Le président Moncef Marzouki «Le salafisme armé sera combattu»

Le président Moncef Marzouki «Le salafisme armé sera combattu»

«Le salafisme armé sera combattu»

Le président tunisien Moncef Marzouki affirme, dans un entretien au journal El Khabar , œuvrer à éviter une bipolarisation politique entre islamistes et laïcs. Dans sa conception, la collégialité au pouvoir doit réunir les modérés des deux bords. Aussi plaide- t-il pour le maintien de la cohabitation actuelle, tout en combattant les salafistes radicaux.



Le choix de la voix médiane, imposé, il faut le dire, par les contingences et la réalité politique post-révolution dite du jasmin, est, dans le raisonnement de Marzouki, le seul à même d’épargner à la Tunisie de renouer avec les pratiques dictatoriales du passé. Pour lui, la bipolarisation de la vie politique entre, d’un côté, les islamistes et, de l’autre, les laïcs renverrait inéluctablement la Tunisie à la situation des années 1990, un gouvernement laïque qui mettrait les islamistes en prison ou, à l’inverse, un gouvernement islamiste qui mettrait des laïcs en prison. Naïvement, peut-être, le président tunisien croit tenir la bonne formule pour éviter à son pays une dérive totalitaire. Il semble toute confiance en Ennahda dont le gouvernement qu’il contrôle pourtant n’a pas hésité un seul instant passer outre son autorité et livrer, sans aucune forme de procès, l’ancien chef du gouvernement sous Kadhafi, Mohamed El Baghdadi, aux autorités libyennes d’après guerre qui le réclamaient. Moncef Marzouki revient d’ailleurs sur cet épisode et révèle, pour la première fois, qu’il avait songé à remettre le tablier.

«La seule fois où j’ai décidé de démissionner, et j’ai écrit ma démission, c’était quand le gouvernement tunisien avait remis l’ancien chef du gouvernement sous Kadhafi, Mohamed El Baghdadi, aux autorités libyennes. Je considérais que la décision était une atteinte à mon honneur et à l’honneur de la Tunisie. J’ai écrit ma démission mais mon entourage m’a convaincu d’y renoncer. J’ai pris un repos de 48 heures et puis les choses sont rentrées dans l’ordre.» Plus tard, la cohabitation entre Ennahda et Marzouki n’a pas été une suite d’événements heureux. Marzouki avoue que convaincre Ennahda de se départir des ministères de souveraineté était une entreprise laborieuse. Mais il a aussi la crainte de voir l’opposition surenchérir davantage sur d’autres questions. Marzouki soutient tout faire pour que le processus électoral reprenne normalement. Il table sur des présidentielles en septembre 2013 et des législatives le mois d’après et, auparavant, sur le vote d’une Constitution en avril.

Le courant salafiste peut provoquer d’importants désagréments

L’avènement du courant salafistes sur la scène politique tunisienne est appréhendé avec une certaine crainte par Marzouki. Ce dernier considère néanmoins qu’il n’est pas un danger pour l’Etat ou la société. «Le courant salafistes peut provoquer d’importants désagréments mais ne peut pas constituer un danger pour l’Etat ou la société», affirme Marzouki, expliquant qu’«en ayant mis fin à Ennahda en tant que mouvement islamiste modéré et pacifiste, Ben Ali a ouvert le voie à des forces islamistes qui se sont entraînées en Afghanistan avant de revenir en Tunisie». Le président tunisien affirme, cela dit, qu’il veut dialoguer avec le courant traditionnel et le courant réformateur, tout en combattant le courant salafiste armé, dans le cadre de la loi. Marzouki a fait part d’une parfaite coordination sécuritaire avec l’Algérie et d’une entente politique tout aussi parfaite. Au point d’ailleurs que la Tunisie pensé demander à l’Algérie de lui prêter de l’argent.

S. A. I.