Finalement, le président du Conseil national de transition libyen, Mustapha Abdeldjalil, est venu à Alger où le protocole mis en place a été celui d’un chef d’Etat
Attendu depuis décembre, mais beaucoup plus depuis les déclarations de M. Medelci sur sa visite prochaine en Algérie, notamment pour mettre à plat certains malentendus nés de la guerre contre le régime de Kadhafi par les révolutionnaires libyens, M. Abdeldjalil a fini par rencontrer à Alger les responsables algériens.
Bien évidemment, au-delà des questions de coopération protocolaire, comme le commerce, l’énergie ou la santé, ce sont les questions de sécurité, de circulation des armes et de groupes armés aux frontières ainsi que, bien sûr, le cas de la famille Kadhafi à laquelle l’Algérie avait donné refuge.
En fait, la visite du N°1 libyen à Alger décrispe autant les relations entre les deux pays à un moment où les soutiens euro-américains des «Thowars» se sont évaporés depuis la fin dramatique du leader libyen, que la relance d’un processus de coopération autour de thèmes nouveaux, comme la sécurité aux frontières et la gestion du dossier de la famille Kadhafi.
Dimanche, au premier jour de la visite du président du CNT, accompagné par une forte délégation libyenne, la coopération bilatérale et les questions de sécurité aux frontières entre les deux pays ont été au centre des entretiens entre le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci, et M. Salem Messaoud Kenane, membre du Conseil national de transition (CNT) libyen.
Dans une déclaration, le ministre des Affaires étrangères, M. Medelci, avait relevé l’existence d’une «forte volonté politique» et d’une «vision claire» chez les deux parties pour développer la coopération bilatérale, indiquant que la visite de M. Abdeldjallil en Algérie permettra «d’ouvrir de nouveaux horizons » à cette coopération dans différents domaines. De son côté, M. Kenane a rappelé les relations profondes qui lient l’Algérie et la Libye.
Ces relations «historiques et séculaires », a-t-il dit, «ne cessent de se renforcer au fil du temps». «Nous voulons construire de nouvelles relations avec l’Algérie et pour cela, nous oeuvrons à la relance d’une coopération bilatérale constructive et fructueuse», a indiqué M. Kenane.
La Libye «apprécie et comprend les positions humanitaires de l’Algérie qui a accueilli des membres de la famille Kadhafi», a précisé M. Kenane. Hier, à la fin de ses entretiens avec le président Bouteflika, M. Abdeldjalil a indiqué à la presse avoir évoqué ce sujet avec le président algérien.
Au-delà du caractère humanitaire de ce dossier, «nous respectons la position humanitaire de l’Algérie qui accorde l’asile à des femmes et des enfants, mais nous sommes convaincus que l’Algérie n’accordera pas le statut de réfugiés à ceux qui menacent la sécurité de la Libye», a notamment souligné Abdeldjalil, précisant que «nous sommes arrivés à la conclusion que tous ceux qui menacent la sécurité de la Libye n’auront pas de place en Algérie».
Il a également souligné que «des conventions juridiques sont prévues à cet effet concernant les personnes qui feront l’objet de poursuites pénales». Par ailleurs, la menace que font peser sur la sécurité et la stabilité de la région les groupes terroristes d’Aqmi, ainsi que la collaboration entre les deux pays pour lutter contre cette menace a été l’un des points majeurs des discussions entre Alger et Tripoli.
Un communiqué de la Présidence avait souligné que la situation sécuritaire de la région serait discutée, notamment une concertation «sur les derniers développements survenus dans la région à la lumière des récents évènements». Le communiqué d’Alger fait, en fait, référence aux derniers développements survenus au Nord-Mali, où pratiquement toutes les villes ont été prises par les groupes d’Aqmi, alliés de circonstance avec la rébellion touareg. Avec des armes de guerre en provenance de Libye.
Yazid Alilat