La cérémonie d’investiture du président Bouteflika, élu pour un troisième mandat, a été marquée autant par la présence de Ahmed Ben bella, Chadli Bendjedid et Ali Kafi, que par la défection de Liamine Zeroual. Tous ont présidé, à des périodes différentes, aux destinées de la nation.
La cérémonie de prestation de serment du président de la République, élu au scrutin du 9 avril dernier, qui s’est déroulée hier au Palais des nations du Club-des-pins, n’avait d’exceptionnel que la présence de trois anciens chefs d’État aux côtés du titulaire du troisième mandat. Ahmed Ben Bella (1963-1965), Chadli Bendjedid (1978-1992) et Ali Kafi (1992-1994 en tant que président du haut-conseil de l’État) étaient vraisemblablement les invités surprise avec qui le staff organisateur n’avait pas compté. Au départ, un fauteuil cossu en velours gris, destiné au président de la République en début de mandat, trônait au milieu de la tribune sur laquelle étaient aménagés deux pupitres.
Au moment de l’arrivée du président Bouteflika au Palais des nations, un branle-bas de combat commence du côté des maîtres de cérémonie. On enlève précipitamment le fauteuil pour le replacer par quatre sièges rouges, devant lesquels deux tables basses sont posées. À l’entrée, dans la salle de conférences, du premier magistrat du pays, accompagné de trois de ses prédécesseurs, le changement de décor trouve son sens au regard de l’assistance. L’absence de Liamine Zeroual, qui a présidé aux destinées du pays de 1994 à 1998, est fortement commentée sans qu’on lui donne une explication vérifiée.
Le lauréat du concours Forsane El-Qoran, récite des versets du Livre saint. Le premier président de la Cour suprême, Kaddour Berradja, invite, ensuite, le chef de l’État élu à prêter serment conformément à l’article 75 de la Constitution qui stipule que « le président de la République prête serment devant le peuple en présence de toutes les hautes instances de la nation, dans la semaine qui suit son élection ». La main droite posée sur le coran, Abdelaziz Bouteflika a prononcé les termes du serment tels qu’énoncés dans l’article 76 de la loi fondamentale. Le rituel n’est pas inédit pour lui. Il l’accomplit pour la troisième fois, devant quasiment les mêmes invités, triés sur le volet.
À la cérémonie d’investiture, étaient conviés les membres du gouvernement, les présidents des plus hautes institutions de l’État (Conseil constitutionnel, Cour suprême, Parlement avec ses deux chambres…), ainsi que des gradés supérieurs de l’institution militaire à la retraite (général Lamari, assis à côté du général Betchine ainsi que le général Touati) ou en activité, des ambassadeurs accrédités à Alger, des walis, le secrétaire général de l’UGTA Abdelmadjid Sidi-Saïd, le directeur général d’Air Algérie, celui des douanes algériennes, des parlementaires, des chefs de file d’associations et de la société civile, des hommes d’affaires, des patrons de la presse privée et publique… et évidemment les artisans de la campagne électorale du président-candidat.
Moussa Touati, Djahid Younsi et Mohand Oussaïd Belaïd, candidats malheureux de la présidentielle 2009, ont également fait le déplacement jusqu’au Palais des nations par une journée particulièrement pluvieuse. Fawzi Rebaïne et Louisa Hanoune, autres recalés du scrutin du 9 avril ont, a contrario, décliné l’invitation. Si le numéro 1 de Ahd 54 avait déjà boudé la cérémonie d’investiture du président Bouteflika en 2004, c’est une première pour Louisa Hanoune qui avait reçu, à l’époque en sa présence, les louanges de l’élu de la nation pour avoir mené une campagne électorale « à la hauteur ». Il semblerait que l’unique candidate à la présidentielle n’a pas apprécié qu’elle soit créditée d’à peine 4% des 14 millions de suffrages exprimés, totalisant un peu plus de
600 000 voix. Au lendemain de l’annonce des résultats du vote par le ministre d’État, ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Yazid Noureddine Zerhouni, elle avait dénoncé la fraude qui a entaché, selon elle, le scrutin.
Le chef de l’État fait un bref discours à la nation, dès que la Garde républicaine entonne le dernier couplet de l’hymne national. Il assiste ensuite à la collation donnée en l’honneur de son investiture, avant de se diriger vers le cimetière El-Alia pour déposer une gerbe de fleurs au carré des martyrs de la nation.