La situation du secteur de la pêche est «catastrophique », gangrenée par «une maffia», selon le président du Comité national des marins pêcheurs, Hocine Belout.
Hier, au siège de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), et lors d’une conférence de presse, le président du comité a tiré la sonnette d’alarme face aux problèmes qui minent le secteur depuis des décades. Telle une liste à la Prévert, Hocine Belout, qui est également membre du conseil de l’UGCCA, a dénoncé une série de difficultés dont la tutelle, le ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques, est au courant, note-t-il. Outre l’absence d’un statut pour les marins pêcheurs, revendiqué dès 2005 mais toujours attendu, Hocine Belout a déploré une mauvaise gestion dans la plupart des ports de pêche, au nombre de 31 structures, en termes notamment d’abus managériaux, absence de sécurité (notamment à Bouharoun, dans la wilaya de Tipasa) et d’hygiène… En ce sens, le président du comité corporatif a estimé que la dissolution des Ecorep a constitué une mesure catastrophique, déplorant la fermeture de plusieurs poissonneries. Comme l’hôte de l’UGCAA n’a pas manqué de relever l’absence de prise en charge médicale efficace des marins pêcheurs, au nombre de 54 000 actuellement. Dans ce contexte, Hocine Belout, qui a indiqué que 37 marins ont été victimes d’accidents depuis 1962, a mis en avant la nécessité de renforcer le dispositif d’alerte et de respecter les bulletins météorologiques spéciaux, en rapport aux pêcheurs disparus récemment en mer. Comme le président du Comité national des marins pêcheurs a mis en exergue l’impact de la pollution, provoquée essentiellement par les déversements de produits toxiques par les entreprises industrielles, sidérurgiques et même Sonatrach. De même, Hocine Belout a relevé l’invasion des côtes algériennes par une algue «tueuse» qui provoque l’extinction de plusieurs espèces de poissons, au nombre de 11, dont le mérou. L’occasion également de dénoncer le non-respect des dispositions relatives à la taille marchande, le repos biologique et l’abandon des casiers en bois. A ce sujet, il a indiqué qu’à l’exception du port d’Alger, l’utilisation du casier en bois continue dans les autres structures. Evoquant, par ailleurs, la contrebande de corail rouge, un produit de large spéculation, l’utilisation abusive des filets dérivants ainsi que des explosifs, la «sellaâ», le représentant de la corporation des marins a clairement dénoncé la mainmise d’«une maffia» sur ce secteur. A ce propos, Hocine Belout, qui se déclare «menacé» à cause de ses dénonciations récurrentes et parce qu’il a «touché à des intérêts», constate que cette «maffia» domine le marché et fixe elle-même les prix du poisson, encourageant de facto les tromperies commerciales, le manque d’hygiène et autres errements du circuit commercial. Et ce, dans le contexte où la production halieutique nationale peine à contrecarrer l’importation de poissons congelés, le conférencier citant un volume de 400 000 tonnes importées annuellement. Mais aussi un ratio de consommation de l’Algérie qui est très faible a contrario des données officielles et comparativement aux pays voisins maghrébins et européens. Voire, le président du Comité national de la pêche estime que c’est cette maffia qui a profité du plan de relance impulsé depuis quelques années, et non les professionnels. Dans cet ordre d’idées, Hocine Belout a estimé que «des sommes colossales ont été détournées», évoquant des surfacturations sans apporter toutefois de précisions. Dans ce contexte, il estime que l’accompagnement bancaire, celui de la Banque de l’agriculture et du développement rural (BADR) essentiellement, ainsi que les dispositifs de soutien à la création d’emplois (Ansej et autres) restent à parfaire. Et le président du Comité national de la pêche d’en appeler donc à remédier à cette grave situation, estimant que tout le monde est concerné. Clairement mécontent de la gestion précédente du secteur, Hocine Belout a cependant relevé la disponibilité du nouveau ministre de tutelle qui l’a reçu récemment, à l’écoute, à vouloir «redynamiser» le secteur et à régler les problèmes de manière progressive.
C. B.