurs partenaires étrangers. Pour cela il faut un Maghreb solidaire, déterminé, fort et uni.
Un espace d´où tous les obstacles qui sont de nature à entraver ou à retarder son processus de construction et d´intégration soient levés. Dans le seul souci de rendre irréversible l´intégration économique de la région où prévalera l´intérêt commun sur les intérêts particuliers des Etats. Une région qui doit poursuivre ses efforts pour la mise en place de véritables Etats de droit.
B.H.