WASHINGTON – Le président américain Barack Obama a évoqué mercredi un projet américain pour l’établissement d’un réseau de partenariats de lutte contre le terrorisme allant des pays de l’Asie du Sud jusqu’à la région du Sahel, en soutenant qu’une stratégie consistant à envahir les pays qui abritent des réseaux terroristes est à la fois »naïve » et »insoutenable ».
Dans son discours annuel sur la politique étrangère des Etats-Unis prononcé à l’académie militaire de West Point (New York), le chef de la Maison-Blanche a indiqué avoir chargé récemment son équipe du Conseil de sécurité nationale d’élaborer un plan pour un réseau de partenariats allant de l’Asie du Sud au Sahel.
Faire face aux menaces terroristes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord
Rappelant sa décision annoncée la veille sur le retrait des forces de combat américaines en Afghanistan et le maintien d’effectifs militaires consacrés uniquement à l’entraînement des forces afghanes, M. Obama a avancé que cette mesure devrait »permettre d’aborder plus efficacement les menaces terroristes émergentes dans le Moyen-Orient et en Afrique du Nord ».
Dans ce sillage, il a indiqué qu’il allait demander le soutien du Congrès pour la création d’un Fonds de partenariats de lutte contre le terrorisme allant jusqu’à 5 milliards de dollars pour former et équiper des pays partenaires contre le terrorisme en citant les cas de la Libye et du Mali.
»Ces ressources nous donneront la flexibilité nécessaire pour remplir de différentes missions dont l’entraînement des forces de sécurité au Yémen qui sont passées à l’offensive contre Al-Qaïda, le soutien à une force multinationale pour maintenir la paix en Somalie, le travail avec les alliés européens pour former en Libye des forces de sécurité et une police des frontières opérationnelles, ou encore l’aide aux opérations militaires françaises au Mali », a-t-il fait savoir.
Affirmant que le terrorisme demeurait »la menace la plus directe » contre les Etats-Unis que ce soit sur son territoire ou à l’étranger, M. Obama a admis qu’une stratégie qui consiste à envahir tous les pays qui abritent des réseaux terroristes était »naïve et insoutenable ».
Une stratégie américaine anti-terroriste orientée vers le partenariat
En s’appuyant sur les expériences en Irak et en Afghanistan, a-t-il insisté, la stratégie américaine de lutte contre le terrorisme devrait changer pour aller vers »un partenariat plus efficace avec les pays où les réseaux terroristes cherchent à s’implanter ».
Il a expliqué que la principale menace, aujourd’hui, ne vient plus d’une direction centralisée d’Al-Qaïda mais plutôt de branches et d’extrémistes décentralisés de cette organisation et dotés, pour la plupart, d’agendas d’opérations terroristes axés sur les pays où ils opèrent. »Nous avons besoin d’une stratégie qui correspond à cette menace diffuse mais sans envoyer des forces (dans les pays concernés) ou attiser des ressentiments des populations locales », a-t-il précisé.
Par ailleurs, face aux critiques de ses adversaires républicains qui préféreraient le voir opter pour une approche plus musclée dans les conflits actuels tels ceux de la Syrie ou de l’Ukraine ou dans le dossier du nucléaire iranien, M. Obama a relevé l’importance des options non militaires ainsi que de l’action collective internationale pour relever les défis de la politique étrangère dans le monde en prônant un »juste équilibre » entre l’isolationnisme et un interventionnisme excessif des Etats-Unis.
En effet, a-t-il rétorqué à ses détracteurs dont il critique les appels systématiques à une action militaire comme remède à toutes les crises, »ce n’est pas parce que nous avons le meilleur marteau que chaque problème doit être perçu comme un clou ».