Le président Barack Obama aurait rejeté les avis des juristes du Pentagone et du département de la Justice en décidant de continuer les opérations militaires en Libye sans l’autorisation du Congrès, selon des responsables américains cités par le New York Times.
La poursuite de la guerre en Libye fait l’objet d’un bras de fer entre le président américain et le Congrès lequel revendique l’application de la loi de 1973 relative aux pouvoirs de guerre, qui stipule que sans autorisation du Parlement, un retrait des troupes militaires doit être entamé après 60 jours, délai qui pourrait être prolongé de 30 autres jours pour terminer les opérations de retrait. Or, ce délai de 90 jours expirera dimanche 19 juin.
Face aux protestations des parlementaires et à leur tête le président républicain de la Chambre des représentants, John Boehner, le gouvernement d’Obama a transmis mercredi dernier aux élus un rapport pour démontrer que le président avait agi de plein droit, en conformité avec la constitution et la loi.
Dans son argumentaire, la présidence américaine a fait valoir que des « opérations militaires limitées » comme celles entreprises en Libye ne sont pas assimilées à des « hostilités » telles que définies par la loi de 1973, ajoutant que « les forces américaines jouent un rôle limité et de soutien dans une coalition internationale ».
Mais cet avis n’est pas partagé par l’avocat principal du Pentagone et le Bureau des avocats du département de la Justice, qui ont affirmé à la Maison Blanche que les opérations menées par l’armée américaine dans la guerre dirigée par l’OTAN en Libye sont bel et bien des « hostilités ».
Mais M. Obama a finalement opté pour l’analyse juridique de membres de son équipe juridique à la Maison Blanche et au département d’Etat, lesquels ont jugé que ces opérations ne correspondent pas à des « hostilités ».
Sous ce point de vue, ont-ils argué, le président Obama n’avait donc pas besoin de l’autorisation du Congrès pour continuer la mission. Mais le président de la Chambre des représentants ne l’entend pas de cette oreille: « La Maison Blanche dit qu’il n’y a pas d’hostilités en cours (en Libye) ».
Pourtant, nous menons des attaques de drones. Nous dépensons 10 millions de dollars par jour et nous faisons partie d’une opération pour lâcher des bombes sur les complexes d’El Gueddafi ».
Dans son éditorial du samedi, le Washington Post a estimé que le problème dans la loi sur les pouvoirs de guerre est que ce texte ne définit pas clairement les « hostilités », laissant un vide que M. Obama a exploité.
Dans son rapport, la Maison Blanche a indiqué que les coûts engagés par les Etats-Unis pour leurs opérations militaires et humanitaires en Libye ont atteint un montant de 715,9 millions de dollars du 19 mars au 3 juin, avant de passer à 1,1 milliard d’ici à la fin septembre prochain.